Chapitre 32: Le choix de Violette

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Son récit terminé, d'une main tremblante, Violette décrocha la photo du tableau. Malgré sa tristesse, un sourire illumina, l'espace de quelques instants, ses lèvres desséchées par son long monologue. May n'avait pas prononcé un mot depuis plus de dix minutes. Elle s'était contentée d'écouter son amie lui raconter ses souvenirs. Même si l'ex-déléguée connaissait la plupart des détails à travers ses échanges épistolaires avec Violette, elle se rendait à présent compte, à travers toute l'émotion véhiculée par la voix de sa camarade, que le Japon était plus qu'une terre d'asile pour Violette. Elle était sa nouvelle terre natale.

— Tu aimes vraiment ton club d'idiots, je me trompe ?

La scientifique hocha la tête et rangea la photo dans la poche de son jean.

— Oui. Ils sont ma seconde famille... Non, ma seule vraie famille. Ils sont les seuls à s'inquiéter pour moi en permanence et seraient prêts à donner leurs vies pour moi.

— Donc, tu as fait ton choix ?

— Oui. Je dois les protéger de leur propre idiotie.

— Tu es certaine ? Tu ne pourras plus faire marche, après.

— Oui. C'est la meilleure décision à prendre.

May soupira et haussa les épaules.

— Tu es irrécupérable. Ne viens plus te plaindre de ton existence après ça.

Violette gloussa.

— Tu as raison. Comme quoi, au fond, je suis toujours moi, peu importe à quel point je peux changer en surface.

— Laisse-moi au moins t'aider, alors. Mes vacances sont bientôt terminées, de toute façon.

— Merci, May. Je savais que tu me comprendrais. Je ne te mérite vraiment pas.

**

Le lendemain qui suivit cette annonce fut une journée tout à fait ordinaire. Ou presque. Violette continuait à étudier sur sa thèse tandis qu'Édouard et Flore mélangeaient des composés chimiques au hasard. Dans son coin, May regardait la télévision d'un œil distrait. Toutefois, l'ambiance n'était pas aussi détendue que d'habitude. Nul ne prononçait un mot. Et pour cause. Soichiro et Masamune n'étaient pas réapparus depuis la veille. Ils se ne trouvaient ni dans leur chambre, ni à la cafétéria, ni même sur le campus.

L'apprenti policier avait en réalité donné rendez-vous au président du club au dernier étage de l'observatoire de Shinjuku en début de matinée. Les deux amis profitaient de l'atmosphère feutrée et de l'affluence basse de la semaine pour pouvoir discuter sans être dérangés.

— Et donc, tu as déniché quelque chose, Masamune ?

— J'ai consulté les journaux internationaux, comme le monde ou le figaro, mais ils ne parlaient pas du comte de Paris, récemment. Alors, je suis allé demander directement à l'accueil en me faisant passer pour un journaliste.

Le visage de l'amateur de thé s'assombrit. Il sortit de son sac un numéro spécial des « Valeurs d'hier » qu'il déposa sur la table. À la une, on pouvait y voir une photo du père de Violette.

Ils m'ont redirigé vers une histoire qui date du mois dernier au cours de laquelle Louis-Arthur Pendragon d'Orléans aurait été impliqué dans un scandale avec la mafia japonaise, autrement dit, nos chers yakuzas. Apparemment, il recevrait beaucoup de fonds de leur part, dans le but de renverser la démocratie.

Soichiro, sceptique, fronça les sourcils et parcourut rapidement l'article. À première vue, il s'agissait d'une affaire comme il y en avait beaucoup d'autres concernant des personnalités médiatiques. Toutefois, les accusations portées contre l'héritier de la couronne étaient graves : corruption, partage de données confidentielles, espionnage, entre autres.

Comme deux atomes intriquésWhere stories live. Discover now