Son Souffle Mortel - Tome 2 {Yoonmin}

• Chapitre 9 •

Chapitre 9
_bévue en blouse blanche_

-Ya, je t'ai dit que c'était la dernière fois. Ne me contacte plus pour ça, c'est terminé.

Minho laissa son dos reposer contre le dossier de son siège. Les jambes étendues sur le bureau, il était en plein appel et son interlocuteur n'en démordait pas. Plus de deux semaines qu'il essayait de se défaire de son obligation, en vain. On le rappelait constamment.

-C'est dangereux et tu le sais très bien. Je-...

Il ne finit pas sa phrase. L'énervement commençait doucement à se propager dans ses veines.

-Ya, écoute-moi, grogna-t-il en se pinçant l'arête du nez. Je t'en envoie une dernière mais je te jure que la prochaine fois que tu m'appelles je ne te répondrai pas. Tu m'as bien compris ?

Minho raccrocha, furieux. Son téléphone dans la main, il réfléchissait à la suite des événements. Dans quelle merde s'était-il mis ? Il ne rendait service à personne à faire ça et qui savait les terribles répercussions que cela pouvait avoir. Minho n'aurait pas dû accepter la première fois, il le savait et il se maudissait comme ça.

-Aish putain...

Il se releva pour regarder à travers la fenêtre de son bureau. Il retira ses lunettes et se frotta les yeux. Il était tard, le soleil s'était couché depuis longtemps maintenant. De la buée s'était déposée sur la vitre, voilant les phares des voitures qui filaient sur l'autoroute. La vue calma l'homme, hypnotisé par ces ronds de lumières flous. Le talkie-walkie crachota paresseusement sur une pile de feuille mais il n'y prêta pas attention, trop concentré à calmer les battements désordonnés de son cœur. Il devait trouver une solution, inverser la tendance à ce problème dont il avait l'entière responsabilité.

-Minho ?

L'interpellé se retourna. Chaewon se trouvait sur le pas de la porte, son talkie-walkie à la main :

-C'est bon, je l'ai trouvé les gars.

-Reçu 5 sur 5, on vous attend, fit la voix grésillante de Baekhyun.

Elle éteignit l'appareil et le replaça à sa ceinture.

-On a un petit problème, tu peux venir nous aider ?

L'homme récupéra sa veste de costard bleu marine et la suivit dans le dédale des couloirs.

-Comment s'en sort Hoseok avec son stage ? Demanda l'homme pour combler le silence qui s'était installé entre lui et sa collègue.

Elle releva la tête de son paquet de feuille. Les talons aiguilles de ses bottes claquaient sur le carrelage, par-dessus la vieille musique sortant des enceintes de chaque couloirs.

-Il me semble que tout va bien, Suhyun n'a rien à lui reprocher et Baekhyun l'adore. D'après eux ses compte-rendus sont remarquables et extrêmement clair. Il travaille dur.

-Je vois, répondit pensivement l'homme.

Il n'avait pas encore eu l'occasion de travailler avec le jeune homme alors il se demandait s'il arrivait à se faire une petite place dans l'équipe. Ce qu'ils faisaient dans ce laboratoire était bien différent de ce qu'on leur apprenait à la faculté. Hoseok avait eu l'air motivé la première fois qu'il l'avait contacté pour lui demander un stage et encore plus pendant le petit entretien qu'ils avaient passé ensemble dans son bureau.

-Il déborde d'énergie, ça fait du bien d'avoir un petit jeune avec nous.

-On n'est pas vieux je te signale, gloussa Minho.

-Nooon évidemment, mais bon, tu vois ce que je veux dire ? Jeune, enthousiaste, plein de vie et le sourire aux lèvres avec un esprit remplie de nouvelles ressources et idées.

Chaewon continua de parler du garçon pendant tout le trajet. Au fur et à mesure qu'ils se déplaçaient dans les bâtiments, Minho comprit enfin où la mécanicienne le guidait : vers les grands halls du sous-sol où reposait tout leur inventaire. Des hangars desquels débordaient des montagnes de boîtes en carton remplies de médicaments, de produits chimiques, de pièces de machines, de piles, de seringues, de papiers, de cartouches d'encre pour les imprimantes et encore mille et un outils. L'équipe faisait l'inventaire tous les mois, ou toutes les deux semaines quand l'un d'eux s'ennuyait un peu trop dans son bureau. Ils devaient scanner chaque boîte, vérifier qu'elle n'avait pas été ouverte, puis ils imprimaient la liste, la comparait avec la précédente avec les entrées et les sorties écrites sur un petit livret. C'était long et fastidieux mais impératif à faire.

Les deux scientifiques descendirent les escaliers qui s'enfonçaient toujours plus. Ces marches semblaient mener Minho jusqu'aux portes de l'enfer, son visage s'assombrissant de plus en plus. Il commençait à comprendre que ce « petit problème » aux hangars allaient lui en coûter un bien plus gros qu'un simple mensonge. Chaewon ouvrit la porte et ils se retrouvèrent sur la passerelle, au-dessus du premier hangar. La température avait chuté de plusieurs degrés et de leur bouche s'échappait un filet de buée. Ils descendirent les escaliers de fer jusqu'au niveau du sol, cernés de colonnes et collines cartonnées.

-Quel est le problème exactement ? Demanda Minho d'une voix sourde qui fut amplifiée par le haut plafond.

Il avait rangé ses mains glacées dans ses poches, vaine tentative de les réchauffer.

-Un problème d'inventaire dont je voulais te parler avec Suhyun. En comparant les résultats du mois derniers on a remarqué qu'une boîte de calmants avait disparu de moitié. C'est bien toi qui l'a fait le mois dernier nom ? Tu es sûr que tu ne t'es pas trompé dans les chiffres ?

La mâchoire de Minho se crispa.

-Je ne pense pas cela ne me rappelle rien. Tu es sûre qu'ils n'ont pas été noté sur le registre de sortie ?

-Non, c'est étrange. C'est toi qui as fait tous les inventaires ces derniers mois et tu n'as vraiment rien remarqué ? Je ne t'accuse pas, se dépêcha de préciser Chaewon, mais autant de boîtes d'un coup me semble bizarre. On les utilise à peine, ils sont inefficaces sur le long terme sur Yoongi.

Ils passèrent une porte pour les amener dans un autre hangar spécialement conçu pour les médicaments. Suhyun attendait, assise sur des boîtes, si petite que ses baskets ne touchaient pas le sol. Elle releva la tête en les entendant arriver.

-Alors ? S'enquit-elle. Tu n'avais pas remarqué ça ?

Minho hésita, il repensa à l'homme qui lui avait téléphoné, à ce grand ami qui lui avait supplié de lui redonner des boîtes, lui qui avait gentiment accepté au début et qui s'était retrouvé pris au piège.

Alors oui il hésita en pensant à toute l'admiration et à l'entière confiance que ses collègues et amis plaçaient en lui. Leurs visages et celui de Namjoon alternaient devant ses yeux. Valait-il mieux de se taire ou dire toute la vérité ?

- - -

1, 2, 3. Ce n'était pas assez. Ses mains continuaient de trembler.

Juste une de plus.

Sa tête lui faisait mal.

Encore une.

Son corps se détendit enfin et il s'écroula sur le carrelage. Le sol glacé contre ses paumes lui parut très lointain, comme s'il n'était pas vraiment là mais ailleurs. Loin. Très loin de son propre corps.

Sa main se referma paresseusement sur la petite boîte de médicament. Il n'arrivait plus à penser à rien, ses pensées s'emmêlaient, petite pelote de laine débrayée. Il fallait tirer sur chaque fil, dénouer les nœuds qui n'avaient de cesse de se reformer. L'un après l'autre, revenir à la réalité.

Pas maintenant, mais dans quelques secondes ou quelques minutes histoire de reprendre son souffle, d'oublier la crise d'angoisse qui lui avait poignardé le cœur et les poumons.

Il ferma les paupières.

Namjoon ne tira sur le premier fil que quelques heures plus tard...