Son Souffle Mortel - Tome 2 {Yoonmin}

• Chapitre 27 •

Chapitre 27
_sauver le Roi des Crabes_

Seokjin se sentit tout doucement tiré de son sommeil. Dormait-il encore ou imaginait-il la suite de son rêve sans queue ni tête, il n'aurait su dire. Il entendait des plaintes au loin sans qu'il n'y prête vraiment attention croyant que c'était les pleurs d'un bébé perdu dans cette forêt tropicale qu'il traversait à grands pas. Il était accompagné d'un tas de petits crabes qui se déplaçaient entre ses pieds pour lui montrer le chemin. Seokjin fut pris de soubresauts et dévala la pente à pic. Il ne s'inquiétait pas de porter des escarpins de dix centimètres, après tout, quoi de plus normal ? Peut-être ce sandwich qu'il mangeait par le nombril ferait encore grandir ses talons. Parfois les plaintes étaient plus fortes, parfois elles ressemblaient à des mots dans une langue qu'il ne comprenait pas, alors il pensait être plus proche de ce bébé qu'il devait sauver. Sauf que ce n'était plus un bébé mais le roi des crabes maintenant. Son esprit assimila cette nouveauté comme coulant de sens alors que les petits crabes s'enterraient dans le sol, le laissant seul continuer son périple. Il sortit de la forêt pour pénétrer dans une maison où vivait un gros chat noir qui se nourrissait exclusivement de graines. Seokjin s'était arrêté quelques instants dans cette maison : il devait changer ses escarpins par des bottes de skies. Il n'aurait su dire comment il le savait mais le chat était incroyablement malheureux. Il ne s'attarda pas plus longtemps car la maison du félin fut balayée par une tempête de sable, l'emportant dans un désert aride. Seokjin avait de la peine à avancer, le sable s'engouffrait dans ses bottes, ses jambes devenaient lourdes. Il avait l'impression d'avancer dans de la mélasse. Lorsqu'enfin il vit l'océan où se noyait le roi des crabes, les petits qui s'étaient enterrés dans la terre de la forêt auparavant ressortirent du sable. Ils lui grimpèrent dessus et l'entraînèrent avec lui dans les sables mouvants.

Ce fut un grand bruit sourd qui eut enfin raison de son rêve. L'homme ouvrit lentement les yeux. Il cligna plusieurs fois des paupières, aveuglé par la lumière du couloir. La porte était grande ouverte. Lentement, il se redressa, intrigué. Il ne prit pas la peine de vérifier le côté droit du lit. Au fond de lui, il savait qu'il n'y trouverait pas son mari.

Il croisa les bras sur son torse nu qui émergeait de la couette, assailli par le courant d'air glacial. Il avait déjà oublié son rêve sur... sur quoi déjà ? Encore à moitié endormi, il suivit aveuglement la lumière du couloir jusqu'à la salle de bain. La porte était à peine entrouverte. Seokjin la poussa sans bruit :

-Namjoonie ? Tu es là ?

La première chose qu'il vit en entrant fut son propre reflet dans le miroir : les cheveux noirs en pagaille et encore la trace de l'oreiller sur la joue. Mais une toute autre vision cauchemardesque brisa son sourire. Allongé sur le carrelage gelé, Namjoon reposait sur le ventre, les yeux fermés. Son dos était criblé d'une multitude de cicatrices, le prix à payer pour toutes ces années de service.

-Namjoon !

Seokjin se laissa tomber à côté de lui. Il le secoua, tentative vaine de le réveiller ; son mari s'était évanoui. Il était définitivement, réveillé, la panique ayant effacé toute trace de sommeil. Il vérifia que Namjoon respirait toujours puis le mit en position latérale de sécurité. Il alla chercher son téléphone et appela les urgences en tapotant avec un coton l'arcade sourcilière de Namjoon, rougie par du sang encore frais.

Une main sur le cœur de son mari pour vérifier qu'il ne faisait pas d'arrêt cardiaque, Seokjin put enfin souffler. Que s'était-il donc passé ? Namjoon avait-il trébuché ? Il regarda autour de lui. Là. Tombée sous le lavabo, une boîte de médicaments. Il l'attrapa sans oser rompre le contact avec son mari.

La boîte en carton était entièrement vide.