Son Souffle Mortel - Tome 2 {Yoonmin}

• Chapitre 34 •

Chapitre 34
_le chevalier à la retraite_

-Namjoon.

-Je n'ai jamais dit que j'étais d'accord.

-C'était à cette condition qu'on te faisait sortir plus tôt de l'hôpital.

-J'ai changé d'avis, répliqua Namjoon.

Il tourna le dos à son mari. Son bureau était recouvert de dossiers et de feuilles volantes en désordre. Depuis quelques temps, Namjoon s'était mis en tête qu'il arriverait seul à résoudre tout le mystère qui entourait Yoongi et sa malédiction. Malheureusement pour lui l'équipe policière de Woosung, même en agissant dans l'ombre, était plus rapide que lui. Il enrageait de voir des personnes en qui il n'avait pas confiance récupérer plus d'informations et présenter des théories qui tenaient la route du début à la fin.

-Putain, mais quel gamin.

-Ya.

Seokjin claqua la porte du bureau. Trop c'était trop. À force de vouloir l'accompagner, de vouloir marcher à son rythme, ils reculaient. Il fallut plusieurs minutes à Namjoon avant qu'il ne vienne le rejoindre dans la cuisine. Seokjin s'était servi un grand verre d'eau.

-Quand vas-tu enfin cesser de te comporter comme ça ? Tu agis comme un gosse qui a peur d'aller chez le dentiste.

-Je n'ai pas peur.

Seokjin leva les yeux au ciel. Son verre frappa fort contre le billot.

-Alors quoi, tu ne veux pas recevoir de l'aide ? Très bien, sors de chez moi, j'en ai assez vu et entendu.

Seokjin fut le premier surpris de ses propres mots. Mais cela faisait si longtemps qu'il devait supporter les crises de paniques, les jalousies infondées et les colères. Il avait même vu Namjoon alité, à l’hôpital après une overdose de calmants. Il l'avait vu aux portes de la mort. Alors il en avait marre de jouer au gentil mari, cela n'aidait personne. Namjoon ne dit rien, il se contentait de le fixer.

-Je sais que je suis sympa, que je t'aide avec tes crises et tes cauchemars mais je ne suis certainement pas ton punchingball personnel. Mon rôle ce n'est pas de m'en prendre plein la gueule dès que ça va mal, c'est de t'accompagner et de t'aimer.

Seokjin poussa un soupir agacé.

-Ce psychologue c'est la seule solution que je peux t'apporter, je ne peux pas faire plus. Si tu la refuse, je te prierais de partir.

Namjoon baissa enfin les yeux. Ses épaules s'étaient affaissées mais son mari ne vint pas le prendre dans ses bras comme toutes les autres fois. Il préféra s'asseoir et le regarder prendre lentement conscience de ses comportements.

-Tu nages à contre-courant. Tu t'en rends compte ? Pour Yoongi, pour toi.

Il laissa un temps de silence.

-Pour nous.

Il but une gorgée d'eau.

-Accepte de ne pas être le plus fort. Yoongi te voyait comme un protecteur jusqu'à ce qu'il se rende compte que tout le monde œuvrait ensemble pour le protéger. Il faut que tu acceptes toi aussi de ne plus être le seul. Tu n'es plus son Protecteur. Les autres sont là pour aider, ils tiennent eux aussi à Yoongi, sans doute pas pour les mêmes raisons que nous mais ils tout autant intérêt à le protéger et à découvrir les secrets de sa malédiction.

Namjoon passa une main dans ses cheveux et décoiffa ses cheveux bruns. Seokjin pensa alors que l'armée devait lui manquer. Il ne faisait plus grand chose de ses journées, peut-être que cet « ennui » n'était pas très propice à son rétablissement ? Trop de temps pour devenir parano et inventer des histoires à dormir debout.

-Baisse ta garde, défais-toi de ton armure de chevalier et laisse les autres prendre le relais. Il est temps pour toi de te reposer. Tu en as tant fait.

Il s'approcha doucement de lui.

-S'il te plaît.

Seokjin fit mine de le prendre dans ses bras mais Namjoon se déroba et s'éloigna de lui. Il s'enferma dans son bureau. Seokjin poussa un long soupir. Il était terriblement fatigué. Il se laissa choir sur une des chaises, la tête entre les mains. La porte s'ouvrit quelques minutes plus tard et Namjoon apparut dans le salon.

-J'irai, fit-il d'une voix grave sans oser le regarder dans les yeux.

Il referma la porte et Seokjin ne le revit pas de toute la journée. Il eut tout de même une agréable surprise lorsque Yoongi l'appela.

Le garçon était sur le chemin du retour de la bibliothèque universitaire. La nuit commençait doucement à tomber, Seokjin pouvait entendre la peur pointer le bout de son nez chez son fils. L'appel fut plutôt court, tout juste le temps que Yoongi fasse le trajet de la bibliothèque à son appartement. Durant toute la conversation Seokjin sentait que quelque chose n'allait pas mais que Yoongi faisait tout son possible pour le cacher. Il y avait autre chose que la menace de son collier Seokjin ne pouvait l'expliquer mais il le devinait. Il connaissait son enfant, il se raclait la gorge, oubliait parfois ses mots et sa voix était particulièrement forte comparé à son habitude. Le garçon lui parla de ses révisions qui se passaient plutôt bien, de son nouvel ami San – qui avait plutôt l'air charmant soi-disant en passant – un petit peu de Taehyung et du chien de Sangyeon. Depuis Noël, il y a plus d'une semaine de cela, Yoongi parlait beaucoup de son frère. C’était agréable de le voir ainsi. Au moins Seokjin n'avait pas l'impression qu'il passait ses journées à penser à Jimin. Ce dernier était plus que charmant mais leur rupture lui avait fait beaucoup de mal, Seokjin préférait qu'il pense à autre chose : Sangyeon et San étaient de bonnes distractions. D'ailleurs, le garçon lui parla des étranges sentiments qu'il ressentait vis à vis de son nouvel ami. San voulait le voir après les partiels, Yoongi stressait un peu. Il n'arrêtait pas de dire qu'il s'était certainement rendu compte de quelque chose...

Seokjin raccrocha avec le sourire. Yoongi allait globalement bien, et c'était sans doute le seul dans son groupe d'amis pour qui c’était le cas. Il déjeuna seul. Il avait pensé à appeler Namjoon mais ce dernier n'était pas sorti de la pièce. Il lut dans le salon et lorsque l'aiguille des heures indiqua minuit il décida qu'il avait assez veillé. Ce fut lorsqu’il passa devant le bureau que Namjoon ouvrit la porte. Seokjin aperçut la pièce complètement rangée ; plus aucun papier entassés sur le bureau : il avait définitivement tourné la page.

Les deux hommes se couchèrent ensemble et s'endormirent l'un contre l'autre. Malgré le énième cauchemar de la semaine, le couple passa une nuit paisible.