Cher journal.

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Depuis le matin, je n'avais osé adresser la parole à qui que ce soit, trop perturbée par les nombreux cauchemars qui m'avaient empêché de dormir. Ceux-ci étaient revenus en force depuis deux semaines et hier avait été la goutte de trop. Tous mes amis avaient cherché à connaître ce qui me tracassait, toutefois, je ne m'étais confiée à personne et avais plutôt prétexté un mal de ventre.

  Pas d'humeur sociable, je m'étais rendue dans un coin esseulé du campus pour faire la seule chose qui réussissait à me calmer: écrire dans mon journal intime.  Si au départ je trouvais cela ridicule d'en avoir un, surtout à mon âge, avec le temps il s'était avéré être très utile. Il regorgeait désormais  mes sombres secrets et connaissait tous les démons qui me tourmentaient. 

La veille en rentrant de l'école, j'avais remarqué qu'Azaya avait encore une fois saccagé ma chambre à la recherche d'une chose compromettante. Craignant l'idée qu'elle ne tombe dessus et expose tout ce que j'essayais de cacher depuis toujours, j'avais eu l'ingénieuse idée de le prendre avec moi, le temps de trouver une meilleure cachette.

Ayant donc fini de vider mon sac, je décidai de le feuilleter un peu. Soudain, je tombai sur une page qui parlait de Calvin. J'avais presqu'oublié qu'il fut une époque où j'étais attirée par lui. Je sais c'est vraiment malsain! Surtout qu'il était le petit ami d'Emilie. Pour ma défense, je l'ai connu bien avant elle, mais lorsqu'elle m'a avoué qu'elle  aussi développait des sentiments pour lui, j'avais préféré me retirer et les avais aider à se mettre en couple. Si au début j'avais très mal, au final j'ai fini par m'y habituer et ils sont même devenus mon couple goal préféré.  

Transportée par mes écrits du lycée, je ne sus à quel moment mon journal fut arraché de mes mains. Je me retournai prête à dégommer la personne qui avait commis cet acte effronté, lorsque mes yeux croisèrent ceux de Théreso. Aussitôt, une décharge électrique parcourut mon être tout entier et ma colère retomba d'un coup.

Il se mit à lire un extrait banal à haute voix, la main sur la poitrine, simulant un poète. Je voulus rigoler face à cette scène, mais la peur qu'il ne tombe sur quelque chose de plus compromettant me poussa à m'énerver contre lui.
Je me relevai de l'herbe fraîche sur laquelle je n'avais décollé mes fesses depuis le matin, et m'avançai d'un pas déterminé vers lui, tenu debout à quelques mètres de moi. Il ne bougea pas nullement effrayé, et se contenta de  soulever de sa main mon journal aussi haut qu'il le pouvait. Je vous assure, il était tellement grand, c'était à peine si ma main arrivait au niveau de son épaule.

Je me  mis à sautiller pour pouvoir prendre mon journal tandis que lui rigolais face à mon incapacité à l'atteindre. Soudain, j'eus l'ingénieuse idée de le pousser de toutes mes forces. Mais, malheureusement il m'entraîna dans sa chute. En quelques secondes, nous nous retrouvâmes couchés au sol, lui en bas, moi sur lui.

Plus aucun son ne déniait sortir de nos bouches, chacun était comme hypnotisé par le regard de l'autre. De nombreux papillons voltigeaient dans mon ventre. Malgré l'air frais des environs, je me sentais bouillir de l'intérieur. Ses lèvres semblaient m'appeler, elles semblaient crier mon nom et me supplier de les goûter.
Comme aimantée, j'avançai ma tête vers la sienne tout en le fixant lui puis ses lèvres, c'était une façon pour moi, de lui demander l'autorisation d'y goûter. Semblant être d'accord il ferma peu à peu ses yeux, au moment où nos lèvres furent sur le point de s'effleurer, j'arrachai mon journal de ses mains
et courus le remettre dans mon sac, de peur qu'il ne me l'arrache une seconde fois. Ensuite je vins lui tendre ma main en rigolant, pour l'aider à se relever. Il sourît puis la pris.

Je regagnai ma place, puis il vint s'asseoir en face de moi. Il  plongea son regard dans le mien et aussitôt, je me perdis dans ses yeux marrons. Ils étaient si beaux et me procuraient toute sorte de sensations qui avaient le don de m'apaiser.
Après de longues minutes à se regarder dans le blanc des yeux, il finit par prendre la parole en rigolant:

Les Démons de Marilyn🇨🇲Nơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ