Chapitre 3

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Lorsqu'ils furent seuls tous les deux, Malefoy ricana, ce qui fit frissonner Harry, toujours invisible et immobile.
— Potter et sa foutue cape !
Harry se tendit, agacé d'avoir été démasqué, mais il n'eut pas le temps de bouger qu'un stupéfix fonça sur lui et le paralysa. Il ne put qu'émettre un cri étranglé avant de basculer du porte-bagage pour tomber rudement sur le sol du wagon, en expulsant brutalement l'air de ses poumons.

Ainsi immobilisé, Harry ne pouvait voir que ce qui entrait dans son champ de vision, mais Malefoy approcha pour se pencher au-dessus de lui. Le Serpentard tenait visiblement à être la seule chose que son rival verrait. Le détaillant, Harry nota une fois de plus qu'il avait maigri et que de larges cernes noirs marquaient sa peau comme s'il dormait aussi mal que lui. Malefoy le dévisageait avec une grimace haineuse, la cape d'invisibilité ayant glissé dévoilant ainsi à demi son visage figé.
Puis, le Serpentard cracha, furieux.
— Potter ! Cette fois... personne pour venir à ton secours ! Tu te penses malin ? Satisfait le balafré ? Tu as bien espionné ? Tu as découvert nos sombres secrets ?
Malefoy ricana en lui donnant plusieurs coups de pied, comme s'il tentait de se décharger de ses malheurs. C'était désordonné et brutal, mais Harry ne pouvait pas bouger, il ne pouvait pas fermer les yeux ou se ramasser sur lui même pour protéger son ventre.
Il nota les yeux trop brillants de Malefoy alors qu'il crachait, avec une expression proche de la folie.
— Poudlard devra se passer de toi cette année, Potter. D'ici peu, le Poudlard Express repartira et tu seras dedans, sous ta foutue cape. Une année sans toi pour fourrer ton nez partout... Tu crois qu'ils te trouveront avant l'année prochaine ?

Harry aurait aimé pouvoir répliquer ou se défendre, mais il était toujours désespérément immobilisé, maintenu silencieux par le stupefix. Drago le frappa encore une fois, au visage, et il sentit son nez craquer et le sang couler. Il ne put émettre qu'à peine un gargouillis étouffé alors que le sang lui obstruait la respiration et il paniqua un bref instant avant de réussir à reprendre miraculeusement son souffle, maudissant le Serpentard et se jurant de lui rendre coup pour coup dès qu'il en aurait l'occasion.

Après un dernier coup de pied rageur assorti d'une exclamation brisée, alors qu'il avait presque les larmes aux yeux, Malefoy le recouvrit de sa cape d'invisibilité avec soin, pour le dissimuler parfaitement. Puis, il ricana d'un air mauvais.
— Bon retour à Londres, Potter ! On se verra l'an prochain... ou pas !

Les battements du cœur de Harry accélérèrent alors qu'il entendait le Serpentard s'éloigner à pas lents puis descendre du train, sans plus s'occuper de lui.
Il essaya de bouger de toutes ses forces, mais le sort de Malefoy tenait bon et il put bouger à peine le bout d'un doigt, grattant contre le sol dur du train. Il espérait que ce serait suffisant pour écarter légèrement la cape et surtout il espérait que quelqu'un ferait le tour des wagons avant le départ du Poudlard Express.

Harry se sentait stupide et il était furieux contre lui-même de s'être laissé prendre si facilement. Il regrettait déjà d'avoir voulu espionner les Serpentard de cette façon et il était d'autant plus convaincu que Malefoy avait été marqué et qu'il était désormais un Mangemort. Tout comme son père.

Il se jura qu'il le démasquerait et qu'il lui ferait payer ce moment, il lui rendrait chaque coup donné. Il lui offrirait une humiliation publique dont il se souviendrait, il l'exposerait devant tout le monde avant de le faire expédier à Azkaban.

Alors que Harry se morfondait, coincé au sol, dissimulé sous sa cape, il avait l'impression que des heures passaient et il craignait sentir d'un coup le train démarrer et s'éloigner de Poudlard. Il était certain que les autres étaient déjà dans la Grande Salle et que sa disparition avait été remarquée. Mais penseraient-ils à le chercher dans le Poudlard Express ? Essaieraient-ils de le retrouver au moins, ou penseraient-ils qu'il était parti volontairement parce qu'il était furieux après la mort de son parrain ?

Les yeux brûlants de larmes contenues, il se perdit dans de sombres pensées quand d'un coup, sa cape fut arrachée brusquement, l'exposant en pleine lumière.

Harry entendit un rire étrangement familier puis il fut libéré du stupéfix qui le maintenait prisonnier et il hoqueta de soulagement avant de se redresser d'un bond pour faire face à Nymphadora Tonks.
Malgré le sang qui coulait de son nez et ses hématomes noircissant déjà sa peau, il lui sourit largement en la saluant, soulagé.

Tonks leva un sourcil moqueur, ses cheveux prenant un violet électrique vibrant, signe manifeste de son amusement.
— Et bien ? L'année n'est pas commencée et tu sembles avoir battu un troll à mains nues ?
Harry roula des yeux, mais il laissa Tonks s'occuper de lui et lui lancer un episkey sur son nez cassé. Il renifla et soupira de soulagement en voyant qu'il ne saignait plus et que tout semblait revenu à sa place. Il ramassa sa cape et la plia grossièrement avant de la fourrer dans sa poche, évitant le regard de l'Auror et espérant échapper aux explications gênantes. Il en profita pour répondre d'un ton faussement joyeux.
— Je suis content que tu aies inspecté les wagons, Tonks ! Je pensais déjà que j'allais être coincé ici pendant une durée indéterminée !

La jeune Auror gloussa et lui tendit la main.
— Allez, viens, je t'accompagne aux grilles de Poudlard et tu vas me raconter ce qui t'est arrivé en détail. Si tu te presses un peu, tu seras pile à l'heure pour le début de la répartition.

Harry hocha la tête en réprimant une grimace tout en lui lançant un regard curieux.
— Tu cherchais quelque chose de précis pour examiner le train avec autant de soin ?
— Oui. Toi. Tu n'étais pas à la descente du train et tes amis ont parlé de ton humeur particulièrement... détestable.

Harry s'empourpra brusquement et détourna les yeux, honteux et furieux d'être encore la cible de l'attention. Tonks lui passa le bras sur les épaules et l'attirant affectueusement contre elle et elle murmura, avec un sérieux inhabituel chez elle, toujours si joviale.
— Je sais que la perte de Sirius est dure à supporter pour toi, mais il ne voudrait pas te voir aussi seul. Il a fait ce qu'il fallait pour te sauver, Harry.


Promesse de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant