Chapitre 30

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Le temps à l'infirmerie ressemblait à une bulle hors de la réalité. Harry était parfaitement conscient que ça ne pourrait pas durer, mais il en profitait autant que possible avant d'être replongé de force dans la guerre qui agitait le monde magique.

Pour une fois, il avait la possibilité de se comporter comme un adolescent, de suivre ses désirs et de découvrir de nouveaux sentiments. Il n'y avait personne pour lui rappeler qu'il devait tuer un homme, qu'il n'avait pas le temps de vivre tout simplement. Personne pour lui demander de se sacrifier, au nom d'un plus grand bien qu'il haïssait désormais.

Cette liberté factice n'avait pas empêché Harry de penser au futur. La nuit, lorsque Drago dormait dans ses bras, il gardait les yeux ouverts, fixés sur le plafond, et il cherchait un plan d'action.

Il devrait peut-être mourir, comme la maudite prophétie le sous-entendait, mais il tenait à garder Drago Malefoy en sécurité. Qu'il ait fait une promesse ou non n'importait pas, il voulait pour le Serpentard un avenir heureux. Il était déterminé, même s'il savait qu'il devrait se battre durement pour obtenir ce qu'il voulait.

Il se moquait bien de l'avis de Dumbledore, de l'avis de ses amis, du monde magique ou même de Rogue. Il leur arracherait le serment qu'ils protègeraient Drago Malefoy s'il le fallait, même s'il devait mourir. Surtout s'il devait mourir.

Harry avait été horrifié lorsque Drago s'était proposé pour retourner aux pieds de Voldemort, pour lui offrir du temps. Drago était peut-être capable de faire illusion, mais l'idée qu'il puisse recevoir des Doloris pour ne pas encore avoir accompli sa « mission » lui donnait la nausée. Il savait que Dumbledore n'hésiterait pas à le renvoyer chez lui, dans les bras de ce monstre, si cela servait ses plans. Il attendait la prochaine visite du directeur avec inquiétude, tout en étant déterminé à imposer ses conditions... Quitte à se retirer de la guerre, à abandonner le monde magique britannique sans un regard en arrière.

Harry serra un peu plus Drago contre lui, traversé par la peur de le perdre. En réaction, le Serpentard gigota légèrement et nicha son visage dans son cou avec un soupir satisfait, sans même se réveiller. Harry ne put s'empêcher de sourire et il se détendit complètement, laissant le sommeil l'emporter.


Il dormait depuis peu quand il se retrouva projeté dans la tête de Voldemort. Un instant, il rêvait qu'il était dans les bras de Drago, l'embrassant avec une passion qui aurait pu le faire rougir s'il avait été éveillé. L'instant d'après, tout le bonheur qu'il ressentait semblait avoir disparu et il se retrouvait dans un endroit sombre, éclairé uniquement d'un feu de cheminée.

Lucius Malefoy était agenouillé devant son Maître, pâle et tremblant, encore vêtu de l'uniforme d'Azkaban, ses longs cheveux blond pâle sales et emmêlés.
Harry sut immédiatement que c'était réel. Lucius Malefoy était censé être en prison, mais il était certain qu'ils apprendraient rapidement qu'il s'était évadé.

Voldemort était furieux. Il était silencieux pour l'instant, mais Harry sentait sa rage et son envie de tuer. Ces sentiments le rendaient nauséeux, probablement parce que ça réveillait chez lui le souvenir du duel avec Drago... lorsqu'il s'était laissé déborder par ses émotions. Chez le mage noir cependant, il y avait en plus cette soif de sang que Harry espérait ne jamais ressentir.

L'adolescent n'eut pas longtemps à attendre avant de comprendre ce qui se passait. Le mage noir punissait Lucius, tout juste arrivé dans son manoir après que les Mangemorts aient pris Azkaban, des échecs de son fils. Drago n'allait pas assez vite, au goût de Voldemort, pour tuer Dumbledore, qui se dressait encore et toujours sur son chemin. La date à laquelle il avait prévu l'invasion de Poudlard approchait et il reprochait au fils de Lucius de n'avoir pas encore assez avancé, que ce soit pour éliminer Dumbledore ou pour ouvrir un passage dans l'école de magie.

Harry sursauta brutalement lorsque le premier sort fusa de la baguette de Voldemort et que Lucius s'effondra en hurlant, son dos s'arquant de façon presque impossible. Déjà affaibli par Azkaban, l'homme fier n'était plus. Il se tordait en hurlant, peinant à reprendre son souffle et suppliant pour sa vie dès qu'il en avait l'occasion. Il n'avait plus rien de l'homme qu'il avait rencontré, cet homme arrogant et dominateur. Il se traînait aux pieds de Voldemort, il promettait sa fidélité à Voldemort, lui jurait qu'il ferait tout ce qu'il ordonnerait. Il offrait sa vie, son âme...


Ce fut à cet instant que Voldemort s'arrêta pour se pencher vers son Mangemort déchu, avec un rictus moqueur, ayant visiblement obtenu ce qu'il voulait, quoi que ce puisse être.
— Tout ce que je veux ?

Lucius hocha frénétiquement la tête, sans même réfléchir, essuyant le sang qui coulait de la lèvre qu'il avait mordue d'une main tremblante.
— Tout, Maître ! Tout !

Un frisson parcourut l'échine de Harry et il aurait aimé pouvoir se jeter sur Lucius pour le secouer et lui ordonner de réagir. Pour lui rappeler qu'il y avait plus important que sa place auprès d'un Maître cruel. Pour lui hurler que c'était un piège et qu'il s'était précipité, qu'il allait regretter ses paroles d'ici peu.

Cependant, il était juste un spectateur impuissant et il ne pouvait pas intervenir.
Voldemort eut un rire cruel, tournant sa baguette entre ses doigts décharnés, puis il se pencha vers Lucius, ses yeux carmin brillant d'une joie malsaine.
— Même si je te demande la vie de ton unique héritier ?

Une expression d'effroi traversa le visage de Lucius, puis une sorte de résignation passive. Il hocha lentement la tête avec une grimace, mais il n'y eut pas véritablement d'hésitation.
 Apparemment, Lucius Malefoy préférait sauver sa propre vie plutôt que celle de son fils unique.
— Je vous l'offrirai, Maître.

Harry hurla de toutes ses forces, horrifié, espérant se faire entendre. Il aurait aimé pouvoir changer quelque chose aux paroles terribles qui venaient d'être prononcées. Il aurait surtout aimé pouvoir mettre fin à la guerre en cet instant, pour protéger Drago...

L'adolescent se réveilla brusquement, Drago le secouant vivement, l'air effrayé. Leurs yeux s'accrochèrent. Les yeux gris étaient emplis d'inquiétude, les yeux verts étaient encore écarquillés par la terreur.

Le souffle court, Harry attira Drago contre lui, le serrant un peu trop fort. Le Serpentard protesta sans conviction, bien trop inquiet pour se formaliser des bleus qu'il aurait probablement d'ici peu.

Promesse de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant