Chapitre 90

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Harry eut un léger rire, alors que ses muscles se détendaient petit à petit, lui faisant prendre conscience à quel point il avait été stressé de cette petite excursion. Drago leva un sourcil moqueur, puis il chuchota, l'incertitude passa dans son regard gris.

— Et maintenant ?

Severus renifla, tout en se crispant légèrement. Il était assez lucide pour savoir que la mort de Voldemort ne suffirait pas à régler tous les problèmes du monde magique. Le mage noir n'était que la partie émergée de l'iceberg et il y aurait probablement une lutte de pouvoirs sans merci. Il faudrait probablement des mois avant que l'agitation retombe et en attendant, les deux garçons allaient devoir faire profil bas pour ne pas être exposés ou risquer d'être accusés de quoi que ce soit.

— Restez réellement à l'abri cette fois. Le monde magique risque de plonger dans le chaos. Les Mangemorts vont probablement se déchirer pour prendre le pouvoir, ce qui permettra aux Aurors de faire le ménage si le Ministère se décide à agir. Ensuite... il faudra un peu de temps pour que les choses se tassent. Pour que tout revienne à la normale.

Harry laissa échapper un reniflement moqueur.

— Donc on est... prisonniers ici en quelque sorte ? Enfermés ? Rien ne change réellement.

Severus hésita puis il posa la main sur l'épaule de Harry. Il comprenait l'amertume du gamin devant lui, mais c'était malheureusement nécessaire pour leur assurer leur liberté.

— Prisonniers, non. En sécurité. Un isolement préventif. Quelques semaines nécessaires pour pouvoir vivre... tranquillement à l'avenir.

Harry grogna vaguement et s'agita légèrement, mais ce fut Drago qui perdit son calme le premier.

— Et combien de temps ? Combien de temps avant qu'ils viennent nous chercher pour nous... exposer ou tenter de nous accuser de tout ce qui a mal tourné ?

Severus soupira et secoua la tête, avec une grimace désolée.

— J'aimerais que les choses soient différentes, mais tant que Dumbledore est à la tête de Poudlard, il peut faire de votre vie à tous les deux un enfer. Il a beaucoup trop de soutiens pour que nous puissions l'attaquer de front, je suis certain que vous en êtes conscient.

Une larme roula sur la joue pâle de Drago et Harry l'enlaça avec force, envoyant à Severus un regard agacé. Le maître des potions ne fit pas la moindre remarque, cependant, attendant que les deux adolescents puissent reprendre leur calme pour continuer.

Quand Drago frotta son visage nerveusement, Harry se pencha pour l'embrasser doucement. Lorsqu'il se tourna vers Severus, ses yeux verts étaient emplis de colère mêlée à une certaine résignation.

— Alors quoi ? On doit attendre que ce vieux fou nous autorise à vivre ?

Severus ne put retenir un léger gloussement, le genre de son que personne n'imaginait qu'il puisse émettre. Ses yeux d'onyx brillèrent de malice alors que les deux adolescents le fixaient, bouche bée.

Il sourit largement, pour la toute première fois depuis qu'il avait perdu l'amitié de Lily. Il pensa brièvement qu'il devait avoir l'air particulièrement stupide, mais même cette idée ne put flétrir ce sourire alors qu'il avouait aux deux garçons ce qu'il avait préparé.

— Je ne pensais pas revenir de cette petite expédition en un seul morceau, alors j'ai préparé quelque chose pour ce cher directeur. Une surprise pour le remercier de m'avoir offert un emploi que je détestais et pour m'avoir tenu en laisse toutes ces années... Voyez-vous, j'ai envoyé quelques souvenirs à Griselda Marchbank qui siège au conseil d'administration de Poudlard au sujet des petites manigances de ce cher Albus.

Harry fronça les sourcils, n'ayant visiblement aucune idée de qui était Griselda Marchbank. Drago, lui, écarquilla les yeux et regarda son professeur avec une pointe d'admiration, oubliant sa colère contre lui. Il se tourna vers Harry pour souffler.

— La vieille Marchbank est aussi originale que la grand-mère de Longdubat. Elle faisait même peur à mon père quand il était au conseil de Poudlard, surtout parce qu'elle était totalement incorruptible...

Severus hocha la tête, avant de renifler d'un air supérieur, un petit sourire traînant toujours sur ses lèvres.

— Et surtout, elle est amie proche d'Amélia Bones.

Cette fois, Harry savait qui elle était, puisqu'il écarquilla les yeux avec un sourire. Le jeune homme laissa échapper un son incrédule.

— Amélia Bones ? Sirius m'a dit qu'elle était honnête et il avait entamé une correspondance avec elle au sujet de son emprisonnement à Azkaban. Apparemment, elle avait découvert qu'il n'avait pas eu droit à un procès équitable et elle comptait faire en sorte qu'il soit totalement innocenté, surtout quand elle a découvert que Queudver était encore en vie.

La voix de Harry se brisa sur la fin et Severus hoqueta en reliant certains faits étranges ayant eu lieu autour de Harry. Drago jura soudain et se crispa.

— Attends, tu veux dire que Dumbledore a laissé ton parrain pourrir à Azkaban pour pouvoir t'envoyer dans le monde moldu ? Il était président du Magenmagot, non ? Il aurait pu... le faire sortir sans peine !

Severus intervint, détournant l'attention des deux adolescents, espérant que Harry ne partirait pas dans une quête de justice avec la délicatesse d'un rouleau compresseur.

— Quoi qu'il se soit passé, soyez sûr que ces deux femmes creuseront jusqu'à savoir la vérité. Amélia Bones était une brillante Serdaigle, mais il se murmure qu'elle aurait également eu sa place à Serpentard. Elle ne reculera devant rien pour que justice soit faite.

Harry resta silencieux longuement, s'appuyant contre Drago, le regard dans le vague. Severus attendait patiemment la prochaine remarque — avec une patience qu'il ignorait posséder — conscient qu'il ne pouvait pas juste laisser les deux garçons alors que beaucoup de questions perturbantes devaient tourner dans leurs esprits.

Cependant, Severus ne s'attendait pas à la prochaine attaque, qui le prit par surprise. Drago se redressa légèrement et planta ses yeux clairs dans les yeux de son professeur, avec une expression légèrement insolente.

— Pourquoi détestez-vous autant Harry ? Je veux dire, il m'a dit que son père avait été un idiot avec vous, mais il est mort, non ? Pas besoin de punir Harry alors qu'il n'a même pas connu son père !

Severus déglutit et fit un pas hésitant en arrière, se retenant au mur pour ne pas vaciller. Il évita soigneusement les yeux trop verts de Harry, fixés sur lui et emplis de questions, avant de se frotter le visage nerveusement. Il soupira avec résignation et ses épaules se courbèrent sous un poids invisible alors qu'il s'apprêtait à avouer à haute voix son plus grand secret. Il avait l'impression qu'une énorme boule douloureuse obstruait sa gorge et que ses yeux le brûlaient.

Promesse de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant