Chapitre 71

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Harry haussa les épaules.

— Je suppose que nous avons fait comme pour la promesse. Drago était en train de... souffrir et ma cicatrice me faisait mal aussi. Je sentais sa rage et... comme à Poudlard, je voulais protéger Drago à tout prix. Je suppose qu'à un moment, nous avons perdu connaissance à cause de la douleur. Ensuite, on s'est réveillé et tout était terminé. Il n'y avait plus de marque sur son bras et ma cicatrice était... différente.

Rogue soupira une fois encore, l'air épuisé, et il secoua la tête. Il paraissait troublé et son regard ne cessait d'aller de l'un à l'autre des deux garçons, s'interrogeant visiblement sur leur relation et sur ce qu'ils avaient pu faire pour en arriver là après toutes ces disputes. Lorsqu'il fixa un peu trop longtemps le front de Harry, Drago plissa les yeux.

— Professeur ? Savez-vous ce qu'est un horcruxe ?

Rogue se tendit aussitôt et Drago réprima un rictus moqueur. Le jeune homme attendit la réponse, alors que leur professeur semblait débattre intérieurement d'aborder le sujet ou non. Harry attendait tranquillement, laissant Drago mener la conversation, décidant que l'homme serait probablement plus coopératif avec un élève appartenant à sa maison. Ou plutôt avec un élève qui n'était pas le double de James Potter, son ancien tourmenteur.

Après un long silence, le professeur de potions murmura du bout des lèvres, montrant toute la répulsion que lui inspirait ce mot.

— C'est de la magie noire.

Harry ne put retenir un grognement devant l'évidence, mais Drago l'ignora, sans quitter Rogue des yeux. Il hocha la tête avec un sourire un peu trop joyeux, puis il tendit l'autre livre, celui traitant de magie de l'esprit à leur professeur.

L'homme plissa les yeux et il les regarda l'un après l'autre avec méfiance. Finalement, il soupira et ouvrit le livre. Il se tendit au fur et à mesure de sa lecture et lorsqu'il reposa le grimoire, il était blême. Il ne parvenait même pas à cacher le léger tremblement de ses mains.

Il marmonna, d'une voix tendue.

— Y'a-t-il de l'alcool dans cette foutue baraque ?

Harry haussa les épaules et claqua des doigts. Kreattur apparut presque immédiatement sous l'œil exorbité de Rogue et la seconde suivante, l'homme avait un verre de whisky pur feu à la main.

Avec un soupir fatigué, Rogue le vida d'un trait, son visage s'empourprant légèrement sous la brûlure de l'alcool. Puis, il reposa le verre d'une main tremblante et il secoua la tête lentement. Lorsqu'il parla, sa voix n'était qu'un murmure.

— Savez-vous ce que ça signifie ?

Drago leva la tête vers Harry pour l'observer et ce dernier eut un sourire sans joie, les yeux dans le vide. Il répondit d'une voix atone.

— J'étais un horcruxe. Dumbledore avait prévu ma mort, c'était pour cette raison que j'étais si... important pour lui.

Rogue ferma les yeux, comme si les mots de Harry l'avaient physiquement frappé. Puis il soupira une fois encore, ses épaules se courbant.

— Je l'ignorais, Potter. J'ai appris l'existence de ces horreurs après que le directeur... après votre disparition de l'infirmerie. Il prétendait que vous étiez le seul à pouvoir détruire les horcruxes, mais... Je comprends mieux sa rage, maintenant.

Harry ricana, serrant les poings alors que la colère habituelle d'être confronté à la trahison de celui qu'il voyait comme un mentor le submergeait.

— Mais je ne suis plus un horcruxe. Grâce à la promesse de sang, grâce à Drago. Nous sommes tous les deux libres.

Severus hocha lentement la tête, se massant les tempes du bout des index, un pli amer marquant le coin de sa bouche.

— Je suppose que vous ne m'avez pas fait venir pour ça ?

Harry sourit tristement, évitant de regarder en direction de son professeur, refusant de lire de la pitié dans ses yeux.

— Nous pensons que... que la solution pour mettre fin à la guerre serait une potion. Ou quelque chose du genre.

Rogue l'interrompit, avec un reniflement méprisant. Il perdait patience, désirant visiblement quitter cet endroit et la compagnie des deux adolescents au plus vite.

— Et à quoi devons-nous cette brillante déduction ? Une intuition ?

Harry s'empourpra légèrement, mal à l'aise. Drago grogna et intervint, agacé.

— Peut-être que vous pourriez nous donner un peu plus de crédit, monsieur. Harry a plusieurs fois fait face à ce monstre et il s'en est plutôt bien sorti, si on tient compte du handicap avec lequel il partait. Élevé dans le monde moldu, aucune instruction sorcière, pas d'entraînement personnalisé comme ce cher directeur l'a laissé croire à tout Poudlard... et au reste du monde magique, également...

Le maître des potions le fusilla du regard, crispant les poings.

— Ce n'est pas un jeu, monsieur Malefoy. Ce n'est pas parce que vous avez eu le luxe de pouvoir changer d'avis que tout le monde a cette chance.

Il y eut un lourd silence, puis Harry laissa échapper un rire grinçant.

— J'aurais dû me douter que vous ne pourriez pas passer par-dessus votre... haine. Mon père est mort. Sirius est mort. Que vous faut-il de plus ? Je croyais que... Laissez tomber. C'était une mauvaise idée de vous faire venir ici, monsieur. Nous sommes désolés de vous avoir dérangé, mais je crois que nous allons nous débrouiller seuls.

L'homme le fixa longuement puis soupira.

— Potter...

Drago l'interrompit, d'un ton calme, dépourvu d'émotions.

— Ce n'est pas la peine de chercher à semer la discorde entre nous, professeur. Harry sait parfaitement les raisons pour lesquelles j'ai pris la marque et il sait à quel point je lui suis reconnaissant de m'avoir libéré de... tout ça. Il sait également que je suis avec lui, à ses côtés et que je ne l'abandonnerai pas, quoi qu'il puisse se produire.

Harry lui jeta un long regard reconnaissant et Drago murmura, sans le lâcher des yeux.

— L'avantage, quand on se connaît aussi bien, je suppose, c'est de pouvoir se faire confiance totalement. Nous avons tous les deux vu le pire de l'autre... et maintenant il nous reste à découvrir le meilleur.

Le regard de Severus passait de l'un à l'autre, incrédule. L'homme ne savait visiblement pas comment réagir, alors que les deux adolescents paraissaient d'un coup bien plus raisonnables et réfléchis qu'ils ne l'avaient jamais été.

L'histoire de prophétie racontée par Dumbledore semblait soudain totalement inepte, devant ces deux enfants qui lui présentaient des preuves écrites de ce qu'ils avaient trouvé.

Lui, qui se pensait si réfléchi et si intelligent, s'était contenté de chercher dans la bibliothèque de Poudlard, persuadé qu'il n'y avait aucun autre endroit qui pourrait répondre à ses questions...

Promesse de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant