Chapitre 18

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Après le dîner amené par madame Pomfresh en personne, les deux garçons avaient commencé à se préparer pour la nuit, passant l'un après l'autre dans la petite salle de bain attenante à l'infirmerie.
Leurs regards se croisaient très souvent et Harry devait se faire violence pour ne pas rougir. Il ne savait même pas pourquoi il était soudain gêné. Il avait partagé sa chambre avec les autres Gryffondor, avec Ron au Terrier, et il n'avait jamais eu la moindre hésitation.
Il était dans le même lit que Malefoy depuis la veille, en contact constant avec le Serpentard. Ils s'étaient battus des dizaines de fois, se retrouvant proches physiquement à de nombreuses reprises avant ça, depuis leurs onze ans.

Cependant, avec Malefoy, tout était différent... Tout avait toujours été différent. Depuis le début.

Il y avait ce besoin impérieux d'être près de lui et de le toucher. Harry essayait de se convaincre que c'était une conséquence du lien magique qui s'était formé entre eux, mais au fond de lui, il savait que ça n'avait rien à voir. Pas seulement en tout cas.

S'il devait être totalement honnête, il devrait avouer qu'il avait surtout besoin de s'assurer que Malefoy allait bien. Il l'avait grièvement blessé, il avait failli le tuer, même, et dès qu'il s'éloignait, il le revoyait étendu au sol, si pâle que sa peau en paraissait transparente, son sang formant une flaque de plus en plus grande sous son corps.
Ne plus l'avoir dans son champ de vision entraînait chez lui un début de panique, qui ne s'apaisait que lorsqu'il pouvait le voir de nouveau. Son cœur s'accéléra et il s'installa dans le lit en premier, assis le dos raide, les yeux fixés sur la porte de la salle de bain.
Il se détendit légèrement en voyant Drago sortir, puis il sembla réellement soulagé lorsque le Serpentard se dirigea vers lui pour s'installer dans le même lit, sans la moindre hésitation et sans se poser de questions.
Harry lui sourit nerveusement et il se coucha, tourné vers Malefoy pour pouvoir le voir, tandis que Drago s'installait en miroir, de la même façon. Une fois encore, leurs yeux s'accrochèrent pour ne pas se lâcher, comme si après toutes ces années, ils étaient encore fascinés l'un par l'autre.
L'infirmière leur apporta un flacon de potion calmante pour leur permettre de s'endormir plus facilement et elle eut un sourire affectueux en les voyant installés de cette façon. Elle leur souhaita une bonne nuit avec douceur, s'assurant qu'ils étaient bien installés et qu'ils ne manquaient de rien.

Après qu'il eut pris la potion, les yeux de Harry ne tardèrent pas à papillonner alors que ses muscles se détendaient et le jeune homme bâilla. Dans un état second, il se tortilla pour trouver une position confortable et il finit par se coller contre Drago, l'enlaçant et emmêlant leurs jambes. Puis, il émit un soupir soulagé et il ferma les yeux, s'endormant paisiblement.

*

Drago ne s'endormit pas aussi rapidement. Il se laissa enlacer par Potter comme s'il était un doudou géant, trouvant le contact agréable. L'initiative du Gryffondor fit battre son cœur un peu plus vite, parce qu'il ne l'avait pas repoussé malgré leur passif.
La potion lui permit de se relaxer totalement et il se plongea dans une douce torpeur, perdu dans ses pensées.

Sa première idée fut qu'il n'en voulait pas le moins du monde à Harry Potter. Il regrettait d'avoir été secouru, cependant, parce que la mort lui offrait la paix à laquelle il aspirait depuis qu'il avait reçu cette horrible marque.
Quand il pensait que quelques mois plus tôt, il l'avait appelée de ses vœux ! Il avait tant fanfaronné, tant juré qu'il serait marqué à la seconde même où il serait majeur... puis, il avait été exaucé et il avait découvert à quel point il s'était fourvoyé.
Il avait perdu le sommeil et l'appétit, il n'osait plus se regarder dans le miroir. 

Alors qu'il aurait aimé disparaître, Potter ne le quittait pas des yeux depuis la rentrée et il croisait les yeux verts partout, jusque dans ses cauchemars.

En voyant Potter le surprendre dans un moment de faiblesse, il avait attaqué, furieux que son rival puisse imaginer qu'il était faible. Mais comme toujours, Potter avait eu le dessus, et il avait senti le sang quitter son corps, alors que sa poitrine le brûlait.

Il n'aurait jamais pu imaginer que Harry Potter puisse pleurer pour lui. Ses larmes, son regard plein de culpabilité, la façon dont il avait essayé de le soigner... tout ça l'avait touché en plein cœur et il s'était senti en paix.
Il aurait aimé le rassurer, lui dire qu'il ne devait pas s'en vouloir et qu'il l'avait libéré, mais il n'avait pas assez de force pour parler. Potter lui avait promis son aide. Plus encore, même, il lui avait tout promis, le suppliant de s'accrocher.
Drago ne voulait pas y croire, même si son cœur battait fortement et qu'il s'agrippait au Gryffondor comme s'il avait peur que ce ne soit pas réel.
Contre toute attente, il avait survécu.
Rogue était arrivé, l'avait soigné et les avait conduit à l'infirmerie. Dans le brouillard, Drago n'avait pas compris ce qui s'était produit, mais il savait juste qu'il ne voulait pas lâcher Potter. Sa main chaude et ses yeux verts étaient rassurants, comme la preuve qu'il y avait encore l'espoir d'un avenir pour lui.

À son réveil, il était resté calme. Bien loin de son comportement habituel.
Ce n'était pas tous les jours qu'il passait si près de la mort après tout et il avait rapidement noté que Harry était toujours près de lui, lui tenant la main, le protégeant, exactement comme il l'avait promis.

Il l'avait laissé s'expliquer avec Dumbledore et Rogue, le coupant juste au moment où il allait s'accuser pour déclarer avec aplomb que c'était un accident. L'idée que Potter puisse avoir des ennuis à cause de lui le rendait malade et il refusait de l'accuser de quoi que ce soit.

La mention de promesse de sang par Dumbledore l'avait fait se tendre, incrédule. Il ne pouvait pas croire que Potter ait pu être si sincère dans ses intentions que la magie elle-même avait décidé de protéger sa parole !
Lorsque son rival de toujours avait prétendu avoir tout oublié tout en lui serrant la main, il avait compris que le brun avait une idée derrière la tête. Aussi, il suivit son idée et déclara qu'il n'avait pas le moindre souvenir non plus. Il ne savait pas vraiment à quoi s'attendre venant du Gryffondor, mais certainement pas à ce qu'il fasse en sorte de le protéger au maximum. Au-delà de ses espoirs les plus fous.
Drago n'aurait pas pu espérer autant, pas après toutes ces années de disputes...

Promesse de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant