Chapitre 31

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Ils restèrent silencieux un long moment, serrés l'un contre l'autre, Harry reprenant son souffle doucement. Lorsqu'il eut retrouvé son calme, le Gryffondor murmura.
— Jure-moi que tu n'y retourneras pas. S'il te plait, Drago. Jure-le-moi.

Drago se redressa, surplombant Harry, le fixant longuement à la lueur de la lune. Il dut se rendre compte que c'était sérieux, puisqu'il fronça les sourcils.
— Qu'est-ce qui se passe ?

Harry secoua la tête, ne sachant pas comment annoncer à son nouvel ami que son père venait de l'offrir à Voldemort sans la moindre hésitation pour sauver sa misérable vie. Il cligna des yeux, la panique enflant en lui jusqu'à ce que Drago lui agrippe les épaules, avec fermeté.
— Harry ? Je ferais ce que tu voudras, mais je veux savoir ce qui s'est passé. Qu'est-ce qui t'a mis dans cet état ? Dis-moi !

Harry blêmit et ferma les yeux, puis il capitula. Il allait révéler à Drago ce qu'il avait vu, au risque de le voir s'éloigner de lui ou lui en vouloir de lui annoncer la nouvelle...
Il évita le regard du jeune homme et raconta la scène à laquelle il avait assisté, les mains crispées sur les poignets de Drago pour le garder près de lui.

Il décrivit les lieux d'un ton morne, les yeux baissés, puis retint son souffle en murmurant.
— Voldemort a... Il a demandé à ton père que tu sois... il a demandé ta vie.

La révélation de Harry glaça Drago. Que son père puisse le livrer aussi facilement pour gagner les faveurs de Voldemort lui donnait l'impression d'avoir un trou béant dans la poitrine. Il n'avait jamais imaginé que son père puisse se montrer héroïque pour lui, mais il espérait qu'il l'aimait assez pour tenter de le protéger. Visiblement, il s'était lourdement trompé.

Il sentait les mains de Harry sur ses poignets, l'empêchant de se laisser sombrer, et il entendait sa voix marmonnant des excuses sans fin pour être le messager d'une si terrible nouvelle.
Drago n'en voulait pas à Harry, mais il avait besoin de digérer l'information avant de pouvoir le rassurer. Il aurait aimé pouvoir le prendre dans ses bras et lui dire que tout allait bien. Qu'il n'avait pas à s'excuser, qu'il n'avait rien fait de mal. Cependant, apprendre que son propre père était prêt à le voir mort avait de quoi déstabiliser n'importe qui... et il avait besoin de se calmer avant de pouvoir ouvrir la bouche et parler sans se mettre à hurler.

Le jeune homme se demanda vaguement pourquoi il ne doutait pas de la parole de Harry, pourquoi il était prêt à croire son ancien rival sans douter un seul instant de lui, sur la base d'une vision — qui pourrait être un simple cauchemar.

La panique de Harry était suffisante pour lui. Sans compter qu'il croyait en lui, bien plus qu'il ne l'avait imaginé. Harry ne lui avait jamais menti, également, et il était le seul à lui avoir promis de le protéger. Il était le seul à avoir fait un geste vers lui.

Drago essaya de dompter ses pensées, qui ne cessaient de passer d'un sujet à l'autre, rebondissant dans son esprit douloureusement. Il se concentra en essayant de trouver un seul souvenir prouvant que son père l'aimait. Rien qu'un seul souvenir, même bref, pour pouvoir imaginer que Harry faisait erreur, qu'il avait confondu une vision avec un cauchemar.

Plus il passait en revue son enfance, plus il paniquait. Il n'y avait rien. Pas de geste tendre, pas de mots doux. Jamais de baiser ou d'étreinte. Pas même une main passée dans les cheveux. Rien qu'un père strict, qui lui donnait ce dont il avait besoin ou qui le punissait sévèrement lorsqu'il ne tenait pas à la perfection son rôle d'héritier de la prestigieuse famille Malefoy.

Jamais son père ne s'était intéressé à lui ou ne s'était inquiété pour lui.
À cette prise de conscience, Drago haleta brusquement en se débattant, en pleine crise de panique.


*


Harry regardait Drago haleter en le maintenant d'une poigne de fer. Il savait que ce qu'il lui avait avoué l'avait blessé et il voulait le consoler. Ses yeux gris s'étaient ternis et il ne paraissait pas réceptif aux excuses de Harry, comme s'il était plongé dans sa tête, loin de lui.

Cependant, le Gryffondor continua de lui parler, voulant l'apaiser et lui rappeler qu'il n'était pas seul, la brûlure de la culpabilité lui serrant la poitrine.
Soudain, le visage de Drago s'emplit de détresse et il commença à se débattre furieusement, peinant de plus en plus à respirer. Harry hésita brièvement — il pensa s'écarter, mais son instinct lui hurlait de ne pas l'abandonner — et il raffermit sa prise, presque allongé sur Drago, l'appelant avec douceur, continuant de le rassurer encore et encore. Il ne se rendait même pas compte qu'il pleurait, les larmes coulant sans discontinuer sur ses joues.


*


Drago n'avait pas la moindre idée de la durée de sa crise de panique. Il s'était perdu hors de la réalité, incapable de réfléchir, juste prisonnier de ses réactions primales.
Cependant, il savait exactement ce qui l'avait ramené. Ou plutôt qui l'avait ramené.

Harry Potter. Une fois de plus, il était là pour lui.

Au milieu de son désespoir, il s'accrocha à la voix de Harry, qui lui murmurait de revenir, qu'il le protégerait. Il sentit la chaleur des mains de Harry sur ses poignets, le tenant fermement. Son corps contre le sien, son souffle haché contre son cou. Ses larmes gouttaient sur sa peau, Harry pleurant encore une fois pour lui.

Aussi incroyable que ça puisse paraître, Harry était réel. Il était là, pour lui, près de lui et il ne le lâchait pas.
Drago aspira une goulée d'air tout en clignant des yeux, perdu. Cependant, il y avait le regard de Harry et il s'y accrocha, reprenant son souffle lentement.

Après quelques instants, voyant qu'il s'apaisait, Harry lâcha ses bras et voulut s'écarter, mais Drago le retint contre lui sans la moindre hésitation.
Du bout des doigts, l'adolescent essuya les larmes de Harry, hésitant et les joues rouges. Drago restait silencieux, mais il était émerveillé que Harry puisse pleurer pour lui. Harry s'était inquiété et Drago aimait beaucoup être la cible de tant d'attentions... surtout de sa part.

Ils n'eurent pas le temps de discuter de ce qui venait de se produire, puisque la porte de l'infirmerie s'ouvrit avec brusquerie. Rogue entra le premier, suivi de Dumbledore.

Drago se tendit, surtout en notant le regard noir du directeur de Poudlard sur leur position enlacée. Rogue se renfrogna plus encore si c'était possible et il afficha une grimace de dégoût qui déplut immédiatement au Serpentard.

Promesse de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant