Chapitre 101

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Après la longue conversation avec Severus, Harry avait entraîné Drago dans la chambre de Sirius et il l'avait pris dans ses bras, ayant terriblement besoin d'un contact affectif.

En cet instant, il ne savait pas vraiment s'il devait se réjouir ou non de la situation. Voldemort n'était plus, mais les Mangemorts étaient toujours présents. La guerre n'était pas terminée — pas encore.

Ce statu quo étrange pourrait durer longtemps — des semaines peut-être. Certains Mangemorts profiteraient probablement de l'absence de la marque sur leur bras pour reprendre leur vie en main et oublier les méfaits qu'ils avaient commis sous la direction du mage noir, mais d'autres en profiteraient pour semer le chaos.

Il y avait également Dumbledore qui s'accrocherait à son idée que Harry devait être sacrifié — peu importait quel était le véritable but du directeur de Poudlard. Leur professeur de potion lui avait joué un petit tour à sa façon, mais Amélia Bones n'accuserait pas Dumbledore sans preuves — si ce que lui avait dit Sirius était vrai — et il faudrait beaucoup de temps pour rassembler ces preuves...

Pourtant, Harry était plutôt satisfait d'être coincé avec Drago. Puisqu'ils n'avaient plus à s'occuper de leur survie ou de la guerre, ils avaient tout le temps possible pour explorer leur relation et découvrir ce qu'ils étaient l'un pour l'autre... et pour déterminer ce qu'ils voulaient être à l'avenir.

À l'instant où Severus les avait déchargés de toute responsabilité sur ce qui se passait dans le monde magique, Harry avait eu envie de se blottir contre Drago et d'oublier tout le reste. Il avait été soulagé de se rendre compte que son compagnon n'était pas vraiment contre cette idée.

Dans les bras l'un de l'autre, Harry avait pris conscience qu'il ne voulait pas être séparé de Drago. Il le lui avait avoué une fois de plus sans la moindre hésitation, craignant toujours d'être rejeté.

Drago avait hésité, une fraction de seconde avant de le traiter d'idiot, puis de l'embrasser. Ce fut suffisant pour allumer un brasier dans le cœur de Harry... et lui permettre de rêver d'un avenir commun.

En pensant que les choses allaient durer indéfiniment, Harry n'aurait pas pu avoir plus tort. Il profitait du temps avec Drago, faisait les devoirs demandés par Rogue, cuisinait, sans se préoccuper du reste.

Ils étaient dans leur bulle, en sécurité, loin de tout le tumulte extérieur.

La Gazette était distribuée tous les jours — probablement à la demande de Severus —, mais Harry ne s'en approchait pas. Il ne voulait pas savoir ce qui se passait dehors, si Rita Skeeter continuait d'écrire sur lui ou s'il était retombé dans un anonymat bienvenu.

Il avait été surpris de se rendre compte que Drago refusait également de lire les nouvelles, préférant se concentrer sur le moment présent.

C'est pourquoi, ils furent tous les deux surpris quand Severus entra dans la cuisine un matin alors qu'ils prenaient le petit-déjeuner, pour les regarder un long moment avant de déclarer.

– C'est terminé.

Drago avait reposé sa tartine, mais Harry avait semblé ne pas comprendre. Il avait juste cligné des yeux, perplexe, jusqu'à ce que Severus précise, avec un demi-sourire.

— La guerre est terminée.

Drago laissa échapper un rire nerveux, mais Harry secoua la tête.

— Je ne comprends pas ? Je croyais que ça serait long ! Ça ne fait qu'une semaine...

Severus lui lança un regard moqueur.

— J'imaginais que vous seriez heureux d'être libéré de cet isolement. J'ai l'impression que vous êtes presque déçu...

Harry rougit et son regard se posa sur Drago. Puis, il haussa les épaules.

— Je ne suis pas pressé de sortir et de faire face à... tout ce qui nous attend. Et c'est plutôt agréable d'être avec Drago, on apprend à se connaître différemment.

Severus laissa échapper un ricanement moqueur, qui fit rougir les deux adolescents. Harry se renfrogna légèrement et il croisa les bras sur sa poitrine, défiant son professeur.

— Comment pouvez-vous être certain que c'est vraiment terminé ?

Le maître des potions posa doucement la Gazette sur la table, exposant la première page. Le mot « Paix » s'étalait en gros caractères et attirait l'œil.

Il était illustré par une série de photos. La plus grande montrait Voldemort, ligoté et traîné par deux aurors. Le mage noir avait les yeux ouverts, mais il semblait... vide. Une légende indiquait qu'il serait enfermé à Azkaban malgré le fait que son esprit ait été réduit à néant. Une série de clichés montrait les arrestations de plusieurs personnes, dont Lucius Malefoy. Les Aurors exposaient leurs masques de Mangemort, avec des sourires fiers, tandis que leurs prisonniers se débattaient inutilement sur les photos sorcières.

Enfin, la dernière photo montrait Dumbledore, tête basse. Bien qu'il n'ait pas été arrêté, l'homme avait été déchu de ses titres et n'était plus directeur de Poudlard. Ses manquements devaient faire l'objet de plusieurs enquêtes et il semblait évident que les ennuis ne faisaient que commencer pour lui.

Harry cligna des yeux et souffla doucement. Drago avait agrippé sa main en voyant son père en photo, l'air soulagé.

Le Gryffondor hocha la tête.

— D'accord. Et vous ?

Severus eut un sourire un peu tordu et tenta d'éviter la question d'un vague geste de la main. Harry fronça les sourcils et se pencha vers lui.

— Monsieur ?

Le maître des potions renifla et haussa les épaules.

— J'aurais à répondre d'un certain nombre de choses. Rien de bien grave.

Drago se crispa, stupéfait.

— Vous allez être jugé ?

Severus haussa les épaules.

— C'est ce qui arrive quand on enfreint la loi en général.

Harry déglutit, conscient que l'homme ne dirait rien de plus. Il tourna la page du journal d'une main tremblante et hoqueta en voyant son propre visage, sur une photo datant du tournoi des trois sorciers, une photo où il paraissait très jeune et surtout totalement perdu.

Rita Skeeter s'était fendue d'un long article, intitulé « L'illusion d'un Sauveur ». Elle relatait comment Dumbledore s'était servi d'un adolescent orphelin pour ses propres projets et s'excusait presque d'avoir contribué à l'engouement pour le jeune homme en relayant la parole du directeur de Poudlard dans ses articles.

Drago gloussa en lisant l'insistance de Skeeter à qualifier Harry de jeune homme ordinaire, sans le moindre talent notable à part au Quidditch, sport dans lequel il montrait des dispositions prometteuses.

— Bon sang, Harry ! Combien de fois as-tu essayé de lui dire que tu étais un garçon normal pour qu'elle en fasse des tonnes comme ça ?

Promesse de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant