Chapitre 42

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Il avait prévu de demander à Harry des précisions sur l'endroit où ils se rendaient pendant le voyage, mais lorsque le bus infernal démarra, il comprit qu'il allait devoir attendre pour parler avec son compagnon de voyage. Pour l'instant, il lui fallait toute sa concentration pour ne pas être malade à chaque virage ou coup de frein. Il était certain que son teint virait au vert alors qu'il s'agrippait de toutes ses forces au bras de Harry, appréciant de partager le même siège avec lui.

À ses côtés, Harry était calme et il ne semblait pas incommodé. Drago le détesta un instant de supporter si bien le voyage, mais ce fut une motivation suffisante pour lui de se retenir de ne pas être malade... et de se coller contre lui.

Drago ferma un instant les yeux, mais la sensation fut encore pire. Il avait presque l'impression d'être dans un bateau sur une mer déchaînée et son estomac protestait violemment. Il évita également d'observer les mouvements désordonnés des lits qui glissaient anarchiquement, d'un côté sur l'autre, se percutant parfois, refusant même d'imaginer ce que devaient ressentir ceux qui choisissaient le voyage en position allongée.

Il y eut trois arrêts avant qu'enfin le chauffeur annonce à haute voix « Islington ». Drago fut le premier debout, impatient de mettre fin à ce calvaire et de sortir de l'engin infernal... Il ignora avec soin le ricanement moqueur de Harry pour quitter le bus, saluant vaguement le chauffeur d'un signe de tête bref, sans même le regarder.

Ils étaient à peine descendus du véhicule que le magicobus était déjà reparti, sur les chapeaux de roues. Sous le regard amusé de Harry, Drago secoua la tête avec une grimace.
— Je comprends pourquoi ce truc a mauvaise réputation. C'est...

Harry haussa les épaules tranquillement et le coupa avec un petit sourire malicieux.
— C'est pratique. Et plutôt anonyme en fait. Je suppose que les passagers sont trop occupés à ne pas se retrouver au sol pour observer leurs compagnons de voyage.

Drago haussa les sourcils en le dévisageant d'un air dubitatif, mais il choisit de garder le silence. Il avait bien des façons de qualifier ce trajet et aucun n'était positif.

Une fois qu'ils furent seuls dans la rue déserte, Drago roula des yeux et ôta le bonnet de Harry avec une moue perplexe. En le lui tendant, il regarda autour de lui avec curiosité, parfaitement concient qu'ils étaient en plein Londres moldu. Tout lui paraissait à la fois terriblement étrange et pourtant familier, comme si finalement, les deux mondes n'étaient pas si différents.
— Où sommes-nous exactement ?

Harry renifla et il regarda autour de lui, pensivement. Puis il murmura, avec un léger sourire triste, comme s'il était perdu dans ses souvenirs.
— C'est le seul nom de lieu proche de la maison de Sirius qui m'est revenu en mémoire. On est à... une dizaine de minutes de marche, à peu près. Même s'il y a peu de chances que quelqu'un parle de nous prenant le magicobus, je ne voulais pas donner l'adresse directe. Je crois que... je deviens un peu paranoïaque. Je suppose après tout que n'importe qui connaissant l'adresse comprendrait où nous sommes, mais...

Drago dévisagea attentivement Harry, lui trouvant un air abattu qu'il n'aimait pas, puis il hocha la tête, acquiesçant simplement à ses paroles sans protester ou se plaindre. Il voyait le fardeau que portait le jeune homme et il ne comptait pas en rajouter.

Ils avancèrent dans un silence inconfortable, Drago notant l'agitation de Harry qui semblait grimper en flèche à chaque pas.

Jusqu'à ce moment, Harry avait semblé s'adapter parfaitement et Drago craignait qu'il ait soudain pris conscience que c'était à son ennemi d'école qu'il avait promis sa protection, et qu'il le regrettait désormais. Peut-être même qu'il regrettait de l'avoir entraîné avec lui ou qu'il ne voulait finalement pas le conduire dans la maison de son précieux parrain.

Le Gryffondor était tellement imprévisible qu'il était persuadé que ce dernier allait craquer rapidement pour finir par avouer ce qu'il avait sur le cœur... et ce fut le cas. Harry s'arrêta soudain, le visage rouge de gêne et il se tourna vers lui tout en évitant de croiser son regard, triturant ses doigts nerveusement. Drago se raidit, imaginant qu'il allait finalement se retrouver seul, perdu en plein monde moldu... avant de se souvenir que c'était Harry Potter devant lui et que le jeune homme ne ferait jamais ça.
— Malefoy... Drago... ça ne te pose pas problème ce truc... entre nous ? Je veux dire...

Harry s'interrompit et haussa les épaules, comme si Drago était censé deviner le sens exact de sa question. Un instant, le Serpentard envisagea de le taquiner en le forçant à se montrer plus clair, avant de renoncer. Harry était si nerveux qu'un rien pouvait l'enflammer et il ne voulait pas se battre avec lui en pleine rue... Il ne voulait pas non plus prendre le risque de le voir partir en courant et l'abandonner sur place à son sort.

Drago soupira et reprit sa marche dans la direction que Harry avait prise au départ, attendant que le jeune homme le rattrape pour murmurer.
— C'est étrange. Mais pas... désagréable. Je veux dire, c'est mieux de... pouvoir parler plutôt que se battre, non ?

Il avait légèrement rougi en terminant, avec en mémoire les baisers échangés sans pour autant les mentionner. Harry pourrait bien comprendre ce qu'il voudrait après tout.
Harry resta silencieux si longtemps que Drago crut qu'il avait eu la réponse qu'il voulait, ou qu'il avait satisfait sa curiosité. Cependant, lorsqu'il s'y attendit le moins, Harry reprit, dans un souffle.
— Et le truc de... enfin... s'embrasser ?

Drago tourna la tête vers lui, si rapidement qu'il était certain d'avoir entendu sa nuque craquer. Harry était d'un rouge brique soutenu, le regard soigneusement détourné, les mains profondément enfoncées dans les poches. Il se mordillait les lèvres nerveusement et Drago cligna des yeux.

Le Serpentard prit conscience que Harry était au moins aussi nerveux que lui et probablement aussi perdu. Sauf que son camarade avait l'habitude de prendre les choses en main quand il y avait du danger et il l'avait fait...

L'expression de Harry, cette nervosité mêlée d'un peu de peur, cette soudaine vulnérabilité qu'il laissait voir, permit à Drago de se détendre. Il hésita brièvement, voulant trouver les bons mots pour ne pas risquer de le blesser, puis il murmura.
— C'est inattendu, mais... je ne m'en plains pas.

Promesse de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant