Chapitre 58

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Harry hoqueta et porta la main à son front, mais il grimaça légèrement.
— Ça pique un peu, c'est moche à quel point ? Elle a saigné beaucoup ?

Drago roula des yeux, stupéfait de voir le jeune homme sembler aussi peu concerné par les blessures qu'il pourrait avoir sur le visage. Puis, il eut un sourire mutin.
— Et bien, si on attend que les griffures que tu t'es toi-même infligées cicatrisent, je dirais que plus personne ne pourra te reconnaître grâce à ta cicatrice, parce qu'elle sera invisible. Sauf si on se colle à toi pour examiner ton front.

Harry resta silencieux, bouche ouverte, sous le choc. Il murmura, incrédule.
— Quoi ?

Drago sourit plus largement et hocha la tête, ses yeux mercure pétillant d'amusement.
— Ouais. Elle n'est plus rouge comme avant. Elle a pâli, vraiment pâli. En fait, elle est déjà presque invisible, juste une ligne blanche. Je pense qu'on la voit encore parce que justement tu as griffé autour... Merlin, Potter, es-tu un chat pour t'infliger ça ?

Harry gloussa et leva le bras de Drago une fois de plus pour exposer les marques d'ongles sanguinolentes.
— Dis le serpent qui s'est lui aussi griffé jusqu'au sang...

Ils échangèrent un regard complice avant de rire. Un rire de soulagement mêlé à de la joie la plus brute.

Quelque chose de bon s'était produit pour une fois et ils savouraient la sensation de savoir que le danger avait été écarté. Bien sûr, il y avait encore beaucoup de choses à résoudre, mais au moins, leurs vies n'étaient plus en sursis immédiat.


*Il leur fallut l'aide d'une autre potion antidouleur de Pomfresh et quelques longues minutes supplémentaires avant de pouvoir se lever et se traîner misérablement jusqu'à la chambre de Sirius.

Il leur fallut quelques heures de plus pour être capable de passer l'un après l'autre sous une douche brûlante, pour décontracter leurs muscles mis à rude épreuve, et se sentir un peu mieux.Harry avait eu l'occasion de découvrir la quasi-disparition de sa cicatrice et il avait longuement fixé son reflet, déstabilisé, sa main tremblante maintenant, ses cheveux en l'air pour l'examiner de près.

Depuis toujours, cette marque faisait partie de lui. Il l'avait détesté, bien sûr, parce qu'elle représentait la mort de ses parents, mais elle était une part de son identité. La preuve qu'il avait survécu à cette terrible nuit, le lien qu'il avait malgré lui avec le meurtrier de ses parents.

Ça avait été un rappel constant de ses responsabilités, de son rôle dans la guerre.

Désormais, il était libéré de tout ça. La cicatrice avait disparu.

Harry avait soudain pensé qu'il n'avait plus le moindre lien avec Voldemort. Il n'y avait aucune preuve bien sûr, mais il en était intimement persuadé. Il comprit également que Dumbledore lui avait probablement caché beaucoup de choses, au sujet de cette cicatrice et de son rôle exact dans la guerre.

Cependant, il avait repoussé toutes ces pensées. Il était en vie, Drago était en vie. Ils étaient libres, autant que possible. Et ils étaient assez loin de Poudlard pour ne plus être sous l'influence du directeur. Quoi que le vieil homme ait prévu pour eux, ils avaient leur propre destin en main et pouvaient agir à leur guise.

Lorsque Harry sortit de la douche, il trouva Drago allongé dans le lit de Sirius, leur lit, fixant son bras. Harry s'était laissé tomber à ses côtés et il s'était collé contre lui.

Alors que Harry s'installait dans ses bras, Drago avait murmuré, d'une voix étrangement douce.
— Je te dois tellement pour tout ce que tu as fait pour moi, Harry.

Avec un soupir, Harry se redressa légèrement, juste pour pouvoir croiser son regard et lui montrer qu'il était pleinement sincère.
— Tu ne me dois rien.

Drago fronça les sourcils, prêt à protester, mais Harry l'interrompit d'un léger baiser. Il rougit légèrement, avant de murmurer.
— Tu te souviens de ce qu'on a lu au sujet de la promesse de sang ? C'est un lien pour se protéger mutuellement. Tu penses que tu me dois beaucoup, mais je te dois autant, tu sais. Je crois qu'il y avait quelque chose de mauvais avec ma cicatrice et sans toi...

Drago l'attira contre lui sans un mot, grimaçant lorsque son estomac commença à gargouiller. Il avait faim, mais il était bien trop épuisé pour aller jusqu'à la cuisine. Harry marmonna quelques mots, mais Drago le maintenait contre lui, refusant de le laisser se lever. Avant que le Gryffondor ne puisse protester, Kreattur apparut devant eux et leur déposa un plateau empli de sandwiches.

Les deux adolescents clignèrent des yeux, perplexes, et l'elfe s'inclina légèrement.
— Les maîtres doivent avoir faim. Kreattur peut aider.

Harry jeta un bref coup d'œil à Drago avant de reporter son attention sur le vieil elfe.
— Merci Kreattur. C'est... très gentil à toi.

L'elfe s'inclina une fois de plus et disparut. Harry gloussa nerveusement et secoua la tête.
— Considère que ta dette inexistante est payée pour avoir amadoué ce fichu elfe. Je croyais qu'il finirait par m'étouffer dans mon sommeil tant il me déteste et... il semble réellement transformé depuis qu'il t'a vu avec moi.

Drago plissa le nez.
— Je ne lui ai même pas parlé. À part le premier soir, quand je lui ai demandé de me montrer la chambre, je l'ai juste... évité.

Harry gloussa en frottant son nez dans le cou de Drago.
— Tu dois être plus impressionnant que je ne pensais.

Ils chahutèrent quelques secondes, avant de se jeter sur les sandwiches tout en plaisantant comme les enfants qu'ils étaient encore un peu.

Alors qu'il terminait de manger, Harry songea qu'il n'avait jamais été si heureux. Il était assis dans le lit, en tee-shirt et caleçon ayant appartenu à Régulus Black, les cheveux encore humides de sa douche, face à Drago, vêtu de la même façon. Ils mangeaient tranquillement tout en plaisantant, sans haine, sans inquiétude.

Pour la première fois depuis son arrivée dans le monde magique, sa vie n'était pas immédiatement en danger. Il était caché du monde magique, loin des manigances du ministère, du directeur de Poudlard ou de l'esprit pervers de Voldemort. Cette liberté inattendue lui avait ôté des épaules un poids qu'il n'avait pas conscience de porter et il se sentait apaisé. Serein.

En face de lui, Drago semblait être dans le même état d'esprit. Il mangeait de bon appétit, et son visage était détendu. Pour la première fois depuis qu'il le connaissait, Drago souriait, rêveur.

Promesse de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant