Chapitre 84

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Harry et Drago allaient se battre ensemble, faire face ensemble à Voldemort. Cette idée aurait dû emplir le Serpentard de terreur et lui donner envie de se cacher le plus loin possible de toute cette folie. Pourtant il était là, tenant Harry contre lui affalé dans leur lit, profitant du moment présent en attendant l'instant crucial.

L'arrivée de l'elfe indiquait que le moment était venu d'agir. Que les choses s'accéléraient soudain et que la petite bulle tranquille qu'ils avaient construite était sur le point d'exploser. Harry prit le parchemin avec hésitation, soudain pâle, et Drago résista à la tentation stupide de le lui arracher pour le réduire en miettes, espérant repousser l'échéance. Puis, le jeune homme leva la tête, un peu incertain, et il passa une main nerveuse dans sa tignasse brune.

— Rogue nous annonce qu'il va lui donner la potion. En fait, il est en route, en ce moment. Nous devrions...

Drago se redressa, pâle, mais déterminé, et il hocha la tête. Il enfila un sweat par-dessus son tee-shirt et mit chaussettes et chaussures. Dans son dos, Harry faisait les mêmes gestes en silence. Ils s'étaient allongés, vêtus de pantalons confortables que Régulus devait à l'époque utiliser lorsqu'il était chez lui et de tee-shirts délavés, devinant qu'ils pourraient avoir à partir n'importe quand. Ils avaient eu raison, visiblement.

Ils furent prêts rapidement, bien trop vite aux yeux de Drago. En voyant Harry avec cet air déterminé qu'il connaissait bien, il ferma un instant les yeux, priant de toutes ses forces que son compagnon ne serait pas blessé. Que Harry ne prendrait pas de risques inconsidérés.

Ils eurent cependant un moment d'hésitation au moment de partir. Rogue leur avait ordonné de ne pas sortir, pas sans son autorisation expresse. Ils allaient désobéir et pire encore, ils allaient se jeter dans la gueule du loup. Au premier plan des hostilités.

Harry sembla se décider, puisqu'il hocha la tête, le regard dans le vague. Ensuite, il attira doucement Drago contre lui et embrassa ses lèvres avec douceur. Puis, il capta son regard et murmura, avec une pointe d'incertitude mêlée à de l'impatience.

— Tu es prêt ?

Drago soupira. Il pouvait toujours dire à Harry qu'il avait changé d'avis. Il était certain que ce dernier ne lui en voudrait même pas. Mais ça ne ferait pas changer d'avis le Gryffondor. Ce serait juste une façon de gagner un peu de temps et ça conduirait à créer un fossé entre eux.

De toute façon, l'un comme l'autre, ils savaient qu'ils devraient s'impliquer à un moment ou à un autre.

Il se tendit légèrement, puis il murmura avec une pointe d'amertume.

— Pas vraiment prêt, mais on doit y aller, non ?

Harry leva la main et caressa sa joue, rougissant légèrement, mais son regard vert exprimait toute son affection. Drago se détendit légèrement, parce qu'il avait confiance en lui.

— Tout ira bien, Drago. Ensemble, d'accord ?

Drago ne put s'empêcher d'afficher un sourire en coin, légèrement moqueur.

— Tu crois vraiment que je vais te laisser t'amuser sans moi ?

Cependant, en prenant les mains de Harry dans les siennes, juste avant de transplaner pour le manoir Malefoy, l'endroit où il avait grandi, Drago eut une hésitation.

— Harry... Si... S'il y a mes parents... Ne te laisse pas distraire, d'accord ? Je sais que... Que tu voudras me ménager ou que tu penses que... Mais ne les laisse pas... Agis comme avec n'importe quel Mangemort.

Harry lui rendit son regard, puis il hocha doucement la tête.

— Je te protégerai, toi et uniquement toi. Que ce soit d'un Mangemort ou de tes parents. Ça te va ?

Drago hésita encore avant de soupirer. Son instinct lui hurlait que leur petite sortie risquait de virer au drame, mais il savait à quel point Harry était déterminé. Alors il eut un bref rictus en levant les yeux au ciel.

— Je suppose que je devrais m'en contenter.

Drago les fit transplaner, les yeux dans les yeux avec Harry. À l'arrivée, il stabilisa le jeune homme dans ses bras pour l'empêcher de trébucher. Ensuite, il le laissa s'écarter de lui, malgré son envie de le garder dans ses bras. En sécurité.

Cependant, Harry ne s'éloigna pas vraiment. Il pivota juste sans lâcher Drago, pour observer le manoir Malefoy, les sourcils froncés.

Drago leva les yeux pour regarder lui aussi la propriété devant eux, la gorge nouée, se demandant ce que Harry en pensait.

Le manoir avait été son foyer. Depuis sa naissance, il avait vécu à cet endroit. Il y avait grandi, y avait joué. Il connaissait chaque coin de cet endroit et même s'il avait été solitaire, il y avait beaucoup de bons souvenirs.

Il avait cru que c'était son foyer et que ce serait toujours son refuge. L'endroit où il pourrait se laisser aller, en toute liberté, loin des yeux de tout le monde — y compris de ses parents.

Puis, Voldemort était revenu. Son père avait été emprisonné et le mage noir s'était installé dans sa maison, pervertissant tous ses souvenirs d'enfance. Il avait été marqué entre ses murs, contre sa volonté. Et il avait versé des litres de larmes, caché dans sa chambre. Après tout ça, il ne se sentait même plus en sécurité, même au fond de son lit, caché sous ses couvertures.

Il avait toujours été fier de cette grande maison, de ce jardin immense et fleuri. L'intérieur était encore plus impressionnant, puisque chaque pièce était aménagée avec soin, digne de figurer dans un catalogue de décoration d'intérieur.

Maintenant... la maison n'était plus si attrayante. L'extérieur ne semblait pas avoir changé, mais le jardin semblait un peu moins entretenu, un peu plus sauvage. C'était suffisant pour transformer un foyer en un lieu de désolation.

La dernière fois qu'il avait traversé les pièces, les Mangemorts allaient et venaient librement, posant leurs mains crasseuses partout, sans le moindre respect pour les œuvres d'art que sa mère avait patiemment agencées.

Drago soupira. Ce n'était plus chez lui. Ça ne le serait plus jamais. Il s'était senti bien mieux square Grimmaurd en compagnie de Harry... Cette simple pensée fut suffisante pour chasser ses démons et lui permettre d'avancer, l'esprit clair. Peu importait que Harry aime ou non ce manoir luxueux, il ne comptait plus jamais y vivre, quoi qu'il arrive. Il avait l'impression qu'il ne dormirait jamais plus paisiblement entre ces murs, qui avaient entendu bien trop de cris.

Détournant les yeux, il sourit à Harry, et l'entraîna à sa suite pour se glisser dans le jardin. Ils avaient une mission à accomplir.

Promesse de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant