Chapitre 97

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Harry lui lança un regard furieux et esquissa un geste pour se relever, mais Drago l'en empêcha, lui agrippant le bras.

— Quel est le problème ?

Harry le dévisagea un long moment, cherchant la moindre trace de moquerie dans le regard gris. Puis, il se détendit légèrement et haussa les épaules, boudeur.

— Aucun problème.

Drago ricana.

— À d'autres. S'il n'y avait rien, tu n'aurais pas eu cette réaction typiquement Gryffondor.

Harry soupira et secoua la tête.

— Je suis probablement fatigué. Laisse tomber.

Un bref instant, Drago le crut. Ils avaient tant traversé ces derniers temps que Harry avait le droit d'avoir des réactions un peu démesurées. Cependant, il savait que s'il abandonnait maintenant, Harry refuserait de revenir sur le problème et ce serait comme un poison entre eux.

Il desserra sa prise sur le bras de Harry pour laisser glisser sa main, jusqu'à entrelacer leurs doigts. Sans le quitter des yeux, il murmura.

— Depuis que je suis en âge de comprendre ce qu'on attend de moi, mes parents parlent de me faire épouser une héritière qui apportera quelque chose à notre famille. Argent, pouvoir, peu importe.

Harry renifla sans commenter et Drago eut un sourire amusé.

— Bien sûr, toi tu as une vision romantique du mariage, non ? Un truc de fidélité, d'amour éternel ? Dans ma famille, c'est... une transaction commerciale, rien de plus. Un échange de bons procédés. Chacun retire des bénéfices et il faut un héritier pour transmettre le patrimoine.

Harry fronça le nez, hésitant entre s'emporter ou rire.

— C'est... glauque.

Drago gloussa.

— Ne fais pas cette tête. C'est une vision comme une autre. Mes parents s'en sont plutôt bien tirés, non ? Ils s'entendent bien, de ce que j'en sais. Ils vivent leurs vies chacun de leur côté et je n'ai jamais entendu ma mère se plaindre.

Harry hocha la tête pensivement, puis il murmura, perplexe.

— Qu'est-ce que tu essaies de me dire ?

Drago caressa du pouce la main de Harry, les mots se bloquant dans sa gorge. Finalement, il trouva le courage d'exposer ses sentiments, ceux dont il avait pris conscience au fil des jours passés près de Harry et qu'il pensait garder secrets.

— Je veux dire que cette histoire de mariage n'a aucune valeur, aucun intérêt pour moi. Si je devais obéir à mes parents, je ne me soucierais pas vraiment de la fille qu'ils choisiraient pour moi. Elle ne verrait de moi que... que ce que tout le monde voit à Poudlard. Un abruti prétentieux...

Harry sourit et Drago lui lança un regard complice. Il inspira et reprit, baissant légèrement la voix.

— Avec toi... c'est différent Harry. J'espère que tu le sais...

Harry cligna des yeux, espérant cacher les larmes qui perlaient à ses paupières. Les mots de Drago l'avaient touché en plein cœur, mais il n'osait pas espérer trop.

Il resta immobile, fixant son compagnon.

Drago se redressa sur ses genoux et approcha lentement de Harry, le visage grave. S'appuyant sur les cuisses de Harry, il se pencha et il l'embrassa avec douceur. D'abord un effleurement. Puis un baiser plus profond, soupirant de soulagement quand Harry répondit au baiser et leva les mains pour l'enlacer et le tirer contre lui.

Avec un rire, Drago s'effondra sur Harry, sans cesser de l'embrasser.

Lorsque leurs lèvres se séparèrent, Harry avait les joues légèrement rouges et il regardait Drago avec un petit sourire rêveur.

Il soupira et murmura, avec encore une pointe d'incertitude.

— Ça veut dire que tu restes avec moi ?

Drago hocha la tête lentement.

— Je reste près de toi.

Après le départ de Drago, Severus était resté immobile, toujours assis sur le lit, le regard dans le vague.

L'avenir était encore incertain et il détestait ne pas savoir ce qui se passait, que ce soit dans un camp ou dans l'autre. Attendre n'était pas son genre, mais il n'avait pas vraiment d'autre choix pour l'instant.

Avec un soupir, il se leva et déboutonna sa robe de potionniste. Il la jeta négligemment sur le lit, et remonta la manche de sa chemise pour exposer son bras.

Il eut un halètement stupéfait en voyant la marque des ténèbres. Elle n'avait pas vraiment disparu, il restait une tache grisâtre sur son bras, mais elle était impossible à discerner. Ses contours s'étaient fondus dans sa peau. En fait, ça ressemblait parfaitement à un parchemin dont l'écriture aurait été diluée par un liquide : illisible et pâlissant.

Sans quitter son bras des yeux, il tendit la main et ouvrit la porte, avant d'appeler à pleins poumons le garçon qui avait rendu tout ceci possible.

— Potter !

Il savait que Drago viendrait également — s'il n'était pas stupide, il était collé à son camarade. Petit-ami. Compagnon. Quelle que soit la façon dont ces deux adolescents voulaient se définir.

Il entendit un bruit de cavalcade et il se retint de rouler des yeux. Il n'allait certainement pas se montrer mesquin, pas après ce qui lui avait été offert... Une nouvelle chance.

Malgré lui, Severus eut un sourire sincère en voyant les deux adolescents arriver, main dans la main. Il hocha la tête d'approbation en direction de Drago et il fut surpris de la gratitude qu'il lut dans le regard gris.

Harry approcha prudemment, l'air inquiet, ne sachant visiblement pas comment se comporter avec lui.

— Il y a un problème, monsieur ?

Severus ne put retenir un gloussement nerveux, s'amusant de voir les deux garçons écarquiller les yeux. Il leur montra son bras, avec un sourire tordu inhabituel chez lui.

Harry approcha d'un pas et leva la main, mais il retint son geste avant de toucher la peau de son professeur. Il lui lança un coup d'œil inquiet avant de murmurer.

— Puis-je ?

Severus hocha juste la tête, retenant tout sarcasme. Il était assez curieux d'entendre ce que le garçon aurait à dire et s'il voulait toucher son bras, il n'allait certainement pas pousser des cris effarouchés et le repousser.

Harry baissa sa main, avec douceur, jusqu'à ce que son doigt entre en contact avec la peau pâle et tachée. Aussitôt, les résidus d'encre de la marque des ténèbres s'écartèrent, comme si Harry agissait comme un répulsif.

Severus émit un hoquet choqué. Le ressenti était étrange. Ce n'était pas douloureux, juste un petit picotement. Une sensation de mouvement, juste sous sa peau, déstabilisante.

L'adolescent murmura, l'air effrayé.

— On dirait que l'encre est juste sous votre peau, monsieur. Comme si elle attendait d'être... contrainte en un motif.

Promesse de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant