Chapitre 87

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Lucius plissait les yeux, attendant le premier signe de faiblesse ou la première erreur de sa part. Derrière lui, Voldemort hurlait toujours et Severus devait avouer qu'il était assez admiratif que le mage noir soit toujours à l'agonie et qu'il ait pu supporter toute cette douleur sans perdre connaissance. Il se demanda distraitement s'il terminerait comme les Longdubat — ce qui assurément ferait plaisir à la vieille Augusta — avant de se reprendre et de chasser toute pensée parasite de son esprit. Ce n'était pas le moment d'être distrait, pas en plein milieu d'un nid de serpents furieux.

Décidant que d'un côté les choses étaient sous contrôle, Severus soupira et tourna la tête pour déterminer qui était entré dans son dos. Ses yeux s'écarquillèrent légèrement en voyant les deux personnes dans l'entrée, baguettes en main, et il jura silencieusement, conscient que sa situation venait de se compliquer singulièrement.

En voyant le couple devant la porte, Severus sut qu'il était perdu. Il ne s'en sortirait pas vivant. Il resta immobile et silencieux, attendant avec résignation que l'enfer se déchaîne sur sa tête.

Bellatrix Lestrange chantonnait de sa voix criarde et fausse, jusqu'à ce qu'elle entende leur maître hurler. Elle fronça les sourcils, les regardant tous, puis avança, titubant presque sur ses bottines à hauts talons alors que sa poitrine se soulevait de plus en plus vite. Elle semblait proche de la panique et lorsque cette dingue paniquait... il y avait du sang, de la douleur et des morts.

Elle commença à marmonner, criant de plus en plus fort jusqu'à ce que ses questions soient parfaitement audibles et compréhensibles.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? Qu'est-ce qui se passe ? Qui a fait ça ?

À ses côtés, Rodolphus se renfrogna et croisa les bras sur sa poitrine, se plaçant face à Severus. Ils échangèrent un long regard et Severus ressentit presque de la compassion pour cet homme dont l'épouse se traînait aux pieds de leur maître au vu et au su de tout le monde.

Comme Bellatrix commençait à devenir incontrôlable, hurlant et tournant sur elle-même, baguette en main, Rodolphus haussa les épaules et marmonna un « bon courage » avant de partir d'un pas lourd, en direction des escaliers. Probablement pour y rejoindre sa chambre et attendre que tout ce désordre soit réglé.

Severus cligna des yeux, incrédule. Il ignora l'homme mutique qui s'éloignait tranquillement, sans sembler choqué par les cris d'agonie de son maître, pour reporter son attention sur son principal problème.

Bellatrix et sa folie.

Lucius afficha un rictus satisfait. Il prit le temps de dévisager Severus avec une pointe de triomphe dans le regard et sa voix porta parfaitement.

— Severus a empoisonné le maître avec une de ses potions.

Les marmonnements de Bellatrix cessèrent brusquement alors qu'elle se figeait, cessant de gesticuler dans tous les sens. Elle se tourna lentement vers Severus, sa baguette en main, ses yeux brillant d'un éclat de cruauté sans égal.

Le reste des Mangemorts resta silencieux, personne ne voulant prendre part à cette querelle, leur regard naviguant de Severus à Lucius, avant de reporter leur attention sur Bellatrix. Ses actes étaient le plus souvent imprévisibles, ce qui faisait d'elle un danger en toutes circonstances. Elle pouvait attaquer sans prévenir, sans se soucier du camp de ses victimes. Elle était pire qu'un animal sauvage et mieux valait la garder à l'œil.

Severus resta silencieux. Ce n'était pas la peine de plaider son innocence, Bellatrix ne l'écouterait pas. Bellatrix n'entendait que ce qui l'arrangeait...

Elle commença à avancer vers lui lentement, d'un pas chaloupé, ondulant de façon presque obscène juchée sur ses bottes lacées à talons aiguille. Elle caressait sa baguette entre ses doigts, le fixant sans ciller, ses paupières lourdes ne parvenant pas à cacher la folie qui brillait dans ses yeux gris. Son large sourire dévoilait ses dents gâtées et la rendait encore plus effrayante, probablement parce qu'elle semblait apprécier le moment.

La regarder avancer vers lui, c'était comme regarder un serpent venimeux approcher. Mortellement dangereuse, toute l'attention de cette femme brisée par Azkaban était fixée sur Severus et ce dernier ne commettrait certainement pas l'erreur de la sous-estimer. Ceux qui avaient pensé pouvoir défier Bellatrix et s'en sortir indemnes n'avaient pas survécu.

Bellatrix cria soudain, déchaînée.

— Qu'as-tu fait misérable ?

Severus croisa les bras devant lui, serrant sa baguette entre ses doigts, prêt à se battre si nécessaire. Il leva un sourcil moqueur et laissa un long moment passer avant de répondre, d'un calme glacial.

— J'ai obéi aux ordres du Maître.

Il savait qu'il la provoquait, mais il espérait qu'elle deviendrait imprudente en étant enragée — plus qu'à son habitude. Mieux valait être tué sous la rage plutôt que livré aux tortures toujours très inventives de cette femme.

Bellatrix hurla de rage et lança un doloris que Severus ne chercha pas à éviter. Il serra juste les dents, s'appuyant contre le mur derrière lui pour ne pas s'effondrer. Malgré la douleur, il ne donnerait pas à cette folle le plaisir de se plaindre. Garder son calme était la seule façon de lui faire face, Bellatrix se nourrissait de la peur de ses victimes.

Bellatrix leva le sort avec un rire cinglé et répéta, s'immobilisant à quelques pas de lui.

— Qu'as-tu fait, vermine ?


***************


Drago avait entraîné Harry à sa suite, dans les jardins du manoir. Ils se précipitèrent en silence, évitant de passer devant les fenêtres, cherchant à ne pas se faire remarquer, courant presque d'un massif de fleurs à l'autre.

Lorsque les hurlements commencèrent, quelque part à l'intérieur du manoir, Harry se figea, les yeux écarquillés, haletant. Drago lui jeta un regard inquiet, puis s'arrêta pour prendre les joues de son compagnon entre ses paumes, le fixant gravement, essayant de l'apaiser.

— Harry. Tout va bien. Il ne faut pas être repérés si on veut aider le professeur Rogue, ok ?

Harry déglutit et secoua la tête, recouvrant les mains de Drago des siennes, caressant ses doigts avec tendresse. Il chuchota, l'air effaré et l'air perdu.

— Tu ne comprends pas. Ce n'est pas Rogue qui hurle. C'est... c'est lui.

Drago se figea et lança un regard derrière lui, vers la maison, comme s'il espérait pouvoir regarder au travers des murs. Il souffla, incrédule.

— Tu es sûr ?

Promesse de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant