Chapitre 22

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D'un seul coup, Drago oublia la conversation en cours et il prit conscience de ce qu'impliquait le fait qu'il soit torse nu. La marque des ténèbres serait exposée à l'instant où Harry bougerait, puisque pour l'instant, il emprisonnait son bras marqué entre leurs deux corps.
Si les deux hommes au pied de leur lit discutaient avec si peu de discrétion, c'était probablement le signe qu'ils attendaient leur réveil et qu'ils ne bougeraient pas avant d'avoir eu une conversation avec eux.

Drago ne voyait absolument pas comment il pourrait se débrouiller pour ne pas exposer ses erreurs à la vue de tous et donner un motif de plus à Dumbledore pour l'enfermer quelque part. Bien sûr, Dumbledore devait se douter qu'il était marqué. Rogue était au courant étant donné qu'il avait assisté à la cérémonie humiliante — se tordre de douleur et pleurer en suppliant n'était pas forcément l'un de ses meilleurs souvenirs, sans compter la séance de Doloris reçue ensuite du seigneur des Ténèbres pour sa faiblesse — mais Rogue avait ses propres secrets à protéger.

Compte tenu du lien magique qu'il avait avec le petit protégé de Dumbledore, le directeur n'hésiterait probablement pas à utiliser la marque imprimée dans sa chair pour le forcer à rester à distance. Pour le garder enfermé, en lui promettant de ne pas aller à Azkaban en échange de sa coopération.
La panique déferla sur lui à toute vitesse, accélérant son rythme cardiaque. Il n'entendait plus rien autour de lui, trop occupé à ne pas bouger, à ne pas émettre un son pour ne pas laisser voir qu'il était réveillé. Il sursauta presque en sentant le bout des doigts de Harry bouger très légèrement sur sa peau, appuyant doucement et relâchant, formant de minuscules cercles sur sa peau, comme pour le réconforter au mieux.
Il expira doucement, résistant à l'envie d'ouvrir les yeux, bêtement ému de la réaction de son Gryffondor attitré.

L'arrivée de Pomfresh, bruyante et furieuse, leur permit d'ouvrir les yeux sans être le centre de l'attention. Leurs yeux se croisèrent brièvement et Harry lui adressa un léger clin d'œil avant d'attraper le drap discrètement et de le remonter sur eux, aussi haut que possible.
Drago cligna des yeux, essayant de ne pas craquer alors que ses émotions semblaient passer d'un extrême à l'autre. Le soulagement que Harry ait compris le problème le laissa presque haletant, mais il se reprit rapidement, repoussant toutes ces idées parasites de son esprit, tous ces sentiments perturbés, pour se concentrer sur la situation actuelle.
Harry s'assit tranquillement et se plaça de façon à ce que Drago puisse cacher son bras marqué derrière son corps pendant que l'infirmière se plaignait une fois de plus du manque de respect envers ses patients, jurant qu'elle allait poser un sortilège sur sa porte pour empêcher quiconque d'entrer sans son autorisation.

En les voyant assis et réveillés, Dumbledore écarta Pomfresh sans ménagement pour fondre sur eux, les fixant à tour de rôle de son regard bleu perçant. Il ignora Drago pour fixer Harry avec une certaine avidité et le Serpentard ne put s'empêcher de poser sa main dans le dos de l'adolescent, souhaitant lui offrir le même réconfort qu'il lui avait donné sans la moindre hésitation.
– Harry. Nous pouvons garder Drago en sécurité, ainsi que sa mère, comme tu le souhaitais. Mais pour cela, il faudra le garder dans un lieu sécurisé et secret, tu comprends ? Nous ne pouvons pas nous permettre de l'exposer et de risquer de te perdre suite à un malheureux accident...

Le Gryffondor grogna, n'étant pas un seul instant dupe.
— C'est hors de question.
Rogue intervint, d'un ton las. Il semblait avoir épuisé tous ses arguments contre Dumbledore et s'être rangé à l'avis du directeur pour finir.
— Potter ! C'est la meilleure alternative possible. Monsieur Malefoy serait en sécurité et c'est ce que vous vouliez, il me semble !

Drago leva les yeux sur son professeur de potions et lui lança un regard trahi. Il n'oubliait pas que sa mère lui avait juré qu'il pourrait compter sur son aide, mais elle s'était visiblement trompée sur son compte.

Depuis l'arrestation de son père, sa vie si parfaite volait en éclats autour de lui et ce n'était qu'une étape de plus. Il aurait probablement à faire face à d'autres trahisons. Cependant, les quelques heures de sommeil paisible lui avaient permis de comprendre que si Harry avait été le déclencheur de tout ce désastre, il n'avait fait que mettre en lumière l'illusion sur laquelle il vivait depuis sa naissance.


*


Harry s'était toujours appuyé sur la présence de ses amis et de ses proches pour se sentir fort. Lorsqu'il se tenait tête, lorsqu'il se battait, c'était rarement pour lui.
En seconde année, il avait pris des risques inconsidérés à l'instant où Hermione avait été pétrifiée. En troisième année, il avait fait face à Sirius en pensant qu'il était un criminel à l'instant où il avait enlevé Ron. Puis, il avait affronté les Détraqueurs pour sauver Sirius, sans parler de cette opération désastreuse quelques années plus tard au ministère, paniqué à l'idée de perdre sa seule famille.

Le jeune homme pensait que Dumbledore l'avait compris, mais visiblement il n'en tenait pas compte. Ou il ne pensait pas qu'il irait aussi loin pour Drago Malefoy.
Le directeur ne cessait de lui répéter que l'amour était sa force, mais il lui reprochait de suivre son cœur. S'il avait accordé sa confiance pleine et entière au vieil homme à son arrivée à Poudlard, ce n'était plus le cas. Plus depuis qu'il avait perdu Sirius. Pas depuis qu'il avait dû retourner encore et encore chez les Dursley, après avoir tenté d'expliquer à quel point les choses étaient mauvaises pour lui.

Il n'allait pas se fatiguer à argumenter. Rogue ne cessait de répéter qu'il était un enfant gâté, alors il allait lui donner raison. Il haussa donc tranquillement les épaules puis déclara, avec aplomb.
— Je ne changerai pas d'avis. Si vous l'enfermez, vous aurez à trouver un autre sauveur pour vos petits plans.

Harry profita de la surprise des deux adultes pour lancer un regard furieux à Dumbledore, puis il étira ses lèvres en un sourire glacé avant de poursuivre d'un ton suave.
— Après tout, que penseraient les gens si la Gazette apprenait que vous m'emmeniez pour de soi-disant missions en dehors de l'école, sans la moindre autorisation, alors que vous n'êtes pas mon tuteur ?

Promesse de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant