Chapitre 29

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En voyant Harry se figer aux mots de madame Pomfresh, Drago sut qu'elle avait touché du doigt le cœur du problème. Il se rapprocha de son camarade, collant leurs épaules ensemble, puis il posa une main timide sur sa jambe, espérant ne pas être repoussé.
— Je ne t'en veux pas.

Harry eut un pauvre sourire et il haussa les épaules.
— J'ai failli te tuer... Bon sang, je ne savais pas ce que ce sort provoquerait et je l'ai lancé sur toi ! L'infirmière soupira, attirant leur attention.

— Vous vous battez depuis votre arrivée à Poudlard, jeunes gens. Ce n'est pas vraiment surprenant d'en arriver à ce genre de choses, avec la quantité de stress que vous devez gérer tous les deux.
Harry rougit légèrement et se redressa, prêt à protester. Cependant, l'infirmière leva la main et le regarda avec sévérité, l'empêchant de prendre la parole. Après une pause brève, elle reprit, d'un ton plus doux.

— Un drame a été évité, tout finit pour le mieux. Peut-être qu'il s'agit pour vous d'une occasion de repartir sur de bonnes bases ?

Drago glissa un bref regard en direction de Harry. Ce dernier semblait réfléchir aux mots de l'infirmière et il hocha lentement la tête. Ils échangèrent un regard et Harry sembla se détendre, comme si un poids invisible était ôté de ses épaules. Le Serpentard savait qu'il aurait encore des moments de doute, il éprouverait encore de la culpabilité. Mais il comptait bien lui répéter encore et encore qu'il ne lui en voulait pas. Sa vie était un tel désastre que se vider de son sang lui avait semblé la meilleure solution... Bien meilleure que d'être mis à mort par Voldemort après de nombreuses tortures pour avoir échoué...

L'infirmière les observa encore quelques secondes, l'air triste. Elle leur pressa l'épaule à tour de rôle, comme pour les inviter à venir lui parler s'ils en avaient besoin. Elle ne pouvait pas faire plus que de leur offrir une oreille attentive et du réconfort.

Voyant qu'ils semblaient apaisés, elle les laissa, déterminée à passer les voir régulièrement pour s'assurer qu'ils iraient bien.

Lorsqu'ils furent seuls de nouveau, Harry murmura sans oser lever les yeux.
— Je m'en veux vraiment, tu sais, de t'avoir lancé ce sort. Tout le monde me dit que je dois tuer Voldemort, mais je ne suis pas certain d'en être capable. Je veux dire... il a tué mes parents, il m'a enlevé toute ma famille et à cause de lui j'ai eu une vie pourrie, mais... l'idée de le tuer me glace. Je ne suis pas capable d'ôter la vie à quelqu'un et de reprendre ma vie tranquillement ensuite. Je crois que... que ça me détruira.

Drago déglutit et ferma les yeux. Ces mots auraient pu sortir de sa bouche, parce qu'il avait pour mission de tuer un homme lui aussi. Et comme Harry, il n'était pas certain d'en être capable. L'idée même de faire face à Dumbledore et de lever sa baguette sur lui lui donnait la nausée.Alors, il agrippa Harry un peu plus fermement, pour le coller contre lui. Il chuchota juste un « je sais » étranglé.

Lorsque leurs lèvres se trouvèrent, Drago soupira, comme s'il avait trouvé sa place dans le monde. Harry avait toujours été le centre de son univers et il se sentait en sécurité près de lui. Ce n'était pas un baiser brutal ou empressé. Il n'y avait pas de désir soudain, pas de précipitation. Drago l'embrassait juste lentement, avec tendresse et presque de l'adoration. Ils prenaient le temps de se découvrir, de s'apprivoiser, indifférents à ce qui les entourait.

Lorsque le baiser prit fin, Drago retint Harry contre lui, caressant la naissance des cheveux dans sa nuque, front contre front avec lui. Harry lui avait prouvé plusieurs fois que la marque sur son bras ne le gênait pas. Drago espérait lui faire comprendre que le sort qu'il avait reçu n'était qu'un accident, un terrible accident. Le Serpentard lui-même avait initié la dispute et dans le feu de l'action, Harry avait répliqué d'un sort inconnu. C'était probablement stupide, mais ça ne faisait pas de Harry un monstre et surtout, Drago ne lui en voulait pas.

Il sentit le Gryffondor se détendre contre lui et il ferma les yeux de soulagement.
Après une brève hésitation, Drago murmura.
— J'aime ça, tu sais. Que tu aies besoin de me toucher. Je veux dire... j'ai l'impression d'être important.

Harry s'écarta un peu brusquement pour le fixer, les sourcils froncés.
— Mais tu es important.

Drago eut un sourire triste et resta silencieux. Profitant du fait qu'ils étaient de nouveau seuls, le jeune homme murmura, la gorge nouée.
— Et si Dumbledore ne t'implique plus dans ses projets, à cause de moi ? À cause de notre lien ?

Harry haussa les épaules, comme si ça n'avait pas la moindre importance. Mais il garda un léger rictus aux lèvres, les yeux pétillants de malice.
— Il va devoir prendre en compte ce que je veux, ou il devra trouver une autre marionnette à montrer au monde magique.

Drago laissa échapper un petit rire nerveux. Puis il secoua la tête, avec une pointe d'amusement.
— Par pitié, ne prononce pas mon nom quand tu négocieras ou il croira que c'est moi qui te dévergonde... Je préférerais éviter que Dumbledore ne m'enferme accidentellement dans une pièce perdue de Poudlard pour m'éloigner de toi.

Harry sourit tranquillement et approcha, jusqu'à frôler les lèvres de Drago. Il chuchota, sans s'éloigner, son souffle caressant la bouche du Serpentard.
— Tu n'as pas compris... Je ne compte pas te quitter des yeux.

Drago ferma les yeux alors que son cœur semblait faire une pirouette dans sa poitrine. Il se pencha légèrement pour capturer les lèvres de Harry dans un nouveau baiser, bien moins sage que le précédent. Harry ne sembla pas s'en plaindre, puisqu'il y répondit avec enthousiasme, oubliant la guerre et les manipulations de Dumbledore, concentré uniquement sur Drago, le gardant contre lui.

C'était grisant cette sensation d'appartenir à l'autre, cette soudaine proximité, cette redécouverte mutuelle.

En s'éloignant l'un de l'autre, ils échangèrent un léger sourire, et Drago ne put s'empêcher de lever un sourcil moqueur.
— Tu penses encore que je t'en veux ?

Les yeux de Harry brillèrent et il gloussa doucement, un peu plus détendu. Il sourit en répondant, sans pouvoir cacher son amusement.
– Peut-être que non. Mais j'aurais probablement encore besoin de vérifier que tu vas bien et que tu es près de moi...

Promesse de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant