Chapitre 44

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Harry essaya de lui donner une explication au sujet du portrait de la mère de Sirius, pour le rassurer puisque Drago semblait en état de choc, mais il commença à rire nerveusement. Drago le fixait, avec une expression effarée qu'il trouvait hautement comique sans compter que toute la nervosité qu'il avait accumulée semblait couler hors de lui sous la forme d'un fou rire nerveux irrépressible.

Il y avait la culpabilité d'avoir blessé Drago, le tuant presque, la promesse magique qui avait été faite à son insu — mais qu'il comptait tenir —, le comportement de Dumbledore, leurs baisers, la fuite de Poudlard et leur épopée en Magicobus, la conversation gênante que Harry lui-même avait initiée et enfin leur arrivée à square Grimmaurd. Wallburga Black jouant les harpies comme à son habitude n'était que l'ultime goutte d'eau qui faisait déborder le chaudron de ses émotions... Cette dernière image d'un chaudron plein prêt à déborder alimenta sa crise de nerfs, alors que son esprit passait d'un sujet à l'autre frénétiquement, le privant de toute capacité à réfléchir et l'empêchant de se calmer.

Drago croisa les bras sur sa poitrine, plissant les yeux d'un air belliqueux, visiblement vexé du rire de son camarade, mais Harry ne parvenait pas à reprendre son souffle. Il avait les larmes aux yeux à force de rire et il commençait à avoir des crampes aux abdominaux. Son fou rire soudain avait au moins eu le mérite de couper la litanie d'insultes du portrait et Wallburga le fixait en silence, la bouche ouverte...

Harry avait l'impression de n'avoir jamais autant ri de sa vie, même si la situation n'était pas si drôle. En fait, la situation n'était même pas drôle du tout, bien au contraire. Cependant, il avait l'impression que s'il arrêtait de rire ce serait pour se mettre à pleurer ou à hurler, toutes ses émotions débordaient et le submergeaient comme jamais. Il se noyait littéralement, il peinait à reprendre son souffle et son ventre le brûlait, mais il ne pouvait pas arrêter de rire.

Devant lui, l'air choqué de Drago n'améliorait pas les choses. Harry n'aurait jamais cru être capable de réduire le Serpentard au silence de cette façon ou d'obtenir ce genre d'expression de sa part. D'ailleurs, il n'aurait jamais pu penser être capable de réduire Wallburga Black au silence non plus, sans avoir à prononcer un seul mot.

En prenant une inspiration forcée qui lui brûla les poumons, toujours perdu dans sa crise de fou rire, Harry pensa soudain que Sirius aurait été ravi de voir le portrait de sa mère muet provisoirement et il ne put empêcher une larme de couler sur sa joue, lui brûlant le visage le long de son trajet.


*


Drago était pratiquement en état de choc alors qu'il se tenait face à un Potter au bord de la folie. Le Gryffondor semblait totalement hors de contrôle, riant hystériquement, écarlate et le souffle court. Cependant, ses yeux étaient emplis de détresse et pleins de larmes. Il n'y avait aucune gaieté dans ce rire forcé et l'entendre lui serrait le cœur douloureusement.

Il ne fallait pas être un génie pour comprendre qu'il craquait enfin après avoir eu à supporter bien trop depuis trop longtemps. S'il se fiait à ce qu'il avait compris de sa vie, Harry n'avait probablement pas eu l'occasion de pouvoir faire le deuil de son parrain correctement à cause de sa famille moldue qui ne prenait pas soin de lui autant qu'elle le devrait. Sans compter que c'était visiblement la première fois qu'il remettait les pieds dans la maison de Sirius depuis sa disparition.

Le Serpentard ne savait pas quoi faire pour l'aider, mais il était certain que lui parler ne servirait à rien. Harry semblait avoir ouvert toutes les vannes de ses émotions et quelques paroles ne changeraient rien à son état émotionnel désastreux. La seule chose que Drago savait était qu'il ne devait pas le laisser comme ça.

Finalement, avec un grognement agacé, Drago leva sa baguette et la pointa sur Harry.
— Aguamenti !

Une gerbe d'eau froide jaillit de la baguette pour arroser Harry, coupant son rire net. Le Gryffondor était immobile, détrempé, gouttant lamentablement sur le tapis poussiéreux et usé de l'entrée, le fixant avec un air presque trahi et enfantin.

Drago secoua la tête et afficha un léger sourire moqueur, essayant de se comporter normalement et de cacher son inquiétude. Harry semblait perdu et terriblement fragile.
— Tu avais besoin d'aide pour te calmer... Je ne suis pas spécialement doué avec les crises d'hystérie alors... autant employer la méthode la plus efficace.

Malgré lui, le Serpentard soupira en voyant l'air misérable de Harry. Le jeune homme était immobile, les yeux dans le vague, ne réagissant pas aux mots de Drago. Il s'approcha de lui lentement pour le prendre dans ses bras, grimaçant à la sensation de ses vêtements trempés et glacés contre lui. Cependant, il oublia bien vite le désagrément en sentant Harry s'agripper à lui presque avec désespoir.

Il le serra contre lui en retour en passant la main dans ses mèches trempées avec douceur et lorsqu'il le sentit grelotter, il s'écarta pour lui demander où se situaient les chambres. Harry ne lui répondit pas, les yeux dans le vague, apparemment perdu dans son esprit.

Drago n'eut pas le temps de s'inquiéter du manque de réactions de Harry. Il fut surpris par l'arrivée d'un vieil elfe à l'air maussade, qui semblait haïr Harry s'il se fiait au regard mauvais qu'il lui jeta. Cependant, lorsque l'elfe le regarda, ses yeux globuleux s'écarquillèrent et il se redressa, comme pour faire meilleure impression, reconnaissant probablement sa filiation et voulant impressionner le jeune sang-pur devant lui.

Avant que Drago puisse lui donner un ordre, la créature s'était profondément inclinée devant lui, son visage fripé affichant un large sourire presque béat.

Agacé par l'elfe — l'état de la maison prouvait qu'il n'était pas vraiment efficace, sans compter la façon dont il avait regardé Harry — Drago se renfrogna et il grogna de sa voix la plus autoritaire, détournant le regard de la créature, refusant de lui montrer de l'intérêt.
— Toi ! Conduis-moi à la chambre de Harry ! Immédiatement !

Promesse de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant