Chapitre 92

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Severus se tourna pour voir Drago murmurer furieusement, les sourcils froncés. Cependant, Harry le fit taire d'un sourire et d'un léger baiser. Puis, le jeune homme rougit en croisant son regard, constatant qu'il les observait.

— Je ne vais pas vous en vouloir d'avoir... apprécié ma mère.

Son hésitation prouvait qu'il devinait quels étaient exactement les sentiments de Severus pour Lily. Pourtant, il ne semblait pas révulsé à cette idée.

Drago marmonna, indistinctement, prétextant vouloir parler à Kreattur et il les laissa tous les deux face à face, non sans embrasser doucement la tempe de Harry, lui montrant un soutien sans failles. Il lança un dernier regard à Severus, comme un avertissement, un reste de colère dans ses yeux gris.

Severus soupira et se frotta le visage, essayant de retrouver le contrôle de ses émotions.

Harry lui laissa le temps de se reprendre, puis il murmura.

— Vous pourrez me parler d'elle, un jour ? J'aimerais... savoir comment elle était.

Immédiatement, Severus fut tenté de refuser sèchement. Puis, il croisa les yeux de Harry et il capitula. Il n'avait jamais su résister au regard de Lily, surtout lorsqu'ils se faisaient suppliants. Il ferma les yeux.

— Bien sûr.

Severus crut que Harry lui demanderait immédiatement des détails sur Lily, qu'il le presserait de questions voulant savoir tout, tout de suite, puisqu'il avait été sevré d'affection presque toute sa vie et que cette mère tant idéalisée était une inconnue à ses yeux.

Cependant, le jeune homme lui demanda de le suivre et il le conduisit à une chambre. Avec un léger sourire, il lui assura qu'il pourrait appeler Kreattur s'il avait besoin de quoi que ce soit.

Une fois seul, le professeur de potions se laissa tomber sur le lit, sans forces, et il secoua la tête, perturbé. Harry Potter était résolument différent de ce qu'il avait imaginé.

Harry n'eut aucun mal à retrouver Drago. Ce dernier était dans la bibliothèque et il faisait des allées et venues nerveuses, les poings serrés.

Il s'appuya contre le chambranle de la porte pour l'observer quelques instants, sans dire un mot.

Il connaissait assez Drago pour savoir qu'une bonne partie de sa colère était due à la peur qu'il avait éprouvée au manoir. Il avait également peur que Rogue puisse blesser Harry, d'une façon ou d'une autre.

Après quelques instants, Harry soupira et prit la parole, calmement.

— J'aime mes parents, mais je ne les ai jamais connus. Pendant mon enfance, ma tante me disait qu'ils étaient un couple d'alcooliques. Moi, j'imaginais qu'ils m'aimaient quand même, qu'ils étaient gentils et qu'ils... m'auraient rendu heureux. Depuis que je suis arrivé dans le monde magique, tout le monde me décrit des héros. Des icônes. Bien sûr, pour un orphelin comme moi, c'était un baume sur toutes mes incertitudes et sur toutes mes peurs d'enfant. Malgré tout, je ne suis pas totalement stupide. Je sais qu'ils n'étaient pas mauvais, mais ils n'étaient pas parfaits non plus. Ils devaient se disputer de temps en temps, contrairement au couple idéal dont j'ai entendu parler. J'ai découvert assez... abruptement que mon père et ses amis étaient des idiots à Poudlard. Assez idiots pour que... si je les avais rencontrés à cet âge, je n'aurais jamais été amis avec eux. Jusqu'à maintenant, la seule chose qu'on me disait au sujet de ma mère c'est que j'ai ses yeux et qu'elle aimait mon père. Sans compter qu'elle s'est sacrifiée pour moi bien sûr. Je le pensais réellement lorsque j'ai dit au professeur Rogue que si elle avait été une bonne amie, elle ne l'aurait pas abandonné.

Drago s'était stoppé à ses premiers mots et il l'avait écouté attentivement. Cependant, il l'interrompit d'un grognement.

— Tu ne peux pas laisser ce...

Harry approcha pour le prendre dans ses bras.

— Il nous a aidés. Il a donné la potion à Voldemort. Et même avant ça, il a espionné pour Dumbledore. Toutes ces années.

Drago laissa échapper un grognement furieux, le visage tordu en une grimace furieuse.

— Toutes ces années, il a été ami avec mon père. Je les ai vu comploter encore et encore. C'est juste un foutu opportuniste qui donne sa loyauté au plus offrant ! Il savait... il savait ce qui m'attendait, mais il les a laissé me marquer...

Harry le serra plus fort contre lui, avant de chuchoter.

— Moi aussi, je les ai laissé faire.

La colère de Drago disparut aussi rapidement qu'elle était arrivée et il sembla soudain vulnérable et épuisé. Harry ne s'écarta pas de lui, le gardant contre lui. Il reprit, avec douceur.

— ça ne change rien à l'amour que je porte à mes parents. Ils étaient humains, c'est tout. Avec leurs qualités et leurs défauts.

Drago marmonna, boudeur.

— J'ai envie de te frapper, Potter. Pour être aussi... accommodant.

Harry haussa les épaules.

— Je ne suis pas accommodant. Enfin... je ne l'étais pas autant. J'ai fait des erreurs terribles et mon parrain a été tué. Après ça... j'ai eu beaucoup de temps pour réfléchir. Je suis revenu à Poudlard empli de colère, je voulais absolument me venger. Venger mes parents et Sirius.

Drago leva un sourcil perplexe en le détaillant, légèrement incrédule.

— Vraiment ? Qu'est-ce qui a changé ?

Harry eut un sourire amusé alors qu'il prenait les joues de Drago entre ses mains pour le regarder.

— Toi. Enfin... j'ai réalisé que je me trompais à l'instant où ce foutu sort t'a touché. Quand tu es tombé.

Loin d'accepter sa réponse, Drago grogna et le repoussa, les sourcils froncés.

— Je croyais que nous avions déjà discuté de ce point ? Je t'ai attaqué, tu t'es défendu. Et quoi que tu aies pu faire, tu es venu à mon aide immédiatement.

Harry ricana et il croisa les bras sur sa poitrine.

— C'est ce que tu as décidé. Peu importe, j'ai juste pris conscience que parfois on est amené à faire des choix désastreux en pensant faire pour le mieux. Je n'imaginais pas te blesser, je voulais juste... Je ne sais pas. Te garder en dehors de ça. T'empêcher de faire quelque chose de... définitif et c'est moi qui aie lancé ce sort mortel sans le savoir.

Ils se dévisagèrent en silence un moment, puis Drago haussa les épaules.

— Conneries.

Sans la moindre hésitation, Harry approcha lentement de lui, le bloquant contre la table, le maintenant prisonnier de son regard trop vert.

— Pourquoi Rogue n'aurait pas droit à une seconde chance ?

Promesse de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant