Chapitre 86

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Ils étaient tous autour du mage noir, qui hurlait encore d'agonie, semblant souffrir comme jamais. Toute cette douleur ravissait Severus au plus haut point. Il espérait que c'était une revanche suffisante pour toutes ses victimes, que Voldemort subirait l'équivalent de chaque doloris qu'il avait lancé de sa main ou qu'il avait ordonné d'infliger...

Autour de lui, les Mangemorts s'agitaient, silencieux et mal à l'aise, regardant autour d'eux, essayant de comprendre ce qui se passait.

Severus recula d'un pas encore, lentement, arrivant au dernier rang du cercle des Mangemorts sans que personne ne fasse attention à lui. Toute leur attention était fixée sur leur maître à genoux, perdu dans son monde de tourments. Certains étaient inquiets pour ce monstre, la majorité espérait secrètement qu'il allait mourir là, les libérer de l'esclavage dans lequel ils s'étaient eux-mêmes placés.

Un autre pas, minuscule, en arrière, espérant que dans la confusion, personne ne comprendrait ce qui venait de se produire. Après tout, il n'avait pas levé la main sur Voldemort. Il lui avait juste remis la potion demandée... et l'effet avait été totalement imprévisible.

La porte était proche de lui, désormais. Quelques pas encore et il pourrait la toucher, sortir de cet enfer en un seul morceau. Ce serait assurément un coup de maître que de détruire le croquemitaine du monde magique au milieu d'un nid de Mangemorts et de repartir sans être inquiété...

Il entendit des cris de rage par-dessus les hurlements d'agonie de Voldemort. Il y eut un certain chaos qui lui permit de faire un pas encore. Ses mains étaient moites et il brûlait d'envie de faire volte-face et de partir en courant. Cependant, il devait agir avec précautions. Il devait garder son rôle d'espion aussi longtemps que possible. Il n'allait pas se libérer de Voldemort pour retomber dans les chaînes de Dumbledore... Il était bien plus malin que ça.

Les hurlements se firent plus précis et la voix de Lucius Malefoy perça, haranguant la foule des Mangemorts. Severus se figea, inquiet. Il n'eut pas le temps de reculer plus. Tout le monde se tournait vers lui, baguette en main, l'observant avec suspicion. Son calme en déstabilisa quelques-uns, mais pas assez pour avoir l'avantage.

Severus s'obligea à rester calme et immobile. À ne pas montrer le moindre sentiment que ce soit de la peur à l'idée d'être tué ou du triomphe pour avoir mis à terre le mage noir. Voldemort hurlait toujours, mais le son était assourdi, comme si quelqu'un avait jeté un assurdiato pour étouffer les cris. Lucius hurlait, furieux, exigeant que Severus lui soit amené pour qu'il puisse punir le traître. Un bref instant, Severus se demanda si Lucius était au courant que Narcissa l'avait enchaîné avec un serment inviolable pour s'assurer qu'il protégerait son fils...

Un frisson glacé dévala son échine, cependant il garda une expression impassible, levant la tête en signe de défi, défiant chaque personne autour de lui de son regard sombre. Certains détournèrent la tête, d'autres avaient un rictus moqueur, avides de détrôner le sang-mêlé qui leur faisait de l'ombre depuis si longtemps.

Pour autant, personne ne s'empressait d'obéir à Lucius. Il pouvait toujours crier et tempêter, aucun Mangemort n'oubliait que quelques minutes plus tôt, il était aux pieds de Voldemort, priant pour entrer de nouveau dans ses bonnes grâces. Personne n'oubliait qu'il n'avait été rien de plus qu'un esclave à cause de ses fautes.

Severus se redressa face aux cris de Lucius et il croisa les bras sur sa poitrine, une expression moqueuse sur le visage. Il ricana, sans montrer la moindre peur. Attaquer, rendre coup pour coup... C'était quelque chose qu'il maîtrisait à la perfection depuis Poudlard...

— Ce n'est pas moi qui ai mécontenté le maître. Ce n'est pas moi qui ai reçu un doloris. Le maître m'a ordonné de partir, ce que je faisais au moment de tout ce... chahut.

Il y eut un lourd silence alors que tous doutaient. Ils échangeaient des regards inquiets et déstabilisés, ne comprenant pas ce qui se passait. Lucius avança, les mains encore tremblantes de l'impardonnable, reçu quelques instants plus tôt. Repoussant ses cheveux blond pâle en arrière, le visage couvert d'un début de barbe grisonnante, il était loin du fier sorcier qu'il était autrefois. Cependant, il semblait avoir gardé toute sa morgue intacte puisqu'il attaqua immédiatement.

— Tu lui as donné une potion, Rogue !

Severus se redressa un peu plus tout en baissant la voix pour répondre, obligeant son auditoire à se concentrer sur lui. Il n'eut pas la moindre hésitation, pas le moindre mouvement de recul, alors qu'il consentait à donner une explication d'un air ennuyé.

— Je suis maître des potions. Le maître m'avait demandé de lui brasser cette potion. J'ai obéi.

Il y eut des chuchotements autour d'eux, tandis que Lucius vitupérait, perdant son calme. Entre eux deux, les Mangemorts hésitaient, ne sachant pas lequel croire.

Avec un sourire moqueur, Severus écarta les bras, sa cape se déployant autour de lui comme les ailes d'une chauve-souris.

— Allez-y. Attaquez. Ne venez pas vous plaindre quand le maître décidera de vous faire payer ma mort. Il a lui-même dit que je devais retourner à Poudlard au plus vite.

Le silence autour de lui fut soudain assourdissant. Même Lucius s'était tu, l'observant avec méfiance, doutant de ce qu'il avait vu. Malgré son envie de prendre le pouvoir, il n'était pas assez stupide pour se jeter sur lui sans preuve, au risque d'être plus cruellement puni qu'il ne l'avait été. Lucius avait espéré qu'un autre Mangemort se charge du sale boulot, mais personne n'avait levé la baguette contre Rogue.

Severus haussa un sourcil moqueur, et il attendit un instant. Lucius resta silencieux, empli de doutes, et les baguettes levées des Mangemorts autour de lui s'abaissèrent, personne ne voulant prendre le risque de mettre à mort le potionniste de Voldemort.

Il hocha la tête avec un rictus moqueur et il allait se retourner pour quitter les lieux, le soulagement le faisant presque trembler, lorsque la porte s'ouvrit derrière lui.

Severus se tendit et il se décala, pour se placer dos au mur. Connaissant la personnalité de ceux qui l'entouraient, il préférait n'avoir personne derrière lui.

Un sort dans le dos était si vite arrivé dans leurs rangs... un peu de jalousie, une rancœur ancienne, une querelle non réglée... La loyauté n'était pas vraiment le maître mot de leur petite organisation.

Promesse de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant