Chapitre 23

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Il y eut un silence lourd et Harry eut le plaisir de voir Rogue s'empourprer, visiblement sur le point d'entrer en éruption. Il se contenait à grande peine. Dumbledore pour sa part lissait sa barbe d'un geste absent en le fixant d'un air peiné.
Il vit Dumbledore prêt à insister alors il se tourna vers l'infirmière, lui souriant gentiment, un peu honteux de profiter de la bonté de la brave femme.
— Madame Pomfresh ? Serait-il possible d'avoir quelque chose pour le mal de tête, s'il vous plaît ?


Comme Harry l'avait escompté, la réaction de la brave infirmière ne tarda pas. Elle hocha rapidement la tête et fit barrage entre ses patients et les deux professeurs, le visage fermé.
— Messieurs, c'est terminé.
Dumbledore voulut protester, mais la matrone montra la porte du doigt, autoritaire.
— Ne me forcez pas à vous faire sortir de force d'ici, messieurs. Ces garçons ne vont pas s'envoler, ils sont sous ma garde. La prochaine fois, vous suivrez les règles au lieu de venir les réveiller sans mon autorisation ! Il était évident qu'ils auraient encore besoin de repos après les évènements traumatisants qu'ils ont dû supporter...


Avec satisfaction, Harry vit Dumbledore finalement plier, n'ayant aucune bonne raison d'insister autant sans s'aliéner l'infirmière, et quitter les lieux, suivi de Rogue qui n'avait pas prononcé un seul mot. Ce dernier fulminait littéralement, avançant à grands pas en faisant voler sa cape derrière lui.

Une fois seuls, Harry soupira, mais Pomfresh se planta devant lui, les bras croisés sur la poitrine, sourcils légèrement froncés.
— Avez-vous réellement mal de tête, monsieur Potter ?
Le jeune homme s'empourpra légèrement et il lui offrit un sourire timide, penaud.
— Pas tellement en vrai. C'est juste que...

Il s'interrompit, hésitant, puis jeta un coup d'œil à Drago. L'infirmière soupira.
— Ma profession m'oblige à garder secret tout ce qui est dit dans cette pièce. Ce que je vois, ce que j'entends... ne sera jamais divulgué. Ni au directeur ni à qui que ce soit d'autre.

Harry hocha lentement la tête, en fixant l'infirmière pensivement. Puis, il soupira et il se décala légèrement, ignorant la tension soudaine dans le corps de Drago. Il prit son bras pâle avec douceur et le tourna avec une caresse tendre, dévoilant la marque des ténèbres.

Pomfresh fixa le tatouage maudit sans la moindre expression de dégoût puis elle soupira. Elle regarda Drago et lui posa une seule question.
— Était-ce volontaire, monsieur Malefoy ? Vouliez-vous entrer dans cette vie de violence ?

Harry garda le bras de Drago contre lui, caressant doucement la peau en un geste apaisant. Le Serpentard hésita puis souffla lentement, semblant faire confiance à l'instinct de Harry.
— Je... Je devais le faire pour protéger mes parents.

Pomfresh s'adoucit et leur adressa un regard presque maternel. Puis, elle ramassa le haut de pyjama de Drago et le lui tendit.
— Vous devriez le remettre. Au cas où quelqu'un ferait à nouveau irruption sans autorisation. Cette cochonnerie est peut-être terrible à voir maintenant, mais je suis certaine qu'elle disparaîtra le jour où il sera vaincu. N'imaginez pas que... que vous aurez à vous cacher toute votre vie, monsieur Malefoy, d'accord ?

Drago cligna des yeux, visiblement indécis, et Harry gloussa.
— Ne sois pas si surpris. Nous savons que tu n'avais pas le choix... Et nous savons aussi ce qui arrive à ceux qui résistent.
La dernière phrase de Harry avait été chuchotée et son regard s'était assombri. Il ignora le regard peiné de Pomfresh, mais fut reconnaissant à Drago lorsque ce dernier agrippa sa main pour nouer leurs doigts ensemble.

Après un moment de silence, Harry reprit, toujours aussi sombre.
— Je ne laisserai pas Dumbledore t'enfermer quelque part. Quoi qu'il puisse dire, je ne céderai pas.

L'infirmière se redressa, sourcils froncés et claqua la langue d'agacement.
— Personne ne va enfermer personne. Un lien magique existe entre vous, jeunes hommes, et je n'hésiterai pas à le rappeler au directeur aussi souvent que possible. Nous ignorons quelles pourraient être les conséquences si vous veniez à être séparés brutalement. Seulement, la prochaine fois que vous arrivez ici pour vous être battus, je vous jure que je vous le ferai regretter.


Harry déglutit et glissa un coup d'œil vers Drago qui semblait aussi désarçonné que lui. Il hocha lentement la tête, un peu hésitant. Il pouvait tenir tête à Rogue sans la moindre crainte, mais il n'était pas assez fou pour s'opposer au dragon de l'infirmerie de Poudlard en personne.
Drago observait la femme avec un respect mêlé de crainte, la jaugeant comme s'il l'avait sous-estimée toutes ces années — ce qu'il avait assurément fait.

Finalement, Harry haussa les épaules.
— On ne va pas se battre, on est amis maintenant.
Il sentit le sursaut de Drago et le regarda, craignant être repoussé. Cependant, celui-ci le fixait avec choc, bouche entrouverte, visiblement surpris de ses mots.

Cependant, le Serpentard ne semblait pas rebuté par l'idée, bien au contraire. Alors, Harry lui sourit tranquillement, espérant lui prouver qu'il ne plaisantait pas, qu'il le pensait réellement.L'infirmière laissa échapper un léger rire, puis elle secoua la tête.
— Pas la peine de se fatiguer, j'ai vu passer assez d'adolescents dans cette école pour savoir que les amitiés se nouent et se dénouent à la vitesse de l'éclair. Juste... ne vous battez pas, j'ai autre chose à faire que vous soigner en permanence.

Harry fronça les sourcils, indigné.
— Je suis sérieux !

Cependant, Pomfresh eut un geste vague de la main en marmonnant un « oui, oui » manquant de conviction, puis elle repartit vers son bureau sans s'occuper de l'expression outrée de l'élève qui passait le plus de temps dans son infirmerie.
Lorsqu'ils furent seuls, Harry se tourna vers Drago — toujours en état de choc. Le Gryffondor, visiblement très agacé, affichait une moue boudeuse aux lèvres.
— Hey, j'étais sérieux ! Tu es mon ami !


*


Bien qu'un peu perturbé par la conversation surréaliste qui venait d'avoir lieu — aussi bien au sujet de sa marque que de l'amitié de Harry envers lui — Drago ne put que secouer la tête et sourire devant l'expression du Gryffondor.

Il avait l'air d'un enfant à qui on aurait volé son jouet préféré — ou annoncé que le père Noël n'existait pas.

L'insistance de Harry à affirmer qu'il était son ami lui réchauffa le cœur et lui donna un instant l'impression de suffoquer, noyé sous un tas d'émotions contraires.

Promesse de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant