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Jungkook


« Ton ange gardien. »

J'hallucine. Quel culot.

Plus anxieux qu'agacé cependant, je pousse avec force la porte de l'une des cabines des toilettes, et m'engouffre à l'intérieur en veillant bien à fermer le verrou dans mon dos pour ne pas risquer de me faire déranger.

Mes mains tremblent encore suite à toutes les émotions qui viennent de m'assaillir en à peine quelques minutes. J'essaie de me rassurer, de prendre le contrôle de ma respiration, tout en me répétant en boucle dans ma tête que tout va bien se passer maintenant que je suis aux toilettes.

C'est assez fascinant de voir qu'un simple lieu peut tout de suite vous apporter une importante vague de soulagement.

Quelques fois, les mots ne suffisent plus. J'ai besoin de sentir via mon environnement que je ne risque plus rien.

J'inspire une nouvelle fois pour chasser les phrases habituelles qui tournent en boucle dans ma tête depuis maintenant de nombreux mois, et sens peu à peu mon ventre commencer à se dénouer.

Les battements de mon cœur commencent à ralentir, eux aussi, et c'est légèrement anxieux que je m'approche du miroir de la petite cabine pour pouvoir me regarder à travers.

J'ai le teint pâle, mes lèvres sont sèches, gercées, et mes yeux ont l'air éteints. Mes cernes commencent même à réapparaître dessous, signe que la poudre que l'on m'a appliquée plus tôt dans la journée commence à s'estomper.

Si personne n'avait pris le soin de me redonner un semblant de luminosité avec quelques pigmentations, tout le monde aurait alors pu voir à quel point ma peau est négligée.

Mes cheveux aussi. Mais les shampoings et les soins que j'utilise, et qui valent presque un salaire à eux tout seuls, sont heureusement là pour camoufler les apparences. Pour camoufler la réelle personne que je suis, en dehors des caméras.

Sans eux, sans mes partenaires, mes agents, mes maquilleurs, mes coiffeurs, je ne suis rien. Je ne suis que Jeon Jungkook, passionné de théâtre, de jeux de rôles, d'acting, et surtout, complètement normal.

À une exception près.

Mon émétophobie.

C'est d'ailleurs elle qui me pousse soudain à tirer faiblement la langue à mon reflet. Mes joues déjà creuses s'enfoncent davantage suite à ce geste, et je prends le temps d'examiner mon muscle rose sous tous les angles.

Je vois rapidement qu'il n'est pas blanc, signe que je ne suis pas malade, mais pour me rassurer un peu plus, je sors mon téléphone de ma poche et me munie de la lampe torche.

Je me force à me répéter en boucle que je vais bien, en suivant des yeux la lumière blanche qui éclaire l'entièreté de ma cavité buccale. Et quand enfin, je constate qu'il n'y a rien d'anormal, je m'autorise à me laisser tomber sur la cuvette des toilettes que j'ai pris grand soin de refermer juste avant.

Mes mains tremblent un peu moins et je pousse un faible soupir de soulagement en fermant les yeux. Je cale mes coudes sur mes cuisses et pose mes paumes à plat sur mes paupières closes pour me concentrer sur le fil de mes pensées qui se tarissent et deviennent de moins en moins anxiogènes.

Je ne suis pas malade. Je n'ai mal nulle part. Je ne vais pas vomir. Je ne vais pas vomir.

Je me répète cette dernière phrase en boucle pour que mon subconscient s'en imprègne et pour qu'il me laisse tranquille. Mais c'est loin d'être évident.

𝑵𝒆́𝒎𝒆́𝒔𝒊𝒔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant