Chapitre 7

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Russie, Moscou

Athalia


Maudit soit cet inconnu ! Depuis notre dernière interaction, je ne peux me sortir notre échange de la tête. Enfin, non, ce n'est pas vraiment ça. C'est surtout la carnation de ses pupilles à laquelle je n'arrive pas à arrêter de penser.

On aurait dit qu'il lisait en moi comme dans un livre ouvert. J'avais peur qu'il découvre tout, rien que par le biais de ses deux iris.

Ça ne m'aurait même pas surprise si ça avait été le cas.

Le seul point positif de toute cette situation, c'est que j'ai au moins cessé de penser à tout ce qui s'est passé sur les réseaux sociaux après l'after. Ça reste toujours dans un coin de mon esprit, mais c'est moins omniprésent qu'avant.

Épuisée par mes propres pensées qui tourbillonnent en boucle dans mon esprit, je ferme un instant les yeux et laisse ma main qui tient mon script retomber le long de mon buste.

Aussitôt, tel un signal silencieux, la petite boule de poils hirsutes à mes pieds sort le bout de sa langue rose pour venir me lécher le bout des doigts après avoir pris, tant bien que mal, appui sur le bas de mon jean avec ses pattes.

— Oui George, je vais te donner à manger.

Je me baisse légèrement pour lui caresser le haut de la tête, et le prends ensuite contre moi après avoir déposé mon script sur le plan de travail de la cuisine, pour l'emmener vers sa gamelle.

Il ne pèse presque rien, et étant plutôt âgé, il reste sage entre mes bras tandis que je laisse délicatement mes doigts s'enrouler dans son pelage bouclé de bichon maltais.

Je le caresse avec tendresse et observe sa couleur immaculée, malgré son aspect quelque peu terne à cause de la vieillesse, tout en lui servant une bonne dose de pâté.

Avec ses dents abîmées et douloureuses, il ne peut manger que ça, mais il n'a pas l'air de s'en formaliser.

George est un chien très calme, sage et câlin, que j'ai trouvé un soir de pluie torrentielle en rentrant du travail. J'ai aperçu son pelage au fond d'un des fossés qui bordait la route, et sans perdre un instant, j'avais stoppé ma voiture pour aller le récupérer et le conduire aussitôt au vétérinaire.

Il était transi de froid, tremblant, le corps complètement trempé contre ma poitrine. J'ai bien cru qu'il allait mourir sur mes cuisses le temps qu'on arrive au vétérinaire de garde le plus proche, même si je l'avais enroulé dans mon manteau et que j'avais monté le chauffage à fond.

Mais il avait survécu, et ce, malgré son vieil âge. Raison pour laquelle il avait sûrement été abandonné, d'après le vétérinaire.

— Tiens, trésor.

Je lui remplis sa gamelle de lait puisqu'il adore ça, en le diluant avec un peu d'eau, et me redresse ensuite pour aller m'appuyer contre l'immense plan de travail qui prend une grande partie de la cuisine.

Je suis épuisée. Ça fait seulement quelques jours que nous sommes rentrés à Moscou, et j'ai l'impression que toute une année s'est écoulée. J'ai vraiment besoin de me reposer.

Entre tout ce qui s'est passé au défilé, et le rythme de la série qui a considérablement augmenté, je ne sais plus où donner de la tête. J'ai l'impression que mon propre corps ne m'appartient plus.

Nous reprenons aujourd'hui le tournage, avec Jenny et les autres acteurs, puisque nous attaquons la deuxième saison de Némésis. Mais j'ai eu bon nombre de textes à apprendre entre-temps, et très peu d'heures de libre pour y parvenir.

𝑵𝒆́𝒎𝒆́𝒔𝒊𝒔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant