Chapitre 2

84 4 19
                                    

Athalia


Je sens Jenny derrière moi qui enfonce ses doigts dans mon épaule pour m'indiquer à nouveau qu'il faut qu'on y aille.

Ce geste m'arrache à mes pensées. Je lui réponds d'un vague hochement de tête, les yeux toujours profondément ancrés dans ceux de celui qui me fixe de l'autre côté de la vitre teintée.

Il ne peut pas m'avoir vue, pas vrai ?

Si ce verre empêche quiconque de voir à travers, alors c'en est de même pour lui. Même les plus téméraires de mes fans ne parviennent pas à le percer pour satisfaire leur curiosité malsaine.

— Madame Saïtovna, le réceptionniste vous attend.

Je me décide enfin à sortir du véhicule, lorsque l'un de mes agents de sécurité qui se tient à l'extérieur aux côtés de Jenny, s'adresse à moi. Il est vêtu entièrement de noir, comme tous ceux qui m'accompagnent au quotidien, et un micro relié à une oreillette est collée contre sa peau, non loin de sa bouche.

Comprenant alors qu'il est là pour nous escorter à l'intérieur du bâtiment, je le remercie poliment en lui servant un petit sourire d'excuse, tandis que Jenny me lance un clin d'œil taquin par-dessus l'épaule de l'agent.

— Ça y est, t'es piquée, me charrie-t-elle, en arrangeant les mèches qui encadrent son visage.

— Ne commence pas, toi.

Je lève les yeux au ciel en retenant le sourire qui manque de m'étirer les lèvres face à sa remarque.

À la place, je tire mon sac à main et mon manteau restés sur le siège vers moi, et l'enfile en arrangeant bien le col, ne pouvant me retenir de jeter un nouveau coup d'œil curieux par-dessus la toiture du véhicule.

Le garçon est toujours là, les pupilles fermes et acérées plantées dans les miennes.

Ses yeux sont tels ceux d'un fauve, prêts à fondre sur sa proie. Je déglutis alors silencieusement, légèrement prise au dépourvu.

Peut-être veut-il un autographe ?

Mais je n'ai pas le temps de me poser davantage de questions, que Jenny m'entraîne à la suite de l'agent pour que nous puissions rentrer à l'intérieur.

Je suis tellement accaparée par ce qui vient de se passer dans le garage, que l'anxiété que je ressentais sur la route vis-à-vis de cette soirée s'est complètement envolée.

Mais malheureusement, elle ne manque pas de revenir au triple galop quand nous passons, avec Jenny, les grandes portes vitrées de l'édifice.

D'un léger mouvement de tête, je baisse les yeux vers les dalles en marbre brillantes qui ornent le hall d'entrée et que je foule de mes pieds, avant de les relever pour observer la luxueuse décoration qui embellit majestueusement l'endroit.

La beauté du lieu pourrait presque me faire oublier l'imposante boule qui vient de se poser dans mon estomac et qui ne manque pas de me bloquer la gorge.

Je tente de me concentrer sur les ornements dorés qui couvrent les murs et avance lentement, une main autour de la bandoulière de mon sac que je serre assez fort, pour ne pas montrer à quel point elles sont moites et tremblantes.

Je prends le temps de m'arrêter quelques fois pour m'imprégner de l'architecture de l'endroit, époustouflante avec ses murs en pierre et ses gravures, qui nous gardent immergés dans l'histoire de la Russie.

— Madame Saïtovna Athalia, et Kovna Jenny, est-ce bien ça ?

— En vérité, je préfère mademoiselle, mais puisque c'est vous, je l'accepte pour ce soir, répond Jenny au réceptionniste qui nous accueille, une fois que nous parvenons au bout du long couloir.

𝑵𝒆́𝒎𝒆́𝒔𝒊𝒔Where stories live. Discover now