Chapitre 23

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Athalia


— Oui, on arrive. On est presque prêts. Je ne mens pas !

C'est la voix d'Alexeï qui semble maugréer depuis sa chambre, qui me tire lentement du sommeil profond dans lequel je suis plongée.

Je peine à me réveiller. Mes yeux me picotent comme si je faisais une réaction allergique. Mais très vite, des bribes de souvenirs de ce qu'il s'est passé cette nuit me reviennent en mémoire, et je me remémore sans mal la crise de panique qui a manqué de m'engloutir.

Je m'étais réveillée en sursaut, la bouche pâteuse, le corps moite, une boule au fond de l'estomac. Épuisée, j'avais réellement cru que j'allais vomir.

Ma position allongée faisait remonter de la bile le long de ma trachée et ma salive était lourde dans ma cavité buccale.

Je m'étais alors levée pour regagner le salon, et tenter de me changer les idées, mais tout avait, au contraire, empiré. J'avais été incapable de me calmer, impuissante face au déferlement de mes pensées.

Puis, Alexeï était arrivé.

Sa présence à elle seule m'avait apporté un soulagement immédiat. J'avais alors ressenti le besoin de me confier à lui.

Je voulais qu'il sache. Que l'un de mes fardeaux soit partagé avec un autre. J'avais besoin d'en parler à voix haute, de tout faire sortir, de tout raconter.

J'avais besoin qu'on me dise que tout finirait par s'arranger. Que je finirai par guérir.

Et Alexeï, en plus d'utiliser des mots pour m'apaiser, m'avait comprise et m'avait fait entendre que pour toutes ces fois où je me retrouvais persécutée, ce n'était pas de ma faute.

Que je n'avais pas à normaliser le comportement des gens, sous prétexte que j'étais une personnalité publique.

— Qu'a dit Isaac ? Et Sayn ? poursuit Alexeï, que j'entends vaguement bouger dans la pièce adjacente au salon.

Ses pas résonnent sur le sol et je finis par me redresser sur les coudes, après m'être longuement frotté les yeux pour me réveiller.

Je me rends compte que je suis toujours sur le canapé, confortablement enroulée dans le plaid, qui est même bordé sur les deux côtés du sofa. Les volets et les rideaux sont toujours fermés, de sorte à ce que je ne sois pas dérangée par de quelconques rayons lumineux.

— Quoi ? Merde. Oui, ok. Je réveille Athalia et on arrive. Hm ? Ah oui, j'ai dit qu'on était bientôt prêts ? J'ai menti.

Je l'entends légèrement rire, et ne peux m'empêcher d'imaginer le sourire en coin qui doit étirer ses lèvres d'un amusement certain.

Mais je me reprends bien vite quand la pensée de notre potentiel retard s'impose à moi, et qu'elle se confirme lorsque je laisse mon regard croiser l'heure affichée sur le four de la cuisine.

J'étouffe un faible juron entre mes lèvres, et me force à sortir de la chaleur agréable de la couverture pour me diriger vers ma chambre dans le but d'aller me changer.

Mais c'est sans compter sur Alexeï qui sort de la sienne au même moment.

Nos regards se bousculent, ma peau s'électrise, la chair de poule recouvre mes bras, et ma respiration se dérègle.

— Chaton.

Le surnom qu'il m'a murmuré cette nuit au creux de l'oreille m'amène une puissante vague de chaleur dans le ventre, lorsque ce simple mot s'impose à mon esprit.

𝑵𝒆́𝒎𝒆́𝒔𝒊𝒔Where stories live. Discover now