𝑵𝒆́𝒎𝒆́𝒔𝒊𝒔

19.

☾

Dubrovnik, Croatie

Jimin

« C'est-hors-de-question, j'articule pour la dixième fois en direction de Jungkook, lorsqu'il me pointe avec son index les immenses remparts en pierre rouge qui s'étendent face à nous sur des centaines de mètres en longueur et en largeur. »

Il lève les yeux au ciel face à mon nouveau refus, et croise les bras sur sa poitrine en me toisant du regard.

Mais malgré son air borné, il est obligé de rester dans l'ombre de la muraille pour éviter de se faire repérer, même si ici, il y a bien moins de monde qu'en Russie.

Et la posture qu'il arbore, avec ses bras en croix sur son torse et sa casquette qui est tant baissée vers l'avant qu'elle frôle son nez, le fait bien vite perdre en crédibilité face à moi.

Il m'amuse plus qu'il ne m'effraie.

« Mais ce n'est pas si haut que ça ! rétorque-t-il en sortant de la poche de son short en jean une carte qu'il a demandée à un guide touristique lorsque nous nous baladions en ville quelques minutes plus tôt. 'Les remparts de Dubrovnik datent du 13ᵉ siècle', cite-t-il avec minutie, en portant le papier glacé au niveau de ses yeux. 'Ils sont larges de 6 mètres côté terre et de 3 mètres côté mer, avec une hauteur maximale de 25 mètres.' Tu vois, ça a l'air génial ! »

Je hausse un sourcil face à sa ténacité, et m'appuie contre l'une de ses pierres qui datent de l'âge d'or en priant simplement pour qu'elle ne s'effondre pas sous mon poids.

Il ne manquerait plus que ça. Je n'ai pas envie de me retrouver en prison pour avoir abîmé un caillou.

« C'est ennuyeux à mourir ce que tu me racontes, je déclare vers Jungkook en retenant l'étirement qui veut s'éprendre de mes lèvres pour garder mon air las, et ainsi continuer de l'embêter. »

Ce qui, d'ailleurs, ne manque pas d'arriver au vu de la crispation qui vient soudainement rendre plus fermes les traits de son visage.

Il me fixe comme s'il allait me transpercer de toute part à la seule force de ses iris, si bien que je me mets à rire en secouant la tête.

« C'est bon, relax, je plaisante. Si j'avais su que j'allais mourir aujourd'hui, je serais resté avec Jennie, je poursuis en l'observant plisser les sourcils de mécontentement.

— La prochaine fois, restes-y, oui, maugrée-t-il en replaçant la carte face à son visage pour ne plus avoir à me regarder.

— Allez, ça va ça va, je rigolais. Arrête de bouder. »

Mais malgré le ton sérieux que je tente de donner à ma voix, le ridicule de la situation pare mes lèvres d'un large sourire, que Jungkook ne tarde pas à voir quand il m'observe par-dessus les bords de son plan.

« Je croyais tes excuses sincères ! s' écrie-t-il en roulant la carte pour en former un cylindre et venir me taper le bras avec. Pour la peine, on va la parcourir six fois cette muraille.

— Là, c'est toi qui as envie de mourir aujourd'hui, j'argue en claquant ma langue contre mon palais. »

Ma remarque le fait rire, et c'est ainsi que nous concluons la paix, au pied de cette muraille qui a essuyé bon nombre de guerres, à la fois réelles, comme cinématographiques.

Car si je ne sais pas que nous nous trouvons sur un lieu qui a accueilli le tournage de l'immense série qu'est Game of Thrones, c'est qu'il y a un problème, vu le nombre de fois que Jungkook me le répète depuis que nous avons mis les pieds en Croatie.