Chapitre 21

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Athalia


Alexeï m'a à peine soufflé sa réponse affirmative depuis les coussins du sofa, que mes pieds foulent déjà le sol du studio. Il ne m'en faut pas beaucoup pour me convaincre, surtout quand les mots Game Of Thrones sont prononcés dans une phrase.

J'arpente alors la cuisine, mes doigts se perdant parmi les différents tiroirs de la pièce, jusqu'à ce que je trouve ce dont j'ai besoin pour préparer notre repas de ce soir.

Sans attendre, je mets littéralement la main à la pâte après avoir rassemblé tous les aliments au centre du plan de travail.

Il y a une pâte à pizza déjà prête dans le frigo, ainsi que tous les ingrédients dont j'ai besoin pour réaliser ce mets délicieux que nous dégusterons plus tard avec Alexeï.

Je remercie silencieusement Jenny d'avoir acheté tout ce que je lui ai demandé quand elle m'a indiqué qu'elle allait faire les courses, et commence à inspecter la nourriture qui se trouve sous mon nez.

Lentement, je me déplace pour me retrouver dos au salon ouvert de l'appartement, pour ne pas qu'Alexeï me voie faire, par peur qu'il ne comprenne pas mes gestes soudains.

Je sais qu'il faudrait que je lui parle de mon émétophobie. Mais je crains, au fond de moi, qu'il ne me prenne pas au sérieux. La plupart des gens ne le font pas.

Pour eux, il n'y a que la simple peur de vomir, et le dégoût que ce geste inspire à chaque être humain. Ils n'imaginent pas que ça va au-delà, et que c'est pire.

Jenny a été la première personne à ne pas s'en moquer. Elle m'a écoutée, m'a apporté son aide, et m'a accompagnée de nombreuses fois aux toilettes quand j'en avais besoin.

Je ne pense pas qu'Alexeï soit de ce genre-là, à banaliser mes ressentis, ma maladie, et à en rire. Mais dans le doute, je ne préfère pas lui en parler. Je préfère garder ça pour moi, et attendre davantage pour voir comment va évoluer notre relation.

Peut-être qu'à ce moment-là, alors, je le lui dirais.

— Tu veux que je vienne t'aider ? me propose-t-il d'ailleurs d'une voix outrageusement mielleuse, tandis que j'attrape les tomates placées dans le saladier.

— Non, ne t'en fa...

— Parfait, me coupe-t-il. Parce que je suis incapable de me lever et de tenir debout.

— En fait, tu m'as juste proposé de l'aide pour soulager ta bonne conscience, j'émets en claquant ma langue contre mon palais, en un signe désespéré. Tu exagères, Filatovitch. Ce n'était pas si épuisant que ça.

Il pousse un faux cri plaintif pour exprimer le contraire, alors que je m'emploie à observer sous toutes ses coutures la tomate que je tiens entre mes doigts pour vérifier qu'elle ne soit pas moisie, ou qu'elle n'ait pas d'aspect étrange.

— Je t'ai quand même supportée toute la journée pendant que tu criais dès que tu voyais quelque chose qui ressemblait à ta série, rétorque-t-il d'un ton qui trahit le fait que ça ne l'a pas tant dérangé que ça, et qu'il dit juste ça pour m'embêter. Ensuite, j'ai dû marcher pendant des heures sous ce soleil infernal, et pour finir, j'ai dû te porter sur mon dos comme si j'étais un dromadaire !

Sa dernière phrase me fait éclater d'un rire que je ne peux contenir, mettant en pause mes observations en voyant que les tomates n'ont rien.

— Si je te dérangeais, il fallait me le dire ! je lui réplique, amusée, en plissant les yeux dans sa direction.

𝑵𝒆́𝒎𝒆́𝒔𝒊𝒔Where stories live. Discover now