Chapitre 3

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Alexeï


Quand je pénètre à l'intérieur de la salle, elle est bondée. Et encore, bondée n'est qu'un faible mot pour décrire ce qui m'entoure. Les gens fourmillent sur les dalles lustrées et créent plusieurs petits mouvements de foule qui me forcent à rester près des murs pour qu'on me laisse tranquille.

À cet instant précis, je maudis Kira, la seconde maquilleuse de l'équipe, qui m'a forcé à venir ici. Même si ce n'est pas tout à fait vrai, parce qu'au fond, j'étais quand même d'accord pour trimballer ma personne à cette soirée.

Mais si j'avais su, j'aurais préféré rester chez moi devant une bonne série Netflix.

— Allez quoi, c'est pour mon feed Instagram ! On sait tous que les célébrités ne viennent pas à ces afters pour la mode. On s'en moque bien, d'ailleurs ! C'est surtout pour booster les statistiques sur les réseaux et pour faire des rencontres !

Obnubilé par l'une des verrines au surimi et au caviar qui me fait de l'œil depuis une bonne dizaine de minutes, je cesse un instant ma contemplation pour pivoter vers une silhouette féminine qui parvient à devancer, avec sa voix portante, les intonations puissantes de la musique.

Elle semble prendre en otage la jeune femme brune que j'ai croisée plus tôt dans la soirée, au sous-sol du bâtiment. Elle a l'air d'avoir légèrement pâli, mais j'ai du mal à savoir si c'est parce qu'elle ne se sent pas bien ou si c'est à cause de la luminosité ambiante.

— Écoute, je pense que nous sommes en droit de refuser, d'accord ? Laisse-nous passer, s'il te plaît, lui demande poliment la seconde femme qui se tient aux côtés d'Athalia.

Il est assez simple de connaître le prénom de celle qui n'a pas cessé de me fixer dans le parking souterrain, étant donné que c'est une célébrité mondialement connue. De même que son amie qui l'accompagne.

Je vais d'ailleurs devoir prendre l'habitude de les appeler par leur prénom, puisque nous serons amenés à travailler ensemble incessamment sous peu.

— Ah oui, tu es là, toi aussi. C'est vrai que depuis le succès de Némésis, on vous voit toujours ensemble, toutes les deux.

La femme qui ne cesse de réclamer une photo, se tourne vers la silhouette de Jenny, et la sonde de haut en bas, un sourcil haussé.

— De toute façon, c'est pas à toi que je parle, mais à elle. En plus, je n'aime pas ton personnage, crache-t-elle avec un certain dédain, qui témoigne sans nul doute de sa jalousie.

Au vu de la tête que fait Jenny quand elle essuie son ton hautain et ses remarques désobligeantes, j'ai l'impression qu'elle pourrait sauter à la figure de l'autre fille pour lui faire ravaler sa langue.

Athalia, elle, ne réplique rien, et a l'air surtout de plus en plus mal en point, au fur et à mesure que les secondes s'écoulent.

Je suis assez surpris de la voir aussi nerveuse. Elle parvient à ne pas le montrer sur les traits qui dessinent son faciès, mais ses yeux, son teint et ses mains qui tremblent le long de ses cuisses parlent à sa place.

Elle, qui d'ordinaire est confiante, souriante et pleine d'assurance sur les tapis rouges, semble être à deux doigts de tourner de l'œil.

Je les observe encore pendant quelques instants, puis je prends l'initiative de faire un pas en avant en m'emparant d'une coupe de champagne qui trône sur le plateau d'un serveur qui passe près de moi.

Je ne sais pas ce qu'il me prend. Sur le coup, je ne réfléchis pas réellement à ce que je suis en train de faire. J'agis, c'est tout.

Et je n'ai pas réellement le temps de regretter mon geste, qu'au moment où Jenny s'apprête à répliquer pour remballer la fille qui continue de la regarder avec noirceur, j'attrape le poignet de cette dernière pour lui faire lâcher prise lorsque j'arrive à sa hauteur.

𝑵𝒆́𝒎𝒆́𝒔𝒊𝒔Where stories live. Discover now