Chapitre 10

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Athalia


— Non, si je t'ai mis l'interview avant, c'est pour une bonne raison.

Mon manager s'adresse à moi d'une voix forte lorsque je tente de négocier pour pouvoir rentrer chez moi en début d'après-midi, entre l'interview que je m'apprête à tourner et le photoshoot que j'ai à quatorze heures.

— Mais George va m'attendre, je proteste en sachant bien que ce pauvre chien est bien trop vieux pour dépendre de moi.

C'est simplement une excuse, même si la perspective de revoir mon chien avant ce soir, ou cette nuit suivant le déroulé de mon emploi du temps, m'enchante bien.

— Ce n'est pas la première fois que tu le laisses seul, réplique-t-il d'un ton ferme. Tu as besoin de te faire préparer pour les photos, et entre les vêtements, le maquillage et la coiffure, il faut que tu commences juste après l'interview.

Je me renfrogne lorsqu'il insiste, avant de me décaler pour laisser passer l'une des costumières du magazine qui va m'interviewer, et qui tente de passer dans mon dos.

Le studio est plutôt grand, aussi bien en largeur qu'en longueur. Plusieurs fois, mon regard a été accaparé par le plafond qui se trouve à bien trois mètres au-dessus de ma tête.

Alexeï m'a d'ailleurs réprimandée au moins six fois, puisque je faisais souvent ça tout à l'heure, quand il me maquillait. Mais autant dire que ça ne m'a pas empêchée de recommencer.

Même si je ne parviens pas à négocier pour rentrer chez moi, j'ai au moins eu la chance de pouvoir demander à ce qu'Alexeï m'accompagne aujourd'hui.

Nous peinons déjà à nous rapprocher, lui et moi, puisque j'ai encore du mal à me laisser faire parfois, donc ce n'est pas pour qu'une ou un inconnu me tripote tout au long de la journée.

Je préfère l'avoir lui. En deux semaines maintenant, j'ai largement eu le temps de m'adapter à sa présence, et je commence même à bien l'apprécier.

Je n'aurais jamais cru dire ça un jour, mais Alexeï n'est finalement pas comme je l'imaginais.

Il est amusant, cultivé, plein de ressources, intelligent, et surtout blasé la plupart du temps. Mais je ne peux rien dire là-dessus puisque certaines fois, je suis pareille. Surtout quand je ne connais pas ceux qui m'entourent et que j'ai décidé qu'il en serait ainsi et pas autrement.

Je peux être très têtue quand je veux, voire insupportable, j'en ai conscience. Et Alexeï mériterait très sincèrement une palme d'or pour avoir réussi à rester à mes côtés malgré tous mes hauts et mes bas auxquels il a pu assister jusque-là.

Voilà pourquoi il est important pour moi de l'avoir à mes côtés aujourd'hui, tandis que je m'apprête à me faire interviewer par le magazine Variety.

Entreprise par ailleurs, très bien organisée, que ça soit au niveau de leur staff, des directives données, ou de l'accueil des célébrités.

On m'a apporté le petit-déjeuner quand je me faisais coiffer, mais trop stressée pour y toucher sans en connaître la provenance, et assez gênée aussi de bénéficier d'une telle attention, j'ai laissé Jenny -qui doit se faire interviewer après moi- tout engloutir.

Et Alexeï ne s'est pas gêné lui non plus pour se servir.

— On démarre bientôt !

Un employé s'approche du petit groupe que nous formons avec mon manager et l'équipe technique, et je hoche la tête en laissant mon regard se perdre sur le tabouret noir disposé devant un immense drap blanc qui m'attend un peu plus loin.

𝑵𝒆́𝒎𝒆́𝒔𝒊𝒔Where stories live. Discover now