Chapitre 1

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Russie, Saint-Pétersbourg

Athalia


— Je dirais 3-0.

La syllabe 'ro' du mot 'zéro' passe à peine la barrière de mes lèvres, que la jeune femme installée élégamment à côté de moi me donne une tape sur le bras en fronçant les sourcils.

— Ça ne va pas ? Ne dis pas de telles choses, Athalia, tu vas nous porter la poisse ! marmonne-t-elle, en levant les yeux au ciel, amusée.

Pendant que nous roulons, les éclairages extérieurs qui illuminent la nuit noire zèbrent à intervalles réguliers la peau nue de nos jambes, malgré les vitres teintées de la voiture.

Je me perds un instant dans la contemplation de ces lumières qui font briller la ville en effervescence, même à une heure aussi tardive, puis relève mes iris vers le peu d'étoiles qui tentent de s'imposer dans la toison argentée.

Les nuages règnent en maître au-dessus de nos têtes et n'aident pas à réchauffer l'air quotidiennement glacial de Saint-Pétersbourg.

Je me félicite alors d'avoir enfilée un pull au col roulé bien chaud pour venir au défilé, en plus de mon manteau trench aux couleurs de la nuit.

Long de plusieurs centimètres, il recouvre la nudité de mes cuisses suite à la jupe que je porte.

— Ok, mais 3-0 pour qui ?

Maxim, mon chauffeur personnel, assis derrière le volant, intervient en ayant perçu notre conversation, sans pour autant lâcher du regard l'asphalte goudronneux et enneigé sur lequel nous circulons.

— Pour le Brésil, bien sûr, je lui réponds en esquissant un léger sourire en coin, prête à me recevoir les foudres de Jenny.

— Pardon ?!

Ça ne manque pas, ma meilleure amie à mes côtés s'insurge face à ma réponse, et je ne peux retenir le rire sincère qui sort d'entre mes lèvres quand je la vois me foudroyer avec ses prunelles faussement embrasées.

Ses cheveux teints en un blond sablé pour la série dans laquelle nous jouons toutes les deux lui encadrent joliment le visage, et font davantage ressortir ses grands yeux foncés. Le rouge qui colore ses joues et le sourire qui étire ses lèvres démontrent qu'elle semble plus détendue qu'il y a quelques minutes, quand nous étions encore installées côte à côte lors du défilé de la Fashion Week.

Nombreux étaient les photographes et les paparazzis qui nous attendaient autour du Gostiny Dvor, malgré la neige et les températures hivernales. La galerie marchande avait été rénovée luxueusement pour l'occasion, et même à l'intérieur, une fois installées à nos places respectives, nous avions dû nous laisser photographier par une horde de journalistes qui, pour la plupart, n'habitaient même pas en Russie.

Sérieuses et professionnelles, nous avions ainsi fait face, pendant de nombreuses minutes, aux flashs des appareils, aux hurlements des fans amassés derrière les grandes baies vitrées pour continuer de nous apercevoir, aux chaînes de télé venues faire des reportages, ainsi qu'aux patrons de différentes marques de luxe.

Tout ça n'était pas réellement nouveau pour nous, mais cette Fashion Week avait été notre première depuis que la série nous a propulsées sur les devants de la scène.

L'angoisse, le stress et l'appréhension nous avaient malmenées durant les deux dernières heures. Sur la plupart des photos que nous avions prises ensemble, il est aisé de remarquer le bras de Jenny solidement enroulé autour du mien, et mes doigts crispés le long de mes hanches.

𝑵𝒆́𝒎𝒆́𝒔𝒊𝒔Donde viven las historias. Descúbrelo ahora