18.

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Jungkook


Au début, tout se passait bien.

Au début, il n'y avait pas de débordements.

L'afflux était modéré. Mon espace vital était respecté.

Certaines personnes criaient, s'extasiaient, pleuraient, tout en respectant mon cercle d'intimité. Derrière mon masque, j'essayais tant bien que mal de leur sourire, de leur faire des petits signes de main ou d'incliner la tête pour les remercier de leur soutien.

J'avançais avec peine malgré tout, avisant toutes ces têtes tournées dans ma direction, tous ces visages souriants. Ils étaient tant que je ne pouvais même pas faire une estimation de leur nombre.

Alors, j'abandonnais bien vite, et me concentrais sur le bras de Jimin enroulé de manière sécurisante autour du mien. Je calais mon pas sur le sien, et m'appuyais de temps à autre contre son épaule, comme pour puiser ma force en lui.

Tout ça, c'était au début.

Ensuite, après quelques minutes, tout dégénéra en une cacophonie effroyable, lorsque deux jeunes femmes décidèrent, selon leur bon vouloir, de venir me coller leur téléphone dans la figure.

Elles s'étaient tant rapprochées, que cela avait donné comme un signal silencieux aux autres pour qu'ils en fassent de même.

Pour être honnête, j'avais réellement cru que j'allais m'évanouir au milieu de toute cette foule, tant l'oppression que je ressentais était insoutenable. J'avais eu des bouffées de chaleur, la nausée, la cage thoracique comprimée, et tout ça n'avait rien généré de bon.

Pas avec la maladie qui me ronge et qui remonte à la surface au moindre signe de stress que j'éprouve.

« Reculez ! Reculez-vous ! »

Les cris de hargne que pousse Jimin me ramènent violemment à la réalité, en même temps qu'une chose non identifiée qui s'enfonce durement dans mes côtes.

J'essaie de ne pas y prêter attention, et tente de rester focalisé sur le fond de l'aéroport qui me semble inatteignable. Je peine à l'apercevoir avec tous ces gens collés à nous, qui brandissent leurs portables en direction de ma tête pour espérer avoir le meilleur cliché de ma personne.

Ne serait-ce que pour photographier une mèche de mes cheveux, ma joue, mon oreille, mes chaussures, mon coude, ou même le bout de mes doigts.

Mais pourquoi faire ? Pourquoi se comportent-ils comme ça avec une personne qu'ils sont censés aimer, idolâtrer ?

Tout cela m'échappe.

Ils hurlent mon prénom pour que je tourne la tête dans leur direction, comme si j'étais un chien que l'on sifflerait pour attirer son attention.

N'en suis-je donc réduit qu'à ça ? Un vulgaire animal que l'on poursuit, assiège, et hèle sans douceur ni politesse ?

« Laissez-le respirer ! hurle de nouveau Jimin, en repoussant des mains qui se tendent vers moi dans le but de me toucher. »

Il est fou de rage face à l'ampleur et la tournure que prend la situation. Mes gardes du corps et Ivan font aussi tout leur possible pour nous dégager la voie et me protéger à la fois, mais mes fans sont trop nombreux.

Nous peinons à ne serait-ce que mettre un pied devant l'autre.

Certains tentent tout de même d'indiquer aux autres qu'ils sont trop près de moi, mais personne ne les écoute, et ils se retrouvent, eux aussi, noyés dans toute cette vague d'hystérie.

𝑵𝒆́𝒎𝒆́𝒔𝒊𝒔Where stories live. Discover now