Chapitre 26

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Alexeï


— Tu veux boire quelque chose ?

Je parle un peu plus fort que voulu dans l'optique qu'Athalia puisse m'entendre à travers tout le brouhaha extérieur.

Elle reste collée à moi, les yeux hagards, et je commence à m'inquiéter en me disant qu'elle n'avait peut-être pas prévu qu'il y aurait autant de monde.

J'en suis d'ailleurs le premier surpris.

Le bar en plein air se situe juste en face de la mer. On entend à peine les vagues venir se déposer sur le sable fin, puisque l'instrumental répétitif des musiques qui passent couvre tout le reste.

Mais il y a aussi les rires, les cris, les discussions enjouées qui font bourdonner l'endroit de gaieté.

L'odeur de l'océan se mélange à celle de l'alcool, et les effluves acidulés mêlées à celle du sel donnent à l'atmosphère un goût particulier. Pas déplaisant, mais plutôt festif.

Un petit kiosque a été installé et fait office de bar au cœur de la plage. Un préau en bambou a été dressé au-dessus, et des guirlandes de lumières sont enroulées autour des poteaux en bois. Il y en a tellement qu'elles illuminent à elles seules l'endroit, et le sable que l'on aperçoit au-delà du plancher en bois, érigé lui aussi pour l'occasion.

Les planches craquent sous nos pas et ce bruit semble légèrement perturber Athalia, qui peine à rester concentrée.

Depuis qu'on est arrivés, elle regarde surtout par-delà l'horizon, vers l'ombre d'un océan qu'on peine à apercevoir depuis la disparition du soleil. Comme si elle tentait de s'échapper à la simple force de sa vision.

Je prends alors l'initiative de glisser ma main dans la sienne, et avant que je n'aie le temps d'estimer la portée de mon geste, un frisson m'électrise le bras. Il remonte et m'hérisse les poils, avant de faire frémir l'entièreté de ma colonne vertébrale.

Je ne sais pas si Athalia vient de ressentir la même chose que moi, mais en tout cas, elle n'est plus du tout focalisée sur la mer avoisinante.

C'est moi qu'elle observe désormais avec ses grands yeux bruns, encadrés par certaines de ses mèches qui élargissent son regard. À l'intérieur, j'y vois s'y répercuter les dizaines de couleurs qui tournoient autour de nous et qui illuminent majestueusement ses iris.

Elle est profondément belle.

La sincérité de ma pensée me ramène subitement à la réalité, et manque de me faire lâcher un sourire incontrôlé.

— Je vais commencer avec de l'eau.

Après ce qui me semble une éternité, Athalia m'apporte sa réponse en élevant la voix. Ses doigts se resserrent autour de mes phalanges, ses pupilles baignant dans les miennes, avant que je ne me tourne vers le bar en bois, où s'affaire derrière le barman.

Ses gestes sont à la fois précis, frénétiques, fermes et assurés, tandis qu'il fait tourner le shaker à cocktails entre ses doigts.

Plusieurs verres sont alignés face à lui, prêts à recevoir la boisson divine qu'il prépare, tout comme les personnes qui se tiennent debout non loin de là dans l'attente que leurs commandes leur soient servies.

Je m'avance tant bien que mal malgré la foule qui reste présente près du kiosque, comme si c'était un point d'eau en plein désert.

Je garde les doigts d'Athalia prisonniers des miens, et arrive après quelques secondes de bataille au niveau des serveurs.

𝑵𝒆́𝒎𝒆́𝒔𝒊𝒔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant