4 | Burn it

183 31 93
                                    


Ley

Dressé au centre de mon garage, la porte ouverte, je jette un coup d'œil dehors. La pluie s'abat sur l'horizon, le ciel pleure. Il se larmoie probablement de la mort de tous ces types que j'ai dû abattre ces derniers temps.

Qu'est-ce que j'ai horreur de faire ça.

Traquer ce chien toute la soirée m'a éreinté et cela fait deux nuits que je n'arrive pas à fermer l'œil. Même si ce putain de Will était le plus gros dealer d'Atma, il ne méritait pas de mourir de la sorte, d'une balle entre les deux yeux. Mais les ordres sont les ordres.

Il me faut une clope.

Ces cris qui perçaient le silence de la nuit, son corps paralysé au troisième coup de feu, son regard vitreux et son âme qui s'envole aux cieux.

J'en ai marre de devoir subir tous ces flashbacks.

Putain dégagez de ma tête.

Sans me poser plus de questions, je saute dans Brutus, ma toute nouvelle Berline noire. Dégommer la pédale d'accélérateur me videra la tête de toutes ces pensées envahissantes.

À peine sur la route, je commence à faire vrombir le moteur. Mes pneus crient à chaque tournant, et les explosions des pots d'échappements ressembleraient presque à des tirs de glock.

Le quartier entier doit me détester.

Arrivé sur le parking, toutes les têtes se tournent dans ma direction. Je slalome à toute vitesse entre les voitures sans manquer de faire faire crisser mes pneus encore quelques fois.

Je sors de Brutus (bizarre dis comme ça), toujours avec mes écouteurs, pour ignorer aux mieux tous les noms d'oiseaux des quelques étudiants qui ne me connaissent pas encore.

C'est la journée des nouveaux, ce qui veut dire qu'il y aura peut-être des nouvelles dans la classe. Ce qui est loin de me déplaire. En croisant les doigts pour qu'elles soient moins casse-bonbon que cette chieuse de Jude.

Mes jambes m'ont mené devant cette large porte en bois, elle doit peser six tonnes.

« Atma University, wisdom and respect »

Université d'Atma, sagesse et respect.

Ce couloir ne m'avait pas manqué. Dénudé de décoration sur les murs, sa couleur est terne et il a le défaut de me rappeler que j'ai cours de psychologie ce matin.

Je ne sais pas quand j'ai cours et il n'y a rien que je déteste plus qu'attendre. L'idée de patienter sans la moindre compagnie pendant de longues minutes pour un simple cours de psycho me rend dingue. Je tourne en rond dans ces quelques mètres carrés, et rien n'arrive à occuper mon esprit. Même si je n'aime personne, je préférais encore parler de la pluie et du beau temps avec un inconnu que de ne rien faire.

Je m'accoude contre la machine à café dans l'espoir de croiser quelqu'un que je connais, pour lui gratter un café noisette sans sucre (très important), mais personne. L'école est vide.

« L'élite » comme on nous appelle, n'est pas encore arrivée. Je ne vois pas mes six collègues de classe et ce n'est pas dans leur habitude d'arriver en retard. Un sourire au lèvres, je me sens presque fier d'être le premier arrivé.

Peut-être que Monsieur Bouns sera plus clément avec moi aujourd'hui. Je ne supporte plus ces piques incessantes à mon égard tout comme lui ne supporte pas que je réussisse tous ses contrôles sans écouter en classe.

Save Me AtmaWhere stories live. Discover now