7 | Chokehold

139 28 25
                                    


(co-écrit)

Jude

Anna me parle depuis dix minutes de son putain de mec, je ne comprends toujours pas ce qu'elle lui trouve.

Il faut que je trouve une parade pour qu'elle arrête de parler de ce type, n'importe quoi.

Peut-être qu'elle pourrait se rendre à cette fête, celle qu'un des abrutis de cette foutue ville organise pour se persuader qu'il est cool et qu'il a des amis.

- Tu pourrais...

- Oh ! Me coupe-t-elle brusquement en manquant de foncer dessus. Il m'a envoyé un message ! Bisous, je sors.

Elle partit en coup de vent sans même se retourner. Je n'ai même pas eu le temps de réagir.

Je sais que l'amour rend complètement fou et aveugle mais à ce point ? Anna a complètement perdu la raison et ça depuis quelques semaines déjà. D'un coup d'un seul, elle s'est prise d'amourette pour ce Aigel, ce qui est parfaitement incompréhensible.

Le pire est que je me retrouve comme une conne debout face au comptoir, un verre de vin à la main, encore. Mais dans un sens, cette situation me plaît.

Elle perd son temps avec un connard qui va lui briser le cœur et moi je profite avec mon verre de vin qui va me briser le foie.

Je hausse les épaules en soupirant et finis mon verre cul sec. Je ne veux pas devenir folle comme ma colocataire.

L'amour ? Très peu pour moi.

Je mets la musique à fond sur l'enceinte du salon et me déhanche sur le rythme de Needed me de Rihanna. Elle me perce les tympans, les basses emplissent la pièce en se répercutant contre les murs.

« Used to trip off that shit I was kickin' to you
Tu t'accrochais à chaque mot que je te disais
Had some fun on the run though I'll give it to you
Pour moi ce n'était qu'un amusement, pour toi c'était un rêve »

Une vraie bad bitch cette Rihanna.

Je fais le vide autour de moi, plus rien n'a d'importance à ce moment précis. La vie peut bien me faire un coup de pute que je n'en aurais rien à foutre.

Chaque parcelle de mon corps entre en transe, mon esprit est ailleurs, hors de cette foutue ville tordue. Je me sens bien, vraiment bien.

- Qu'est-ce que c'est bon, bordel ! Lâché-je à haute voix, pour moi-même.

J'ai la soirée pour moi, je suis seule, enfin seule et pour une fois, je n'ai pas à me préoccuper d'autre chose que de moi-même.
Un sentiment de liberté me consume, y a-il vraiment une quelconque liberté à Atma ? Si c'est le cas alors pourquoi je ne m'y sens pas à ma place ?

Ville maudite. Que me caches-tu ?

Je rentre dans ma bulle, je n'entends plus rien à part la musique, je ne vois plus rien. Je suis ailleurs, tellement ailleurs que je n'ai pas vu la porte s'ouvrir.

Elle était pourtant fermée, non ?

Je coupe la musique en bondissant sur l'enceinte. Mais qu'est-ce que c'est ce truc ? Mon cœur commençant à battre plus fort, je fronce les sourcils en inspectant la porte d'entrée pour me rassurer, elle n'a pas été forcée. Je sais que ça ne peut pas être Anna, elle aurait braillé si fort que même avec la musique le voisin de l'appartement d'en face l'aurait entendu.

Sûrement une mégarde ou un courant d'air ?

Je finis par hausser les épaules puis me décide d'aller fermer la porte lorsque mon corps se fait bloquer par une force inattendue.

Save Me AtmaWhere stories live. Discover now