43 | Anomaly

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Aigel

- Ok, là, on est vraiment dans la merde. Je hurle en esquivant un couteau de justesse.

Les impacts de tirs percutent les parois de ces murs blindés et les font résonner. Les corps tombent au sol, leur sang coule le long du couloir et Zaka a disparu.

En me laissant seul, il me donne l'impression d'être condamné. J'ai oublié mon rôle, j'ai oublié ce que je devais faire, j'ai oublié de dire mon dernier « je t'aime » à Anna.

Elle va encore me faire la grève du sexe.

L'angoisse lacère chacun de mes organes, un mal de ventre atroce me cloue sur place. Les hommes de Yammat nous encerclent, ils se multiplient.

Je ressens à peine l'arme dans ma main, bien qu'elle soit lourde, elle paraît aussi légère qu'une plume. Déconnecté de moi-même, je perds toute notion du réel. Perdu dans une illusion cauchemardesque, je cherche désespérément mon acolyte de fortune.

Je ravale ma salive en contenant ma peur, je me promets de ne pas mourir. Un type fonce sur moi et tombe au moment où une balle se loge dans son front.

Je me tourne vers Zaka apparu tel un fantôme, mon arme dans ses mains. Comment ai-je fait pour la perdre sans m'en rendre compte ? D'où la légèreté en fait ! Merde !

- Bouge-toi Aigel ! Et ressaisis-toi, merde !

Les hommes de Yammat perdent la vie un à un. Voler un de leurs fusils d'assaut était la meilleure idée que je puisse avoir dans ma vie. Enfin, ça et marier la moutarde avec les chips au vinaigre.

Tirant à l'aveugle sur les silhouettes effrayantes qui m'assaillent, je crois voir des corps tomber. Suis-je aussi fort que ça pour manier le Famas ? Ça doit être mes cent-quarante heures de jeu sur Call of.

Les dégommer un à un me donne un pic de confiance vite oublié par le charisme de Zaka qui se faufile derrière ses victimes pour les égorger. La lame à peine dissimulée dans sa manche, il enlève la vie comme un assassin. Rapidement, discrètement. Mon corps frissonne.

Son geste est maîtrisé, propre, et effectué en toute discrétion. Bravo Zaka... J'aurais peut-être pas fait mieux.

La pièce est pleine de corps entassés. L'air que l'on respire est chargé par l'odeur du sang. Nos bottes en sont couvertes. Et j'ai à peine le temps d'en être écœuré qu'un crissement de pneus résonne à l'extérieur du bâtiment.

Mes yeux trouvent Zaka, son manteau à capuche et cette traînée derrière lui, qui ressemblerait presque à une cape.

- Si tu n'avais pas été si beau, je t'aurais descendu.

- Je t'aurai buté avant, affirme-t-il en ouvrant une trappe au plafond.

Zaka m'indique que l'on va s'y faufiler pour gagner du temps. Même s'il ignore mon refus catégorique, il reste compréhensif. Les petits espaces m'effraient, ils me donnent l'impression d'étouffer.

Ma crainte, Zaka la balaye d'un revers de la main en me portant pour que j'entre en premier. Mes tremblements accompagnés de gouttes de sueur vont nous donner du fil à retordre, je te hais l'énigme.

- Aigel, on ne va pas y passer la journée.

- La ferme ! J'ai froid, j'ai peur, je stresse donc tais-toi !

Pour une fois, Zaka obtempère. J'angoisse tellement et je suis si fébrile que ma vision se brouille, elle se remplit d'eau salée. J'ai peur de ne pas y arriver.

Save Me AtmaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant