30 | ~ Rosemary ~

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Pov : Inconnu

L'humidité me collait à la peau, j'avais une vulgaire impression de sentir les pins et la mousse. Trois jours à ramper dans la boue, trois jours à puer, à vivre dans la merde.

Les voix me criaient de m'arracher les globes oculaires, de me lacérer la peau, de broyer ma chair jusqu'à l'agonie. La vaste impression de devenir fou me consumait comme un mauvais poison.

Étranger à soi-même, on perd les pédales et on vrille jusqu'à plus être soi, ne plus se reconnaître, n'être qu'un aliéné sans âme, sans être, sans essence.

L'humidité se dessinait sur les carreaux hermétiques, nous distinguions à peine les silhouettes de l'autre côté de cette vitre morne et terne.

Une soudaine envie de sang nous prit, le goût métallique et légèrement salé ravivait notre flamme intérieure ainsi que notre désir de destruction.

Des tâches de sang et de terre se déposèrent sur le carreau brumeux. Les petites pieds crasseux d'un môme souffrirent à ma vue mais pas que... il y avait des tâches d'hémoglobine sur le sol en béton.

Outils de torture, pinces, cisailles, couteaux, seringues emplirent ce sous sol délabré. Des gouttes d'eau salée tombèrent timidement comme la putain de pluie qui témoignait la peine du ciel, comme ci celui-ci pleurait ce qu'il voyait.

Je discernais sa peine entre ses traits qui semblaient contrariés, un froncement de sourcil, des lèvres baveuses, des cris de détresse et malgré tout un espoir de s'en sortir.

Une attente vaine et superflue.

Nous reviendrons chaque jour, chaque heure, chaque minute pour nous délecter de ce spectacle sanguinaire et brutal.

Le gamin ne pleurait pas de sa propre peine ville et insouciante mais il se lamentait de celle de sa génitrice. Étonné de la violence soudaine de son paternel qui avait lui aussi une soif de sang et de violence sans bornes.

Je me délectais de cette violence, de cette peur, de cette terreur si familière, si douce, si chaleureuse.

Ley n'a jamais su que je l'épiais dans son lieu secret.

...

Un froid aussi glacial que la pluie, l'odeur de sang et de terreur parvenait à mes narines. Mon regard se posa avec dégoût sur le môme posté en bas.

Son corps n'était pas gros mais squelettique ce qui calma les gargouillements dans mon estomac en comprenant qu'il ne me servirait même pas d'apéritif.

Oh, Ley...

Ils appellent ça du cannibalisme, moi j'appelle ça la passion et l'admiration pour la chair humaine.

Le garçonnet chiale, encore et toujours, chaque jour. Il ne nous paraît pas grand, à peine comme trois pommes.

Nous avons au moins cette chose en commun, ses larmes sont visibles, elles tracent sa peine sur ses maigres joues tandis que les miennes me lacèrent l'œsophage, me serrent la gorge.

L'humidité, l'odeur de la pluie, les cris d'agonie des animaux et un gamin qui pleure exposant sa peine à tous comme si la mort progressive de mon corps n'était que le cadet de ses soucis.

Save Me AtmaDonde viven las historias. Descúbrelo ahora