Save Me Atma

42 | Stained Moon

Jude

Un battement fulgurant, une respiration alourdissante. Ce bouleversement me domine tandis que mon esprit divague pour lui céder le contrôle.

Mon rythme cardiaque résonne et me comprime les poumons. Cette lutte acharnée contre moi-même m'épuise. Des perles d'eau salée rafraîchissent mes lèvres rongées d'angoisse.

Troubler ma vision, troubler ma raison, trembler face à l'appréhension. Je prie pour que toutes ces craintes ne soient qu'illusions.

- Jude ! Me crie encore une fois Aigel en voyant que je ne réponds plus.

- On devrait y aller, réponds-je en titubant vers l'entrée de cet endroit maudit.

Cette vision de film d'horreur me glace le sang, les fantômes de cet endroit me hantent avant même que je ne me glisse dans cet enfer.

Cette douce amertume cauchemardesque m'anime d'un feu sanglant. Le vent se cache derrière les arbres, les feuilles tremblent dans cette fureur nocturne et plus rien ne bouge de peur de sombrer davantage.

Coincé dans ce purgatoire, les ombres autour de moi restent clouées sur place. Ni Zaka ni Aigel n'osent avancer, ils ne m'offrent qu'un regard las et inquiet.

Un frôlement chaud et tendre tente d'apaiser mon affolement. Aucune connexion psychique, aucune passion ne peut nous sauver, il n'y a rien que du trouble et de la discorde.

Sauve-moi, ramène-moi à la surface.

Chacun de ses gestes, chacun de ses mots me réparent. Une âme meurtrie n'a pourtant pas ce privilège de guérison, elle est condamnée à périr.

Aucune issue n'est envisagée, rien ne répond plus. Peu de paroles réconfortantes me parviennent, peu de tendresse pansent mes plaies.

Son mal protège le mien, mon manque de quiétude condamne la sienne.

Nos maux se mélangent, s'abîment, s'entrechoquent dans ce mélodrame. Nos âmes cherchent un peu de paix l'une chez l'autre mais ne trouvent rien de plus qu'un désespoir trop imposant pour être métamorphosé en un peu de gaieté.

Chez certains, le paradis n'est pas permis.

Cette condamnation sans jugement me brise et anéanti un bout de mon être. Rien de juste n'existe, rien de bien n'est à prévoir.

- On doit y aller, Ley. Je lui intime en fuyant désespérément son regard.

- On a tout notre temps, ange.

Rien qu'un instant, son esprit me crie de m'en remettre à lui. Je m'abandonne et ne lui cède qu'une part de confiance éphémère.

Je resserre l'arme autour de ma poigne avec la ferme intention de faire sauter toute mes angoisses une à une, avec le bâtiment s'il le faut. Chacun de mes démons, chacun de mes fantômes, chacun de mes monstres vont sauter, un à un.

Chacune des instructions de Ley reprennent et continuent à fuser comme une ribambelle de balles qui s'écrase au sol. Le vide s'installe dans mon esprit, je tente de garder la tête froide en me préparant déjà au pire.

Rice n'est pas une personne de confiance, il n'est ni mon père ni mon tuteur; il n'est qu'un connard parmi tant d'autres qui joue avec le feu en espérant ne pas se brûler les doigts. Rice est un fléau, une malédiction.

Je ne crois pas à son plan et encore moins à sa pseudo coopération. Toutes mes espérances sont placées en Ley et seulement en Ley.

Il est mon seul repère, ma seule balise, mon phare dans la nuit. Je vogue les yeux fermés, il m'attire aveuglément dans ses filets en me promettant la liberté.