29 | Sugar

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Ley

J'ai le goût, le goût pour elle.
Ses lèvres goûtent le divin, elles me caressent jusqu'à l'extase, je frôle la perte sous les assauts de cette peau.

Ses hanches se balancent de gauche à droite ou de droite à gauche je ne sais plus. Sa silhouette semble aussi imparfaite que suprême, sans défaut et pourtant elle ne ressemble à aucune autre.

Elle n'est pas mienne, et c'est bien mieux comme ça.

La nuit tombée on se voit, c'est notre secret. Un plaisir caché, oublié au soleil levé, comme une obscurité dans notre quotidien, c'est notre tâche d'ombre.
Elle me goûte comme du vin, telle fut sa destinée ; plus que ça, nous avons été créés pour nous toucher.

Ses mots me couvrent un temps, ils m'élèvent un autre. Le soir, ils me transcendent.

On se consume pour régler nos problèmes ; la mort dans l'âme, nous ne sommes que deux inconnus perdus, qui s'oublient l'un dans l'autre.

Jude me rejoint dans ma chambre chaque soir depuis une semaine, nous nous déchaînons avec le corps de l'autre ; le cœur vide, nous nous dévorons que dans une passion enragée. Une baise qui fait du bien, qui console des maux, une baise thérapeutique.

Mon amour pour toi est une rage déchirante ; je t'offrirai des rayons de soleil pour qu'ils éclairent tes yeux, pour qu'une braise vive dans tes perles, pour que ton coeur rayonne.
Je gravirai les monts et les vagues ; sur la terre comme dans la mer, toute contrée méritera d'être gravée pour sauver notre passion.
Je te donnerai tout ce que j'ai, et ce que je n'ai pas ; tu m'auras moi, et bien plus ; tu mérites la terre et la lune, et surtout le soleil.
Tu es notre terre, notre ciel et nos océans. Mon monde n'existe pas sans le tien.

J'ai noirci tous les bouts de papiers de ma chambre, tous les bouquins, chaque carnet, cette garce m'obsède. Mon esprit bouillonne, mon cœur fond, ses rencontres charnelles ne me comblent plus, c'est trop peu, j'ai besoin de plus. Je veux connaître cette fille. Comprendre ce qu'elle a vécu, résoudre l'énigme Jude Rinston, pour enfin comprendre pourquoi cette goutte dans l'océan m'obsède autant.

- Vais-je lui avouer pour mon père ? Je l'ai tué, elle doit le savoir. Murmure-je dans ma chambre presque vide.

Elle aurait honte de ce que je suis, honte du monstre que je suis devenu.

Et pour ma mère ?

- Devrais-je lui dire que j'ai vécu seul, sans personne, et ce, toute ma vie ?

Un vide, un trou dans mon âme. C'est ce qu'elle m'avait laissé après avoir raccroché, lâché le fil, abandonné tout espoir d'une suite. Ma mère. Un trou béant dans la poitrine, un cœur qui ne bat plus que d'un battement, une respiration solitaire qui s'ouvre par un espoir et se ferme par une déception. Une pensée qui s'anime et qui espère un lendemain plus heureux en voulant abandonner les larmes d'hier et la peine d'aujourd'hui. Le manque de cette femme.

Elle est comme un espoir, comme un souffle qui fait renaître le désespoir. Mort mais vivant, prudent et insouciant, elle n'espère plus, elle vit puis s'ennuie à en mourir. Elle est, mais n'est plus, elle était, mais ne sera jamais plus. Un espoir, un souffle, un battement de cils puis elle a disparu.

Jude... Sauve-moi.

Un regard, des paroles avouées à demi-mot, le désir d'une aventure moins périlleuse mais pas moins tumultueuse. Un glissement de main dans la sienne avant de s'engouffrer dans un océan de plaisir, une eau de bohème et des gouttes de tristesse. Un dernier saut avant de remonter à la surface, avant d'affronter nos dernières angoisses.

Save Me AtmaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant