5 | Across

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(tw : self-shaming, self-harming mentionné)

Ley

23h53. On ne sait trop où.

Pourquoi suis-je si triste ce soir ?

Pourquoi ces gens me regardent ainsi ? Je suis convaincu qu'ils me détestent. Le dégoût, c'est peut-être ça qu'ils voient. Pourquoi s'acharnent-t-ils ? À leur place, je ne perdrai même pas ce temps. Personne ne mérite de gâcher son temps à me regarder et encore moins à venir me parler.

Je me déteste. Je me déteste comme je le mérite. Pourquoi ai-je autant envie de me faire du mal ? Cette peau ne demande qu'à souffrir. Je veux la voir pleurer à ma place. Putain pleure ! Pleure ce que je n'arrive plus à pleurer. Pleure du sang. Ce putain de sang qui ne mérite pas de circuler. Ce fluide aussi sale que moi. Rien, c'est ce que je suis. Un moins que rien. Je tue, je détruis tout sur mon passage. Dans mon monde, il n'y a ni compassion ni tolérance. La mort, et c'est tout.

Je ne suis qu'un mort vivant. Un vivant anéanti, qui brûle dans le silence. Un vivant qui cherche la mort. Perdu, je cherche dans la fin, les réponses à mes questions.

Elle s'est sacrifiée pour moi.

Maman.

Depuis sa mort, le feu brûle en moi. Il brûle si fort, que dehors rien ne vit. Le monde tourne, les gens travaillent et ensuite profitent avec leur famille. Dans la modération et la simplicité. Mon monde à moi n'est pourtant ni simple ni modéré.

Les phalanges écorchées reflètent toutes ces nuits tristement violentes. Mes yeux autant épuisés que vides, dans le miroir, m'arrachent de mon monde. Ils me rappellent que je suis encore vivant, je vois en eux le feu qui ne s'arrête jamais. Est-ce que quelqu'un le verra un jour ? Au fond de moi , je suis convaincu d'être condamné à souffrir seul. Et je mourrai seul.

Je n'ai pas toujours été seul. Elle était là.

Et maintenant je me sacrifie pour elle.

Maman.

Je veux la revoir.

Non. Tout est fini. J'ai mal.

Ma montre ? Mes yeux se braquent sur le cadran.

23h55.

Plus que cinq minutes.

...

1 h du matin. Manoir de Ley.

Du sang.

Mes mains sont couvertes du sang de ce fils de pute. L'image de son corps qui chute en avant après le premier coup de feu. Cette masse qui ne comptait pas pour moi, mais peut-être pour d'autres. Quelle triste fin.

L'écho de son dernier cri résonne encore dans mon crâne. Je sais d'or et déjà que mes prochaines nuits vont être tourmentées.

Puis ce deuxième coup de feu, celui qui est partit tout seul, comme par habitude. Celui qui clos pour de bon ma mission.

La vue du sang quittant peu à peu son crâne et voir ses membres se relâcher d'un coup. Cette seconde où son âme quitte son corps, ce moment où tout retour en arrière devient impossible.

Ce silence.

Un mort de plus cette semaine.

Je crois que le calme après avoir tué est la pire chose à vivre. La solitude qui me percute quand je me retrouve seul face à un corps inerte. Cette sensation d'être seul au monde, le monstre que je suis et rien d'autre, plongé dans la nuit la plus obscure.

Save Me AtmaWhere stories live. Discover now