41 | My secrets are lost in the wind

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Jude

- Vous stressez, vous, pour la mission ? Moi, pas du tout. Tout va bien, je n'ai jamais été aussi serein qu'aujourd'hui. Je ne stresse absolument pas. Et vous ?

- C'est bizarre. Ça fait vraiment quinze minutes que tu trembles et que tu regardes ta montre, je ne peux m'empêcher d'ajouter en me retournant vers Aigel.

Les traits déformés par la honte, le blond m'offre un doigt bien dressé alors que Ley roule dans un nid de poule. La tête d'Aigel percute le toit de la berline, ce qui me provoque un gloussement impossible à retenir.

- Pas fait exprès, le raille Ley d'un air taquin.

Je retiens désespérément mon fou rire, Aigel râle en passant sa main sur sa pauvre tête. Il nous jure qu'il a déjà une bosse et qu'il aurait pu avoir un traumatisme crânien.

Le plus impassible reste Zaka qui ne relève même pas les bêtises de son acolyte, il l'ignore comme s'il était le dernier de ses problèmes.

- Touche, Jude. Elle est énorme !

Le regard noir de Ley qui se reflète dans la glace et assassine Aigel, ce dernier ne relève même pas la menace. Il continue à parler de sa bosse gigantesque avec des termes scientifiques qu'il semble avoir inventés.

Les mots latins improvisés se mélangent aux multiples insultes que Ley lui crache. Son énervement a des répercussions immédiates sur sa conduite, il accélère encore et encore, il fonce tête baissée. La voiture peine à rester sur les chemins en terre, nous sommes soumis à la conduite caractérielle d'un brun lunatique et aux routes plus que moyenâgeuse de la vieille ville.

Le regard de rapace de Zaka se concentre sur ses moindres gestes, il se tient prêt à dérober sa proie pour la broyer d'un coup de bec vif et maîtrisé. S'il semble serein tant il ne laisse transparaître ses émotions, je sens tout de même l'appréhension le gagner. L'air est comme plein d'une tension invisible, pourtant palpable, presque étouffante.

Chacune des accélérations de Ley nous mène vers un aller sans retour. Chacun craint la mort à chaque virage – comme si cette mission n'était pas assez angoissante – ; les dents sont serrées, les mains sont moites.

- Tout le monde s'en fiche de moi en...

- La ferme, tranche Zaka sortant son arme pour la pointer contre le crâne du blond.

Son mouvement brusque et inattendu sort Ley de sa transe, il ralentit doucement, secouant sa tête comme s'il essayait de reprendre ses esprits. Ces moments d'absence sont de plus en plus fréquents mais n'ont aucune explication. Je sais que cette voiture est remplie de mecs plus fous les uns que les autres, mais j'espère vraiment que ces missions ne commencent pas à les torturer psychologiquement.

Quand je vois mon... je-ne-sais-pas se torturer et se livrer une guerre mentale solitaire ; l'inquiétude me ronge, m'empoisonne, me consume petit à petit comme une toxine vicelarde et perturbatrice. J'ai peur pour lui, peur pour nous, peur de tout.

Reviens-moi entier, Ley. Reste toi-même pour nous.

- Vous pensez que ce mec est vraiment aussi vicieux et prévoyant qu'on le dit ? Demandé-je pour me vider la tête de toutes ses pensées.

- Non, me coupe sèchement Ley.

Un rictus chatouille ses lèvres que j'aperçois à peine dans le rétroviseur. Alors que la fumée de Zaka se répand à l'intérieur de la voiture, je remarque les sourcils du blond se froncer si fort qu'ils pourraient presque se détacher.

Save Me AtmaWhere stories live. Discover now