26 | I come as a blade

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Ley

J'ai cherché l'idée, la raison, j'ai trouvé la passion. J'ai cherché plus que de raison la réponse à mes questions.

Je vis, et puis quoi ? Je vis, mais pourquoi ? Est-ce que je vis pour moi, et seulement moi ?

Quelle est mon opinion, et non l'opinion de l'opinion ? Suis-je sur la bonne voie ? Quelle voix dois-je écouter ?

Quelle foi ? Quel Dieu ? Quel camp ? Et moi dans tout ça ?

Épreuve sur épreuve, je ne suis pas sûr d'en avoir tiré des leçons. Le voyage fut long me dis-je parfois, alors que je ne suis qu'au commencement de cette inconnue.

Réflexion, écoute et lectures, il faut bien se cultiver. L'école ne peut nous élever. Malheureusement, la réponse à mes questions ne se trouve dans aucun livre.

En quête d'un paradis, je n'ai finalement comme seule conclusion que la vie n'est qu'une mort lente, une agonie. Un voyage difficile sur un énorme point d'interrogation.

Je vais décider d'accepter l'absurdité de ma vie absurde. Camus me tirerait son chapeau.

L'absurde, c'est cette pièce, c'est ces chaînes qui lassèrent mes poignets. C'est cette foutue famille Rinston. C'est Atma.

Zaka, Aigel, Jude et moi. Quatre cerveaux. Ça n'était apparemment pas suffisant pour s'évader en toute discrétion de ce château. Jude a marché sur le pied d'Aigel. Cette âne a crié comme un jeune veau qu'on égorge un jour de fête. Les gardes nous ont repérés.

Cela fait plus de cinq années que je suis tueur à gage, je n'ai jamais réussi à embaucher un élément fiable. J'ai beau être un des tueurs les plus habiles et expérimentés d'Atma, je suis un piètre directeur en ressources humaines. C'est bien triste.

Dans cette sorte de salle de réception, un grand bureau trône dans la pièce. Rice fume un cigar Blackwaver, les pieds écrasés sur le large meuble en acajou. Des petits cercles de fumée s'envolent autour de lui, nous le regardons dans un silence de cathédrale, comme si nous n'étions pas menottés et encerclés par une dizaine de gardes. La pièce est sombre, le calme est pesant.

Rice s'étouffe un instant, puis recrache un nuage de fumée presque noir. Il se lève, fait le tour de son bureau, et s'arrête devant nous. Plutôt, devant Jude.

- Je t'avais dit de faire attention, de ne pas sortir. Tu te fais enlever comme une débutante, et en plus tu comptais partir avec eux. Minable.

- J'en ai rien à battre de ta prévention.

Rice avance d'un pas vers Jude. Il s'arrête devant elle et descend son visage à quelques centimètres de celui de la brune. Il tire une nouvelle fois sur son cigare et recrache la fumée sur moi.

- Tu es une petite merdeuse, comme ta mère.

Derrière le nuage de fumée, je vois le visage de Jude se déformer par la haine. Il a tiré, et je pense qu'il a touché sa cible.

Rice se tourne vers moi. Zaka à ma droite essaye de se défaire des menottes avec un de ses couteaux miniatures. J'entends l'infime bruit du métal qui grince. Le vieux et ses hommes ne semblent rien remarquer.

- Monsieur Watson, j'ai décidé d'établir un contrat, purement unilatéral. Vous allez accomplir une mission pour moi. Me propose le vieux.

- Et si cette mission ne m'intéresse point ?

- Vous et vos hommes mourrez.

Alors que le grincement du couteau de Zaka s'arrête, j'entends Aigel s'étouffer de surprise.

Save Me AtmaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant