Chapitre 3✅

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Le lendemain, mon réveil affiche quatre heures du matin quand je pose les yeux dessus. J'ai viré, tourné toute la nuit. Je ne sais pas si je me sens capable de retourner à l'université ce matin. Croiser leurs regards, son regard, me terrifie.

Mon premier cours est celui avec Monsieur Sarte, autant dire que je ne suis pas très enchantée. Cependant, si je ne trouve pas la force d'y retourner dès aujourd'hui, je ne pourrais jamais le faire et Léon et sa bande, auront la satisfaction d'avoir réussi à me détruire. Je rate néanmoins les cours de l'après-midi pour me rendre chez ma grand-mère et finalement cela m'arrange.

Confiante, je finis par descendre les escaliers encore habillée de ma robe de chambre pour rejoindre la salle à manger. Par l'embrasure de la porte, j'aperçois ma mère, déjà à table et pomponnée. Elle estime que même à six heures du matin, il faut rester prête à recevoir, comme si la Reine d'Angleterre allait se pointer. Me voyant, elle pousse un soupir exaspéré.

— Bonjour, maman.

— Pourrais-tu éviter de descendre dans ce genre de tenue ? Ce n'est pas la première fois que je te fais la remarque, exprime-t-elle en portant de nouveau sa tasse de café à ses lèvres.

Cette fois, c'est moi qui pousse un soupir. Elle se plonge dans la lecture du journal, me laissant manger en paix.

Quand j'étais petite, elle était pourtant mon modèle, mais la froideur de son éducation a rapidement changé la donne. Ma mère et moi sommes opposées. Elle reste ma mère, mais même si c'est difficile de l'avouer, je ne l'aime pas autant que je devrais.

Elle ne m'a jamais laissé profiter de mon enfance. M'empêchant de jouer dans le jardin pour ne pas me salir ou de m'empiffrer de bonbons pour garder un poids correct même à quatre ans. J'ai une grande rancune contre elle.

Après un trajet en limousine qui me parait trop court, Hector me dépose devant l'université, me demandant si je suis certaine de mon choix. J'acquiesce. Je ne dois pas plier face à cet idiot de Léon.

Je souffle un bon coup, m'impose une posture bien droite. Je suis à l'aise dans mes Converses, les chaussures que ma mère aimerait me voir jeter. Anna n'est pas là pour me soutenir, visiblement encore en retard. Ça ne lui ressemble pas du tout. Tant pis, je suis une grande fille, je vais surmonter tout ça. Certains étudiants me regardent, d'autres ont déjà oublié l'épisode d'hier. Tant mieux. Je ne suis qu'une parmi tant d'autres...

Je monte directement en classe, cette dernière vide pour le moment. Le sac en cuir de l'enseignant déjà sur le bureau. Je regarde par la fenêtre, le temps est brumeux.

Je sursaute, monsieur Sarte me sort de ma rêverie passagère.

— Aliénor ? Vous êtes bien en avance aujourd'hui, vous vouliez me voir seul à seul ? demande-t-il depuis son bureau.

— Non, il n'y a pas de raison particulière.

Je m'apprête à retourner dans ma torpeur, mais le professeur monte l'amphi pour me rejoindre.

— Aliénor, vous êtes une élève brillante, je vois beaucoup de potentiel en vous, dit-il avec un ton charmeur, inutile. Je ne le propose pas à tout le monde, seulement aux meilleurs... Je pourrais vous prendre... en stage, au sein de ma maison d'édition, durant les vacances de Noël.

En plus d'être instituteur à mi-temps, monsieur Sarte est directeur de sa propre maison d'édition. Je ne sais malheureusement pas quoi répondre, je suis flattée, oui, mais il reste le professeur que je déteste le plus. C'est à ce moment-là que les autres étudiants commencent à remplir les places de l'amphi.

— Euh...

Voyant que je ne prendrai pas de décision dans l'immédiat, il déclare en me faisant un clin d'œil:

Aliénor et les garçons - Romance - TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant