Chapitre 2 ✅

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La lumière est aveuglante. Je distingue à peine le lieu où je me trouve, la vue brouillée par un tissu semi-transparent. L'univers demeure flou, mais le son d'une musique parvient à mes oreilles. Des chaises, des grandes vitres, des gens, des fleurs. C'est une mairie. J'avance doucement au côté d'un homme dont je ne vois pas le visage. Nous glissons littéralement sur l'allée centrale entre les rangées. Il y a énormément de personnes en tenue de cérémonie. Je distingue ma mère, tout bien vêtue elle aussi, assise près de ma grand-mère. Ma mère semble satisfaite, étant très à l'aise dans une robe rouge pétante, un magnifique collier autour du cou, on ne voit qu'elle. Un sourire pointe sur ses lèvres. L'événement semble important. Devant "l'hôtel", j'observe le maire ? Je ne comprends pas un mot de ce qu'il dit. Je me concentre plus sur le jeune homme en costume foncé face à ce dernier. Il est blond et grand. Il se retourne. Antoine. Est-ce un cauchemar ? Puis tout se passe très vite. Christian, le père de ce dernier serre la main de ma mère, le regard devenu diabolique. Je suis mariée.

Je me redresse d'un seul coup. La pénombre inonde à présent les lieux. Je ne suis plus dans une mairie, mais dans ma chambre. Je suis en sueur. Quel cauchemar horrible ! Pourquoi la conversation avec Antoine, datant de la semaine dernière, me tourmente encore ?

J'ai d'ailleurs passé une semaine plutôt tranquille, ma mère ayant souvent été absente et je n'ai pas une seule fois entendu parler d'un soi-disant mariage. Tout va bien. Ce n'était donc qu'une idée infondée. Le cours tranquille de ma vie peut reprendre. Néanmoins, j'ai enfin obtenu la date pour rendre visite à ma grand-mère. Nous y allons demain, pour le week-end. Par contre, je ne sais toujours pas l'objet de cette visite. Ma mère n'a pas voulu m'en dire plus. Je pense que grand-mère est peut-être malade.

Devant l'université, repensant à ma nuit agitée, j'attends Anna, bien emmitouflée dans mon manteau. Elle semble en retard, n'a pas envoyé de message pour me prévenir. Ce n'est pourtant que la semaine suivante qu'elle rate les cours pour rendre visite à sa grand-mère.

La sonnerie retentit, je me dirige vers le bâtiment. Anna finira bien par arriver. Étonnamment, moi, la petite blonde qui passe toujours inaperçue, semble être l'attention de tous. Qu'est-ce qui se passe ?

Les étudiants me regardent comme si j'étais une extraterrestre. Je continue néanmoins de m'avancer vers le hall du bâtiment ou trônes de beaux casiers vernis, dont le mien. Les étudiants sont tous agglutinés près du mien. Ils ne parlent pas, attendent plutôt que je réagisse. Mais à quoi ?

Puis soudain, aussi lumineux que la lune au milieu de la nuit, j'aperçois ce qui les fait jaser. Sur mon casier noir laqué, une feuille avec une écriture rouge est affichée. J'avance prudemment et entends quelques personnes réagir dans des chuchotements pas franchement discrets.

"Aliénor Valmont, la première jeune femme à provoquer Léon"

J'arrache le papier et le lis plusieurs fois. Provoquer Léon ? Part-il de notre mini conversation au réfectoire ? Soudain, des flashs de la semaine dernière, lui m'observant et moi levant les yeux au ciel me reviennent en mémoire. S'il prend la mouche pour ça, il n'est pas rendu. Je froisse donc le papier et le jette dans une poubelle à proximité. Je dépose mon manteau dans le casier, prête à rejoindre ma salle de cours.

Là, des "Oh" de surprise transpercent les lèvres des étudiants autour de moi. Sommes-nous à l'université ou au collège ?

— Alors comme ça on balaie mon avertissement d'un revers de la main ?

Cette voix, c'est lui, c'est Léon. Je me retourne. Il est entouré de ses deux copains, le blond, Edward et le brun, Tristan. Plus personne ne parle. On se croirait dans la série Netflix Elite. Tout de suite, j'appréhende d'être véritablement confrontée à lui.

Aliénor et les garçons - Romance - TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant