Chapitre 32✅

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J'étais dans un rêve cotonneux, avant de revenir à la réalité. La laide, la froide, la terrifiante réalité.

J'ouvre grand les yeux et m'habitue à la lumière. J'observe un plafond blanc avec un néon au milieu. Je me sens en mauvaise forme, prise de nausées. Doucement je regarde plus précisément où je me trouve. Un mur de couleur bleu à ma droite, avec une porte blanche et un fauteuil contre celui-ci. Plus près, un tuyau en plastique monte jusqu'à une poche remplie d'un liquide transparent. Plus surprenante, une chaleur irradie dans ma main. Quelqu'un me tient la main et sa tête est posée sur le lit aux draps blancs immaculés.

La main qui me serre porte au poignet un foulard bleu. De l'autre côté du lit, la lumière qui entre par la fenêtre m'éblouit quelque instant. Quand mes yeux sont habitués à la lumière, je peux voir une autre main tenir ma deuxième main. Le garçon qui la tient à des cheveux blonds, il dort lui aussi.

Tout est flou dans mon esprit. Est-ce que je suis à l'hôpital ? Léon et Antoine se trouvent-ils vraiment dans la même pièce ? Tous deux me tiennent la main ? La pression dans mon crâne martèle. Beaucoup d'images se bousculent dans mon esprit à la vitesse d'une fusée.

Elisabeth me maquillant, Antoine me disant de faire attention, Calvin n'arrêtant pas de s'excuser, les flashs partout, la connasse de Sabrina avec son rouge à lèvres gluant, la porte des toilettes et Cédric me touchant les joues au-dessus de moi.

Je me relève d'un coup et tout ce que j'avais dans l'estomac se retrouve déversé sur les draps blancs. Je me mets à avoir froid et pleurer d'un seul coup. Je me souviens et c'est atroce. Léon et Antoine se réveillent aussitôt, alarmés par mes gémissements d'angoisses. Mon meilleur ami se jette sur moi, me serrant fort dans ses bras, afin de m'apaiser.

— Alie, je suis tellement désolé, sanglote-t-il.

Il pleure et son corps est complètement tremblant. Cédric a-t-il été jusqu'au bout ? Cette question me rend malade, je ne me sens pas bien. Je ne sais même pas si je préfère rester dans le déni.

— A-t-il était jusqu'au bout ? demandé-je finalement, d'une voix à peine audible au milieu de grosses larmes.

Je les regarde tour à tour. J'ai peur de la réponse. Peut-être que rester dans l'ignorance est une meilleure solution ? J'ai envie de me rendormir et de ne plus jamais me réveiller. Léon nous regarde, mais n'a pas lâché ma main droite.

— Non Alie. Mais il a été bien trop loin quand même.

Il me lâche et me prend par les épaules. Il me regarde longtemps tout en pleurant.

— Je suis tellement désolé... Tout est ma faute, j'aurais dû t'empêcher d'y aller, je le sentais. Je savais qu'il se passerait quelque chose... Ce type ne faisait que te reluquer comme...

— Tais-toi, dis-je en le coupant. Ne parle pas de lui, je ne veux plus entendre parler de lui. Il n'existe pas, rien ne s'est passé, rien ne s'est passé, rien ne s'est PASSÉ ! crié-je comme une hystérique, de plus en plus d'images me revenant en tête.

J'ai lâché la main de Léon et me secoue la tête comme une dingue. Léon et Antoine ont reculé tous les deux. Je continue de crier inlassablement que rien ne s'est passé, qu'il n'existe pas. Antoine appuie sur le bouton d'appel quelque instant après.

Une infirmière entre dans la chambre. Elle juge la scène en regardant l'état des draps, des chiffres sur une machine et pour finir, par me regarder moi. Elle insère quelque seconde après, à l'aide d'une seringue, un liquide dans le tuyau relié à la poche contenant le fluide transparent. Je me sens tout de suite un peu fatiguée. Elle me force à m'allonger et demande aux deux garçons de sortir et de me laisser tranquille.

Aliénor et les garçons - Romance - TERMINÉWhere stories live. Discover now