Chapitre 14✅

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Je rumine. Nous sommes lundi matin et j'ai ressassé les paroles de Léon au sujet d'Anna toute la nuit. Je ne peux pas croire ce qu'il a dit. Il essaye simplement de m'éloigner d'elle afin que je sois seule à affronter son harcèlement.

Je suis devant la grille de l'université, un froid de canard me glace le visage. Léon va-t-il me dézinguer sur place après notre entrevue au centre commercial ? Pourtant, il m'a donné l'impression qu'il arrêterait de me harceler si je ne tentais plus rien. Mais ai-je franchement fait quelque chose pour mériter tout cela ?

Avant de me préoccuper de cet idiot, je dois parler à Anna. Je l'aperçois et comme d'habitude depuis quelque temps, elle essaye de m'éviter encore une fois. Son comportement suspect me ferait presque croire Léon.

Elle marche vite, alors j'allonge ma foulée.

— Anna ! Pourquoi tu m'évites ?

Elle fait mine de ne rien entendre. Je la rattrape et lui agrippe le bras, sous son épais manteau.

— Oh ! Aliénor, dit-elle en ayant l'air surprise.

Tout me porte à croire qu'elle cache quelque chose. Mais j'ai tellement de mal à y croire. Anna est comme moi, c'est une personne honnête.

— Anna, pourquoi tu m'évites ?

Elle fait les gros yeux et reprend d'une mine neutre :

— Mais non enfin, pourquoi tu dis ça ?

Je fais les gros yeux à mon tour. Elle me ment.

— Mais bien sûr que si Anna. Depuis quelques semaines tu disparais, m'évites, ne me confies plus rien. Tu réponds une fois sur trois à mes textos... Qu'est-ce qu'il se passe ?

J'ai l'impression qu'elle est sur le point de pleurer. Elle ramène une mèche brune derrière son oreille.

— J'ai des problèmes moi aussi. Ma grand-mère ne va pas mieux ! ajoute-t-elle.

J'ai envie de la croire. Elle semble bouleversée. Pourtant, je me vois lui demander sans aucun tact :

— Est-ce que tu es de mèche avec Léon ?

Son corps tout entier se crispe. La couleur de son visage devient pâle. Pour moi, c'est comme si elle avait déjà avoué et ça me glace le sang.

— Hein ? Pas du tout ! Comment tu peux penser ça ? dit-elle soudain très en colère.

Merde. Me suis-je trompée ? Je m'en veux immédiatement. J'ai préféré croire cet imbécile de Léon plutôt que ma meilleure amie. Pourtant, quand je la vois regarder autour d'elle. Le doute revient en force.

— Anna, as-tu aidé Léon à mettre quelque chose dans les gâteaux que tu m'as gentiment offerts ? Oui ou non ?

Là, elle fond littéralement en larmes.

— Aliénor, s'il te plait ...

Soudain, je comprends tout. Léon doit faire pression sur elle. Elle a agi sous la menace. Quel enfoiré, se servir de mon amie pour me piéger.

— Léon te menace ?

Une fois de plus, elle zieute les environs, afin de surement s'assurer que Léon n'est pas dans le coin. Elle hoche la tête et se met à pleurer de manière incontrôlable. Au lieu de la réconforter, j'ai une réaction tout autre. Je me mets à hurler sur elle de colère.

— Bordel Anna ! J'ai perdu connaissance !

Des étudiants se retournent et nous regardent.

— Je suis désolée Aliénor ! J'ai honte de t'avoir fait ça et le reste. Mais je t'en prie, ne lui dit pas que je t'ai avoué ça, il va me tuer !

La seule chose que je retiens dans son semblant d'excuse est « le reste ». De quoi parle-t-elle ? Je sens soudain qu'une autre bombe va m'exploser sur la tête.

— Le reste ?

Elle semble surprise. Elle vient de se trahir, elle en a trop dit.

— Quoi ?

— Anna, ne fais pas l'idiote s'il te plaît !

J'essaie de rester aussi calme que possible. Elle ne me répond pas, mais sanglote de plus belle. Je n'ai jamais vu Anna ainsi. Cependant, la douleur qui l'assaille ne me fait ni chaud ni froid.

— Anna, explique-moi !

J'en suis presque à la secouer comme un prunier tellement je suis en colère et abasourdie.

— Je suis désolée, je ne voulais pas. Mais il m'a obligé... chouine-t-elle.

— Qu'est-ce que tu as fait ?

Elle renifle bruyamment avant de lâcher un long flot de paroles :

— C'est après ce que tu as subi dans le hall des casiers. Léon a commencé à menacer si je ne faisais pas en sorte de te pourrir la vie afin que tu flanches. Pourtant, malgré les différentes tentatives, tu n'as pas perdu pied. Alors il a continué de me menacer sous peine de s'en prendre à moi et de diffuser la photo humiliante de toi sur les réseaux. Pardonne-moi, j'étais coincée.

Je ne sais pas quelle doit être ma réaction. Anna était certes coincée, mais si j'ai pu tenir tête à Léon, elle aurait dû aussi faire des efforts de son côté. Alors que je rumine, elle continue son récit atroce :

— J'ai tout fait Aliénor. Je m'en veux tellement. Ça me brisait le cœur, vraiment. Je suis désolée...

Je comprends tout à présent. Son comportement, ses pleurs, ses nombreuses disparitions... Elle allait préparer le terrain, tout simplement. Elle a joué un rôle dans toute cette mascarade, voyant comment j'étais anéantie et pourtant, elle a continué jusqu'à mentir sur la santé de sa grand-mère et le pire, m'empoisonner sans scrupule avec de la nourriture.

Je la fixe, elle qui fuit mon regard. Alors sans une once de sympathie je lance :

— J'en ai assez entendu. 

📖📖📖📖

La vérité vient d'éclater... Aliénor a t-elle réagi comme il fallait ? 👀

Aliénor et les garçons - Romance - TERMINÉWhere stories live. Discover now