Chapitre 63✅

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 1 an, 68 jours, 16h30.

J'ai reçu il y a une quinzaine de jours une lettre. Mais pas n'importe quelle lettre ! Celle que j'attendais et que je n'attendais pas également. Rien qu'en voyant l'écriture de l'expéditeur, mon cœur s'est mis à saigner.

C'était lui, mon Antoine adoré ! Cette lettre marquait le début de nos retrouvailles, j'étais très heureuse et anxieuse à la fois. Je me rappelais cette douloureuse séparation à laquelle je n'avais pas été préparé le moins du monde. Avait-il changé ? Avait-il réussi à se débarrasser de ses sentiments pour moi ? Étais-je re devenu pour lui son amie ? Sa petite sœur ?

Je n'en avais aucune idée, mais s'il m'avait envoyé cette lettre c'était qu'il avait probablement réussi. Quand un an pile est passé et que je n'avais toujours pas de nouvelle de lui, j'ai pleuré toute une journée. Depuis son départ, je n'ai cessé de compter les jours. Pour moi il m'avait définitivement rayé de sa vie. Mais non finalement, puisque quelques mois après j'ai reçu cette incroyable lettre.

Aliénor, ma chère Alie,

Le temps soigne les blessures et c'est bien vrai. Si on m'avait dit cela il y a un peu plus d'un an, je n'y aurais pas cru, crois moi.

Tous les jours je me suis demandé comment tu allais. Chaque jour j'ai pensé à toi, à notre dernière entrevue. J'ai fait un choix difficile, terrible et tellement douloureux au début... Mais avec le temps, la lecture, la méditation, les rencontres... j'ai réussi à te sortir de ma tête, d'une certaine manière.

Tu étais mon idéal féminin, mon amour de jeunesse. Bien sûr, tu garderas toujours une place phare dans mon cœur, tu es ma meilleure amie après tout. J'ai tellement de choses à te raconter si tu savais !

Si tu savais comment j'ai lutté pour ne pas t'appeler à la moindre occasion... Ne pas demander de tes nouvelles à mes parents... Ne pas regarder des photos de nous, de toi. Terrible comme supplice, mais il le fallait et ça à marché. Tu as enfin la bonne place dans mon cœur. Bien entendu, j'espère que tu ne m'as pas oublié ? Je te joins une adresse et une heure de rendez-vous, si tu souhaites toujours me revoir. Je serai à la gare, quai A à 16h30, je t'attendrai.

Antoine, ton ami qui te sera toujours dévoué.

À la lecture de la lettre j'ai encore pleuré et je l'ai tout de suite montré à Léon, mon père et j'ai même appelé ma mère pour lui annoncer la bonne nouvelle. Bien sûr, elle se doutait que c'était une correspondance d'Antoine puisqu'elle avait reçu la lettre chez elle, mais j'avais besoin de faire partager ma joie, à tout le monde.

Aujourd'hui, un an et soixante-huit jours après notre séparation, où j'ai vécu un nombre incalculable de choses, mauvaises ou très bonnes, je suis dans la voiture prête à le revoir. La gare n'est qu'à quelques minutes et vous savez quoi ? Je stresse comme une folle.

Le taxi s'arrête enfin et je tremble comme une feuille. Je descends et je me retrouve entourée par une foule de gens, le vent doux du mois de mai souffle sous ma jupe fleurie, mon foulard par sur le côté et en me recoiffant, car le vent diffuse mes cheveux devant mon visage, je l'aperçois, debout au loin.

Je suis sûre qu'il m'a vu aussi, je le sens dans son regard, sa façon de se tenir immobile. Je souris de toutes mes dents sans pouvoir bouger. Il est là, en face de moi à quelques pas. Je n'arrive toujours pas à y croire, moi qui me suis si souvent imaginée ne jamais le revoir. La sensation est incroyable et ensemble nous avançons l'un vers l'autre. Pendant que j'avance, je l'observe, il est toujours aussi beau, voir plus, il est toujours lui. On se serre instinctivement dans les bras pendant de longues minutes, se serrant aussi fort que pour échapper à une tornade. Mon Dieu, comme je me sens heureuse, j'ai les larmes aux yeux.

Aliénor et les garçons - Romance - TERMINÉDonde viven las historias. Descúbrelo ahora