Chapitre 1✅

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On me bouscule sans ménagement. Un jeune homme traverse le couloir de l'université à toute berzingue. Je n'ai aucun mal à deviner où il va. D'autres suivent, se précipitent vers les escaliers pour rejoindre l'extérieur. Je jette malgré tout un coup d'œil par les immenses fenêtres du bâtiment.

Les trois gueules d'anges.

Encore et toujours. Je ne suis pas surprise, mais bien exaspérée.

Majeurs, beaux gosses, immatures, violents, et don Juan, voilà comment se caractérisent Léon, le chef de meute et ses deux louveteaux, Edward et Tristan. Une belle bande d'idiots que je ne tiens pas à côtoyer. Je n'ai pas de temps à perdre avec des personnes à problèmes. Je préfère me concentrer sur mes études commerciales et rien d'autre.

Je me dirige d'ailleurs vers le réfectoire afin de rejoindre Anna Stevens. Une de mes seules amies ici. C'est une fille simple, timide, agréable et sérieuse. Une personne de confiance.

Si j'avais pu choisir mon cursus et l'université de mon choix, clairement je n'aurais pas choisi celle-ci. La personne psychorigide qui me sert de mère a fait ce choix pour moi. Comme toujours, elle décide toujours de tout. La réputation et le niveau excellent des obtentions de diplômes ont pesé lourd dans la balance. Elle a été séduite par cette école privée. Plus c'est cher, mieux c'est. Mais pas toujours visiblement.

Dehors c'est le chaos, deux élèves se bagarrent, observés par l'immense bande de moutons habillés de vêtements de marques, en cercle autour d'eux. Edward et Tristan semblent jouer avec la foule, comme toujours. Léon est clairement le héros de la bataille, ça ne change pas.

Dans le réfectoire, je rejoins Anna à notre table, muni de mon plateau bien garni. Si les élèves sont des snobinards riches, pétant plus haut que leurs fesses, quatre-vingt- dix-neuf des professeurs restent excellents et la nourriture est divine. Il n'y a pas que du mauvais.

— J'aime bien quand ils agissent à l'heure du déjeuner. Le self demeure plus calme, exprime mon amie aux longs cheveux bruns en faisant allusion à l'altercation qui se poursuit dehors.

Je suis bien d'accord.

— C'est pas faux, mais c'est tout de même agaçant, nous ne sommes plus des gamins.

Léon passe son temps à persécuter les élèves pour rien. Il n'est pas rare qu'un règlement de compte avec violence se produise chaque mois. Étrangement, le directeur ne semble pas trouver ça aberrant. Il faut dire que les parents de ces trois-là sont les principaux donateurs de cette école. L'argent permet beaucoup de choses, en efface aussi pas mal...

— J'espère que ça ira dans deux semaines, souffle-t-elle. Tu sais, je pars rendre visite à ma grand-mère. Je compte sur toi pour me rattraper les cours et ne pas tomber entre leurs mains !

Elle dit cela en plaisantant, mais je sais qu'elle s'inquiète pour moi. Léon et sa bande font froid dans le dos.

— Oh oui c'est vrai ! La semaine sera longue sans toi, surtout entourée de tous ses snobinards de riches ! Mais si tu me rapportes une fournée de petits biscuits que confectionne ta grand-mère, je saurai te pardonner ! dis-je en plaisantant.

Je raffole des confiseries de sa mamie.

— Bien sûr ! C'était même prévu d'avance.

Déjà un an que je n'ai pas vu ma grand-mère maternelle, j'y pense subitement vu qu'Anna vient d'évoquer la sienne. À vrai dire, elle ne me manque pas. Je n'ai aucun atome crochu avec elle. Pourtant, ma mère s'obstine à ce que je l'accompagne lui rendre visite sous peu. Franchement, je n'en vois pas l'intérêt. Cette chère mamie va encore me descendre et se contenter de me détailler comme si j'apparaissais étrange. Mais comme toujours, je finirai par obéir à ma mère. Tant pis, ce n'est qu'une visite, ça ne changera pas ma vie.

Aliénor et les garçons - Romance - TERMINÉWhere stories live. Discover now