Chapitre 5✅

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C'est le jour j, celui de la soirée de nos fiançailles. La pire soirée de ma vie. Je n'arrive toujours pas à réaliser. Je me suis levée de bonne heure afin de prendre mon taxi et rentrer chez ma grand-mère. Antoine dort encore, je ne fais pas de bruit, même en utilisant son téléphone pour joindre la compagnie de taxi. Soudain, alors que j'actionne la poignée de sa chambre, il se redresse de son lit :

— Tu comptais partir comme une voleuse ?

Après un câlin et des paroles d'encouragement, je sors de sa propriété et monte dans le taxi. Le trajet me paraît trop court, je ne pense plus qu'à ça et à la réaction de mère et de ma grand-mère quand je vais arriver. Si ça se trouve, elles ne se sont rendu compte de rien.

Chez moi, après une dispute avec ma mère, il m'arrive de m'enfermer dans ma chambre, de ne pas lui répondre quand elle toque à la porte et de réapparaître comme une fleur le lendemain.

Je passe néanmoins par la fenêtre et vais me recoucher.

Je n'ai pas dû fermer l'œil longtemps, lorsque l'on toque à la porte de ma chambre, celle-ci toujours verrouillée.

— Mademoiselle, votre petit déjeuner est servi. Votre mère vous a également confectionné une fiche avec le nom des principaux invités avec qui vous devrez engager la conversation. Je vous attends en cuisine.

Elle quitte le couloir. Bon sang, une liste d'invités à retenir ? J'aurai tout vu, merci, maman ! J'enfile ma robe de chambre et je rejoins la cuisine. La liste est posée à côté de mon bol fumant. Il y a une quinzaine de noms. Je ne m'attarde pas dessus.

— Vous savez si on sera nombreux ? je demande à l'aide domestique.

Je connais la réponse, je ne sais même pas pourquoi je pose la question. Je suis néanmoins ravie de ne pas encore avoir croisé mes parentes. Comme je le pensais, personne ne semble s'être aperçu de mon absence. Je ne sais pas si je dois rire ou pleurer finalement.

— Je ne sais pas, mais pour un mariage de cette ampleur, beaucoup.

Génial. Je ne peux même pas faire un esclandre au risque de casser l'image de la boîte, de la faire couler et de passer pour une timbrée auprès du monde entier. Car je sais qu'il y aura des journalistes. Toute cette affaire ridicule va être médiatisée de long en large. Une galère de plus, dans la multitude de problèmes qui m'arrivent en même temps.

Je termine mon bol, ne touche pas aux viennoiseries et repars dans ma chambre. Le coiffeur est prévu pour quinze heures trente, le maquilleur en suivant. Génial, génial. J'ai donc la matinée pour potasser la fiche avec les noms et descriptions de ces derniers, établie par ma mère. "Gérard Durand, monsieur bedonnant au crâne chauve". Et ben...

La boite en carton contenant ma robe pour ce soir est toujours par terre. Je me décide à y jeter un coup d'œil. Je place l'étoffe devant moi, je me zieute dans le miroir. Elle est magnifique c'est certain, mais pour une autre ! Je la balance à nouveau dans la boîte.

Le début d'après-midi arrive, trop vite, après un repas léger pour paraître la plus svelte possible dans ma robe ce soir. La domestique est aux petits soins avec moi. Elle a préparé un bain avec des pétales de fleurs jusqu'à déposer la robe sur un chevalet. Mon avenir me fait face de plein fouet alors que je suis censée me détendre dans mon bain. J'applique un shampoing, un soin et même un masque. Mes cheveux n'auront jamais été aussi beaux ! J'espère toujours me réveiller, mais je sais que je me voile la face. Le plan diabolique de ma mère est en marche.

Je ne reste pas trop longtemps dans l'eau, évitant ainsi de sortir avec des doigts de sorcière. Je me sèche, enfile des sous-vêtements. J'observe ensuite la robe comme si elle était un adversaire sur un ring de boxe. Je la passe au-dessus de ma tête. Me voilà vêtue. Le reflet qu'affiche le miroir est pas mal, je rayonne, c'est clair. Je suis chic. La robe épouse mon corps et ondule sur moi comme une anguille. Je me trouve plutôt séduisante, dommage que je ne considère pas Antoine autrement que comme un frère.

Aliénor et les garçons - Romance - TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant